Quand le monologue politique fait irruption dans le dialogue interreligieux

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« Dialogue et monologue », par Michel Remaud

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ROME, Mardi 12 mai 2009 (ZENIT.org) – Il arrive, dans ce bouillant Moyen Orient que « le monologue politique » fasse irruption dans « le dialogue interreligieux », fait observer le P. Remaud, à propos de « l’incident » dont a parlé le P. Federico Lombardi dans un communiqué (cf. Zenit du 11 mai 2009).

Le P. Lombardi a déploré une « négation du dialogue » dans l’intervention, non prévue du cheikh Tayssir Attamimi, qui a tenu des propos anti-israéliens lors de la rencontre des responsables religieux.

Dans « Un Echo d’Israël », le P. Michel Remaud, directeur de l’Institut Albert Decourtray, « Institut chrétien d’études juives et de littérature hébraïque », à Jérusalem, et présent mardi soir, dans l’auditorium du centre Notre-Dame de Jérusalem, pour la rencontre interreligieuse autour de Benoît XVI, raconte.

« Dialogue et monologue »

Tout avait bien commencé à l’Institut Notre-Dame de Jérusalem en cette fin d’après-midi du 11 mai, premier jour de la visite de Benoît XVI en Israël. Une heure avant l’arrivée du pape, les jeunes élèves de l’école de musique Magnificat avaient offert aux quelques centaines d’invités un concert de piano, de flûte et de violon. À l’heure prévue, prenaient place sur la tribune autour du pape le cardinal Bertone, secrétaire d’État, le patriarche latin Fouad Twal, le grand rabbin Shear Yashuv Cohen, le cheikh al-Tamimi, un représentant de l’Église anglicane et le secrétaire du pape.

Après les paroles de bienvenue du patriarche Twal, le pape se rendait au pupitre pour lire son discours sur le dialogue interreligieux, auquel répondait l’allocution de l’ecclésiastique anglican. Selon le programme, la soirée était terminée. C’est alors que le cheikh se levait pour se rendre au pupitre. Le patriarche se rendait aussitôt à l’autre pupitre, à droite de l’estrade, et l’on put croire à un moment à une tentative de traduction simultanée, mais le cheikh enchaînait son discours sans interruption. Le murmure qui allait grandissant dans la salle ne le dissuadait pas de poursuivre, mais l’incitait au contraire à hausser le ton. Même les tentatives du patriarche, qui se rendait auprès de lui pour lui demander de conclure, restaient sans effet. Après quoi, le cheikh allait serrer la main de Benoît XVI, qui, comme la plus grande partie des assistants, n’avait rien compris de ce qui avait été dit. Le pape et sa suite quittaient les lieux.

À la sortie, les arabisants, généralement embarrassés, expliquaient que le cheikh s’était livré à une violente diatribe politique contre Israël, dénonçant les destructions de maisons, l’oppression d’un peuple, les implantations, la destruction des lieux saints de l’Islam, les assassinats d’enfants, de femmes et de vieillards, la guerre de Gaza… Bref, disait un de ces interprètes bénévoles, un bon sermon du vendredi à la mosquée.

Les organisateurs avaient voulu éviter à tout prix l’incident qui, neuf ans plus tôt au même endroit, s’était produit à peu près dans les mêmes conditions. Il avait donc été convenu que ni le rabbin, ni le cheikh ne prendraient la parole et l’un et l’autre avaient accepté cette condition. Peine perdue : le cheikh s’était quand même emparé du micro, le monologue politique avait éclipsé le dialogue interreligieux, et le cheikh avait ravi la vedette au pape.

Michel Remaud

© Un Echo d’Israël

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ZENIT Staff

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