Pope Francis in Paul VI Room (archive)

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Quand les consacrés de Rome ont rendez-vous avec leur évêque (3/4)

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« La fête est une catégorie théologique de la vie », explique le pape François. Il répond aussi à une question concernant le rapport entre les religieux et les évêques.

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« La fête est une catégorie théologique de la vie », explique le pape François qui encourage à la fête en paroisse, en communauté. Il répond, « en tant que religieux et en tant qu’évêque » à une question concernant le rapport entre les religieux et les évêques.

Le pape a répondu d’abondance de cœur aux questions posées par quatre consacrés représentant des réalités différentes : une moniale contemplative, une laïque consacrée, un religieux engagé en paroisse, et un capucin au service des jeunes en détresse.

La troisième question a été posée par le père Gaetano Saracino, missionnaire scalabrinien, curé de la paroisse du Rédempteur, paroisse dans laquelle est née la « Fête des peuples », devenue aujourd’hui une fête diocésaine qui a lieu au mois de mai au Latran.

P. Gaetano Saracino – Comment mettre en commun et faire fructifier les dons dont sont porteurs les différents charismes dans cette Église locale si riche en talents ? Parfois, seulement la communication des différents parcours est difficile, nous sommes incapables de mettre nos forces ensemble, entre congrégations, paroisses, autres organismes pastoraux, associations et mouvements de laïcs ; c’est presque comme s’il y avait une concurrence au lieu d’un service partagé. Et puis parfois, nous autres, consacrés, nous nous avons l’impression d’être des « bouche-trous ». Comment « cheminer ensemble » ?

Pape François – J’ai été dans cette paroisse et je sais ce que fait ce prêtre révolutionnaire : il fait du bon travail ! Du bon travail ! Tu as commencé en parlant de la fête. C’est une des choses que nous, chrétiens, nous oublions : la fête. Mais la fête est une catégorie théologique, on en parle aussi dans la Bible. Quand vous rentrerez chez vous, prenez Deutéronome 26. Là, Moïse, au nom du Seigneur, dit ce que doivent faire les paysans chaque année : apporter les premiers fruits de la récolte au temple. Il dit cela : « Tu vas au temple, apporte la corbeille avec les premiers fruits pour les offrir au Seigneur en remerciement ». Et ensuite ? D’abord, fais mémoire. Et il lui fait réciter un petit credo : « Mon père était un araméen errant, Dieu l’a appelé ; nous avons été esclaves en Égypte, mais le Seigneur nous a libérés et nous a donné cette terre… » (Dt 26,5-9). D’abord, la mémoire. Deuxièmement, donne la corbeille à celui qui en est chargé. Troisièmement, remercie le Seigneur. Et quatrièmement, rentre chez toi et fais une fête. Fais une fête et invite ceux qui n’ont pas de famille, invite les esclaves, ceux qui ne sont pas libres, invite aussi ton voisin à la fête…

La fête est une catégorie théologique de la vie. Et on ne peut pas vivre la vie consacrée sans cette dimension festive. On fait une fête. Mais faire une fête, ce n’est pas la même chose que faire du vacarme, du bruit… Faire une fête c’est ce qu’il y a dans ce passage que j’ai cité. Souvenez-vous : Deutéronome 26. Il y a la fin d’une prière : c’est la joie de se souvenir de tout ce que le Seigneur a fait pour nous ; tout ce qu’il m’a donné ; y compris ce fruit pour lequel j’ai travaillé et je fais une fête. Dans les communautés, et aussi dans les paroisses comme dans ton cas, là où l’on ne fait pas de fête – quand il faudrait en faire – il manque quelque chose ! Elles sont trop rigides : « La discipline nous fera du bien ». Tout ordonné : les enfants font leur communion, très belle, on enseigne un beau catéchisme… Mais il manque quelque chose : il manque le vacarme, il manque le bruit, il manque la fête ! Il manque le cœur festif d’une communauté. La fête. Certains écrivains spirituels disent que l’Eucharistie aussi, la célébration de l’Eucharistie est une fête : oui, elle a une dimension festive dans la commémoration de la mort et de la résurrection du Seigneur. Je ne voulais pas omettre cela, parce que ce n’était pas vraiment dans ta question, mais dans ta réflexion intérieure.

Et puis tu parles de la concurrence entre telle paroisse et telle autre, telle congrégation et telle autre… Une des choses les plus difficile pour un évêque, c’est de faire l’harmonie dans son diocèse ! Et tu dis : « Mais pour l’évêque, les religieux sont-ils des bouche-trous ? » Quelquefois, c’est possible… Mais je te pose une autre question : Quand on te fera évêque, par exemple – mets-toi à la place de l’évêque – tu as une paroisse, avec un bon curé qui est un religieux ; trois ans après, le provincial vient te dire : « Celui-ci, je le change et je t’en envoie un autre ». Les évêques aussi souffrent de cette attitude. Bien souvent – pas toujours, parce qu’il y a des religieux qui entrent en dialogue avec l’évêque – nous devons faire notre part. « Nous avons eu un chapitre et le chapitre a décidé cela… »Il y a beaucoup de religieuses et de religieux qui passent leur vie, si ce n’est pas dans des chapitres, c’est dans des versets… Mais ils la passent toujours comme cela ! Je prends la liberté de parler comme cela parce que je suis évêque et je suis religieux. Et je comprends les deux parties, et je comprends les problèmes. C’est vrai : l’unité entre les différentes charismes, l’unité du presbytère, l’unité avec l’évêque… et ce n’est pas facile à trouver : chacun tire dans son intérêt, je ne dis pas toujours, mais il y a cette tendance, elle est humaine… Et il y a un peu de péché derrière, mais c’est comme cela.

C’est pourquoi l’Église, en ce moment, pense à offrir un vieux document, à le remettre en vigueur, sur les relations entre le religieux et l’évêque. Le synode de 94 avait demander de le réviser, le « Mutuae relationes » (14 mai 1978). Beaucoup d’années ont passé et cela n’a pas été fait. La relation des religieux avec l’évêque, avec le diocèse et avec les prêtres non religieux n’est pas facile. Mais il faut s’engager pour le travail commun. Dans les préfectures, comment travaille-t-on sur le plan pastoral dans ce quartier, tous ensemble ? C’est comme cela qu’on fait l’Église. L’évêque ne doit pas utiliser les religieux comme bouche-trous, mais les religieux ne doivent pas utiliser l’évêque comme s’il était le patron d’une entreprise qui donne un travail. Je ne sais pas… Mais la fête, je veux retourner à la chose principale : quand il y a une communauté, sans trop d’intérêts propres, il y a toujours un esprit de fête. J’ai vu ta paroisse et c’est vrai. Tu sais faire cela ! Merci.

© Traduction de Zenit

 

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ZENIT Staff

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