Protection de l’environnement : Benoît XVI souhaite un accord international

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Discours du pape au Corps diplomatique (3)

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ROME, Lundi 11 janvier 2010 (ZENIT.org) – « La négation de Dieu défigure la liberté de la personne humaine, mais dévaste aussi la création », fait observer le pape aux diplomates du monde entier. Il souhaite un accord international en 2010 sur la protection de l’environnement, en appelle à « la solidarité internationale » face aux catastrophes naturelles, à la « sécurité alimentaire » et à « libérer la planète des armes nucléaires ». 

Benoît XVI a reçu ce matin au Vatican les membres du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, pour le traditionnel échange de vœux du début de l’année civile.  

Crise économique et menaces contre la création

Benoît XVI désigne dans « l’égoïsme » la racine des crises – économique et environnementale – et dans le retour à l’éthique, l’espoir de solutions : « L’Eglise (…) participe intensément au sort de l’humanité qui, en cette année à peine commencée, apparaît encore marquée par la crise dramatique qui a frappé l’économie mondiale, provoquant une instabilité sociale grave et diffuse. Dans l’encyclique ‘Caritas in veritate’, j’ai invité à rechercher les racines profondes de cette situation : en dernière analyse, elles résident dans une mentalité courante égoïste et matérialiste, oublieuse des limites inhérentes à toute créature. Cette même mentalité menace également la création », fait observer le pape.  

La chute du Mur

Le pape a choisi un exemple européen : « Il y a vingt ans, quand tomba le mur de Berlin et quand s’écroulèrent les régimes matérialistes et athées qui avaient dominé pendant plusieurs décennies une partie de ce continent, n’a-t-on pas pu prendre la mesure des profondes blessures qu’un système économique privé de références fondées sur la vérité de l’homme avait infligé non seulement à la dignité et à la liberté des personnes et des peuples, mais aussi à la nature, avec la pollution du sol, des eaux et de l’air ? La négation de Dieu défigure la liberté de la personne humaine, mais dévaste aussi la création. Il s’ensuit que la sauvegarde de la création ne répond pas principalement à une exigence esthétique, mais bien davantage à une exigence morale, car la nature exprime un dessein d’amour et de vérité qui nous précède et qui vient de Dieu ». 

Benoît XVI prends cette question de l’environnement, auquel il a consacré son Message du 1er janvier, très au sérieux et demande un accord international : « Je partage la préoccupation majeure que causent les résistances d’ordre économique et politique à la lutte contre la dégradation de l’environnement. Il s’agit de difficultés qui ont pu être constatées encore dernièrement, lors de la XVème session de la Conférence des Etats parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui s’est tenue à Copenhague du 7 au 18 décembre dernier. Je souhaite que dans le courant de cette année, d’abord à Bonn, et puis à Mexico, il soit possible de parvenir à un accord pour affronter cette question de façon efficace ».  

Le pape cite le grave danger encouru par « certaines nations, en particulier certains Etats insulaires ». 

Protection de la vie et sécurité  alimentaire

Le pape demande aussi que la question environnementale s’inscrive dans « l’ensemble des grands défis qui se posent à l’humanité » : la paix, la défense de la vie humaine notamment. « Si l’on veut construire une vraie paix, comment serait-il possible de séparer, ou même d’opposer, la protection de l’environnement et celle de la vie humaine, y compris la vie avant la naissance ? C’est dans le respect que la personne humaine a d’elle-même que se manifeste son sens de la responsabilité pour la création », affirme le pape. 

Benoît XVI en appelle pour cela à  la « sécurité alimentaire », en émettant ce vœu : « Pourvu que l’égoïsme ne conduise pas à l’accaparement par quelques-uns des biens destinés à tous ! » 

Car pour le pape, « la sauvegarde de la création implique une gestion correcte des ressources naturelles des pays et, en premier lieu, de ceux qui sont économiquement défavorisés ».  

Il cite le continent africain et son voyage au Cameroun et en Angola, ainsi que les travaux de l’assemblée spéciale du synode des évêques, préoccupée par « l’érosion et la désertification de grandes étendues de terre cultivable, à cause de la surexploitation et de la pollution de l’environnement » (cf. Proposition 22).  

La drogue et le nucléaire

Le pape invite donc « à des choix politiques et économiques qui assurent des formes de production agricole et industrielle respectueuses de l’ordre de la création et satisfaisantes pour les besoins essentiels de tous » (Message pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix 2010, n.10). 

Toujours à propos de la paix et de l’environnement et de la répartition des richesses, le pape rappelle que « la lutte pour l’accès aux ressources naturelles est l’une des causes de plusieurs conflits, entre autres en Afrique, ainsi que la source d’un risque permanent dans d’autres cas ». Il répète sans se lasser : « Pour cultiver la paix, il faut protéger la création ! »  

Benoît XVI déplore aussi la culture de la drogue sur de grandes étendues, citant l’Afghanistan et « certains pays de l’Amérique latine », « où elle constitue une source non négligeable d’emploi et de subsistance ».  

Pour la préservation de la création, il demande « la reconversion de telles activités » et à la communauté internationale, il demande de « ne pas se résigner au trafic de la drogue et aux graves problèmes moraux et sociaux que celle-ci engendre ». 

Mais surtout le pape désigne l’un des « plus graves » défis : « Celui de l’augmentation des dépenses militaires ainsi que du maintien et du développement des arsenaux nucléaires ». 

Il déplore les « énormes ressources économiques » qui sont ainsi « absorbées », tandis qu’elles « pourraient être destinées au développement des peuples, surtout des plus pauvres ». 

Le pape espère que la « Conférence d’examen du Traité de non prolifération des armes nucléaires, – de mai 2010, à New York – prendra « des décisions efficaces en vue d’un désarmement progressif, visant à libérer la planète des armes nucléaires ».  

Le pape dénonce le commerce des armes comme alimentant les conflits : Darfour, Somalie, République démocratique du Congo. Il fustige « l’incapacité » des uns à « s’extraire de la spirale de violence et de douleur engendrée par ces conflits », « l’apparente impuissance des autres pays et des Organisations internationales à ramener la paix », et « l’indifférence quasi résignée de l’opinion publique mondiale ». Autant de conflits qui « endommagent et dégradent l’environnement ».  

Le pape n’a pas manqué de dénoncer aussi le terrorisme, « qui met en danger tant de vies innocentes et provoque une anxiété diffuse ».  

Benoît XVI en appelle à « la solidarité internationale » pour ce qui est des catastrophes naturelles, « qui, durant l’année passée, ont semé morts, souffrances et destructions aux Philippines, au Vietnam, au Laos, au Cambodge et dans l’Ile de Taiwan », et notamment les tremblements de terre « dévastateurs » qui ont frappé l’Indonésie et, en Italie, la région des Abruzzes. 

Il appelle de ses vœux « une généreuse assistance » dans ces circonstances, car « la vie même des créatures de Dieu est en jeu ».  

« Mais la sauvegarde de la création, en plus d
e la solidarité, a besoin aussi de la concorde et de la stabilité des Etats », a fait observer le pape.  

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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