Ps 116: La vocation d´Israël de proclamer les deux grandes vertus divines

Print Friendly, PDF & Email

Catéchèse liturgique du 28 novembre

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, Mardi 4 décembre 2001 (ZENIT.org) – « Israël, le peuple de l´élection, possède une mission à accomplir dans l´horizon universel. Il doit proclamer deux grandes vertus divines, dont il a fait l´expérience en vivant l´alliance avec le Seigneur (cf. v. 2). Ces deux vertus, qui sont comme les traits fondamentaux du visage divin, le « bon binôme » de Dieu, pour le dire avec les termes de saint Grégoire de Nysse (cf. Sur les titres des Psaumes, Rome 1994, p. 183), sont exprimées par autant de termes hébreux qui, dans les traductions, ne réussissent pas à briller avec toute la richesse de leur signification », ce sont la « hesed » et la « emet » dont parle le psaume 116 (le plus court du psautier, avec deux versets) que Jean-Paul II commentait en ces termes mercredi dernier, 28 novembre.

Voici la traduction de l´allocution de Jean-Paul II en italien proposée par L´Osservatore romano en langue française du 4 décembre 2001.

– Catéchèse sur le psaume 116 –

1. Il s´agit du Psaume le plus court de tous, qui n´est composé, dans l´original hébreu, que de dix-sept mots, dont neuf sont particulièrement importants. C´est une petite doxologie, c´est-à-dire un chant de louange essentiel, qui pourrait idéalement servir de sceau à des prières sous forme d´hymnes plus amples. C´est ce qui s´est parfois produit dans la liturgie, un peu comme pour le Gloria Patri, que nous plaçons à la fin de la récitation de chaque Psaume.

En réalité, ces quelques paroles de prière se révèlent significatives et profondes pour exalter l´alliance entre le Seigneur et son peuple, au sein d´une perspective universelle.

C´est dans cette optique que le premier verset du Psaume est repris par l´Apôtre Paul, pour inviter tous les peuples du monde à glorifier Dieu. En effet, il écrit aux chrétiens de Rome: « Et les nations glorifient Dieu pour sa miséricorde, selon le mot de l´Ecriture: [….] Toutes les nations, louez le Seigneur, et que tous les peuples le célèbrent » (Rm 15, 9.11).

2. La brève hymne que nous méditons s´ouvre donc, comme il arrive souvent à ce genre de Psaume, par une invitation à la louange, qui n´est pas seulement adressée à Israël, mais à tous les peuples de la terre. Un alleluia doit s´élever du coeur de tous les justes qui cherchent et qui aiment Dieu d´un coeur sincère. Encore une fois, le Psautier reflète une vision qui possède un vaste souffle, qui a probablement sa source dans l´expérience vécue par Israël au cours de l´exil à Babylone au VI siècle av. J.C.: le peuple juif rencontra alors d´autres nations et cultures et il sentit le besoin d´annoncer sa propre foi à ceux parmi lesquels il vivait. Dans le Psautier apparaît la conscience que le bien fleurit dans de nombreux terrains et qu´il peut presque être orienté et offert à l´unique Seigneur et Créateur.

Nous pourrions donc presque parler d´un « oecuménisme » de la prière, qui rassemble dans une seule étreinte des peuples différents en raison de leur origine, de leur histoire et de leur culture. Nous nous trouvons dans le sillage de la grande « vision » d´Isaïe qui décrit « dans la suite des temps » l´affluence de toute les nations vers « la montagne de la maison de Yahvé ». Les épées et les lances tomberont alors des mains; et elles seront même forgées en socs et en serpes, afin que l´humanité vive en paix, en chantant sa louange à l´unique Seigneur de tous, en écoutant sa parole et en observant sa loi (cf. Is 2, 1-5).

3. Israël, le peuple de l´élection, possède une mission à accomplir dans cet horizon universel. Il doit proclamer deux grandes vertus divines, dont il a fait l´expérience en vivant l´alliance avec le Seigneur (cf. v. 2). Ces deux vertus, qui sont comme les traits fondamentaux du visage divin, le « bon binôme » de Dieu, pour le dire avec les termes de saint Grégoire de Nysse (cf. Sur les titres des Psaumes, Rome 1994, p. 183), sont exprimées par autant de termes hébreux qui, dans les traductions, ne réussissent pas à briller avec toute la richesse de leur signification.

Le premier est hésed, un terme fréquemment utilisé par le Psautier et sur lequel je me suis déjà arrêté à une autre occasion. Il désire indiquer la trame des sentiments profonds qui existent entre deux personnes, liées par un lien authentique et permanent. Il comprend donc des valeurs telles que l´amour, la fidélité, la miséricorde, la bonté, la tendresse. Entre nous et Dieu, il existe donc une relation qui n´est pas froide, comme celle qui existe entre un empereur et son sujet, mais vivante, comme celle qui se développe entre deux amis, entre deux époux, entre les parents et les enfants.

4. Le second terme est ´emét et il s´agit presque d´un synonyme du premier. Il est lui aussi cher au Psautier, qui le répète presque la moitié de toutes les autres fois où il apparaît dans l´Ancien Testament.

Le terme exprime en lui-même la « vérité », c´est-à-dire l´authenticité d´un rapport, sa loyauté, qui est conservée malgré les obstacles et les épreuves; c´est la fidélité pure et joyeuse qui ne connaît pas de faille. Ce n´est pas pour rien que le Psalmiste déclare: « Pour toujours sa vérité » (v. 2). L´amour fidèle de Dieu ne fera jamais défaut et il ne nous abandonnera pas à nous-mêmes ou à l´obscurité du non-sens, d´un destin aveugle, du vide et de la mort.

Dieu nous aime d´un amour inconditionnel, qui ne connaît pas de lassitude, qui ne s´éteint jamais. Tel est le message de notre Psaume, presque court comme une jaculatoire, mais intense comme un grand cantique.

5. Les paroles qu´il nous propose sont comme un écho du cantique qui retentit dans la Jérusalem céleste, où une foule immense de toute langue, peuple et nation, chante la gloire divine devant le trône de Dieu et devant l´Agneau (cf. Ap 7, 9). L´Eglise en pèlerinage s´unit à ce cantique avec d´infinies expressions de louange, souvent forgées par le génie poétique et l´art musical. Nous pensons – pour donner un exemple – au Te Deum, que des générations de chrétiens ont utilisé au cours des siècles pour louer et rendre grâce: « Te Deum laudamus, te Dominum confitemur, te aeternum Patrem omnis terra veneratur ». Pour sa part, le petit Psaume sur lequel nous méditons aujourd´hui est une synthèse efficace de la liturgie de louange éternelle avec laquelle l´Eglise élève sa voix dans le monde, s´unissant à la louange parfaite que le Christ lui-même adresse au Père.

Louons donc le Seigneur! Louons-le sans nous lasser. Mais que notre louange soit exprimée à travers notre vie, avant d´être exprimée par des paroles. Nous serions bien peu crédibles si, avec notre Psaume, nous invitions les peuples à rendre gloire au Seigneur et que nous ne prenions pas au sérieux l´avertissement de Jésus: « Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu´ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16). En chantant le Psaume 116, comme tous les Psaumes en l´honneur du Seigneur, l´Eglise, Peuple de Dieu, s´efforce de devenir elle-même un cantique de louange.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel