Ps 147: Deux "actions glorieuses" de Dieu, et "deux révélations"

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« Jérusalem reconstruite »

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CITE DU VATICAN, Mercredi 12 juin 2002 (ZENIT.org) – « Jérusalem reconstruite », c´est le titre donné par L´Osservatore Romano en français (vatican.va) du 11 juin au commentaire du Ps 147 par Jean-Paul II au cours de l´Audience générale du 5 juin.

« De même que l´on trouve deux actions glorieuses de Dieu dans la création et dans l´histoire, il existe deux révélations: l´une est inscrite dans la nature elle-même et ouverte à tous, l´autre est donnée au peuple élu, qui devra en témoigner et la communiquer à l´humanité tout entière, et est contenue dans l´Ecriture Sainte », explique le pape.

Lecture: Ps 147, 12-15.19-20

1. Le Lauda Jerusalem, qui vient d´être proclamé, est cher à la liturgie chrétienne. Cette dernière a souvent entonné le Psaume 147 en le rapportant à la Parole de Dieu, qui « court rapidement » sur la face de la terre, mais également à l´Eucharistie, véritable « fleur du froment » donnée par Dieu pour « rassasier » la faim de l´homme (cf. vv. 14-15).

Origène, dans l´une de ses homélies, traduites et diffusées en Occident par saint Jérôme, mêlait précisément la Parole de Dieu et l´Eucharistie, en commentant ce Psaume: « Nous lisons les Ecritures Saintes. Je pense que l´Evangile est le Corps du Christ; je pense que les Ecritures Saintes sont son enseignement. Et lorsqu´il dit: Si vous ne mangez la chair du Fils de l´homme et ne buvez son sang (Jn 6, 53), bien que ces paroles puissent être comprises également à propos du Mystère [eucharistique], le corps du Christ et son sang sont toutefois véritablement la parole de l´Ecriture, l´enseignement de Dieu. Lorsque nous approchons le Mystère [eucharistique], s´il en tombe une miette, nous nous sentons perdus. Et lorsque nous écoutons la Parole de Dieu, et qu´on nous verse dans les oreilles la Parole de Dieu et la chair du Christ et son sang, si nous pensons à autre chose vers quel grand danger ne nous dirigeons-nous pas? » (74 Homélies sur le Livre des Psaumes, Milan 1993, pp. 543-544).

Les chercheurs font remarquer que ce Psaume doit être relié au précédent, de façon à constituer une composition unique, comme cela est précisément le cas dans l´original hébreu. On a, en effet, un seul cantique cohérent en l´honneur de la création et de la rédemption accomplies par le Seigneur. Il s´ouvre par un appel joyeux à la louange: « Louez Yahvé – il est bon de chanter, notre Dieu – douce est la louange » (Ps 146, 1).

2. Si nous fixons notre attention sur le passage que nous venons d´entendre, nous pouvons identifier trois moments de louange, introduits par une invitation adressée à la ville sainte, Jérusalem, afin qu´elle glorifie et loue son Seigneur (cf. Ps 147, 12).

Dans le premier moment (cf. vv. 13-14), l´action historique de Dieu entre en scène. Elle est décrite à travers une série de symboles qui représentent l´oeuvre de protection et de soutien accomplie par le Seigneur à l´égard de la ville de Sion et de ses fils. On fait tout d´abord référence aux « barres » qui renforcent les portes de Jérusalem et les rendent inviolables. Le Psalmiste fait peut-être allusion à Néhémie qui fortifia la ville sainte, reconstruite après l´amère expérience de l´exil babylonien (cf. Ne 3, 3.6.13-15; 4, 1-9; 6, 15-16; 12, 27-43). La porte constitue, entre autres, un signe pour indiquer toute la ville dans sa globalité et sa tranquillité. A l´intérieur de celle-ci, représentés comme dans un sein maternel protecteur, les fils de Sion, c´est-à-dire les paysans, jouissent de la paix et de la sérénité, enveloppés par le manteau protecteur de la bénédiction divine.

L´image de la ville joyeuse et tranquille est exaltée par le don très haut et précieux de la paix qui rend les frontières sûres. Mais précisément parce que, pour la Bible, la paix-shalôm n´est pas un concept négatif, évocateur de l´absence de guerre, mais une donnée positive de bien-être et de prospérité, voilà que le Psalmiste introduit la satiété avec la « fleur de froment », c´est-à-dire avec le blé excellent, avec les épis chargés de grains. Le Seigneur a donc renforcé les défenses de Jérusalem (cf. Ps 87, 2), il y a fait descendre sa bénédiction (cf. Ps 128, 5; 134, 3), en l´étendant à tout le pays, il a donné la paix (cf. Ps 122, 6-8), il a rassasié ses fils (cf. Ps 132, 15).

3. Dans la deuxième partie du Psaume (cf. Ps 147, 15-18), Dieu se présente surtout comme le créateur. A deux reprises, en effet, l´oeuvre créatrice est reliée à la parole qui avait marqué l´apparition de l´être: « Dieu dit: « Que la lumière soit! » et la lumière fut… Il envoie son verbe sur terre… Il envoie son verbe » (cf. Gn 1, 3; Ps 147, 15.18).

A l´enseigne de la Parole divine, voilà l´apparition et l´établissement des deux saisons fondamentales. D´un côté, l´ordre du Seigneur fait descendre l´hiver sur terre, représenté de façon pittoresque par la neige blanche comme de la laine, par le givre semblable à la cendre, par la grêle comparée à des morceaux de pain et par le gel qui bloque tout (cf. vv. 16-17). De l´autre côté, c´est encore un ordre divin qui fait souffler le vent chaud qui apporte l´été et qui fait fondre la glace: les eaux des pluies et des torrents peuvent ainsi librement s´écouler pour irriguer la terre et la féconder.

La Parole de Dieu est donc à l´origine du froid et de la chaleur, du cycle des saisons et du flux de la vie dans la nature. L´humanité est invitée à reconnaître et à remercier le Créateur pour le don fondamental de l´univers, qui l´entoure, la fait respirer, l´alimente et la soutient.

4. On arrive alors au troisième et dernier moment de notre hymne de louange (cf. vv. 19.20). On revient au Seigneur de l´histoire, dont on était parti. La Parole divine apporte à Israël un don encore plus élevé et plus précieux, celui de la Loi, de la Révélation. Un don spécifique: « Pas un peuple qu´il ait ainsi traité, pas un qui ait connu ses jugements » (v. 20).

La Bible est donc le trésor du peuple élu, auquel on doit puiser avec amour et une adhésion fidèle. C´est ce que Moïse dit aux Hébreux dans le Deutéronome: « Et quelle est la grande nation dont les lois et coutumes soient aussi justes que toute cette Loi que je vous prescris aujourd´hui? » (Dt 4, 8).

5. De même que l´on trouve deux actions glorieuses de Dieu dans la création et dans l´histoire, il existe deux révélations: l´une est inscrite dans la nature elle-même et ouverte à tous, l´autre est donnée au peuple élu, qui devra en témoigner et la communiquer à l´humanité tout entière, et est contenue dans l´Ecriture Sainte. Deux révélations distinctes, mais Dieu est unique et sa Parole est unique. Tout a été fait au moyen de la Parole – dira le Prologue de l´Evangile de Jean – et sans elle, rien de ce qui existe n´a été fait. Cependant, la Parole s´est également faite « chair », c´est-à-dire qu´elle est entrée dans l´histoire, et a planté sa tente parmi nous (cf. Jn 1, 3.14).

© L´Osservatore Romano

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ZENIT Staff

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