Programme chargé pour Benoît XVI dans les prochains mois

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La Grande Bretagne, la Sicile, le synode pour le Moyen Orient, l’Espagne

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ROME, Vendredi 27 août 2010 (ZENIT.org) – « Plusieurs évènements historiques et mémorables attendent le Saint-Père après la pause estivale, alors que la Ville Eternelle reprend vie », constate le journaliste britannique Edward Pentin dans cette analyse du programme de Benoît XVI pour les prochains mois : le voyage en Grande-Bretagne, en Sicile, le Synode pour le Moyen Orient, le voyage en Espagne.

Benoît XVI séjournera dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo au moins jusqu’à la fin du mois de septembre, mais avant son retour à Rome, il a trois engagements importants à honorer.

Le plus significatif sera la visite tant attendue en Grande-Bretagne du 16 au 19 septembre, au cours de laquelle le pape se rendra en Ecosse et en Angleterre et béatifiera le cardinal John Henry Newman. Même s’il s’agit d’une visite d’Etat, le voyage apostolique revêtira également un caractère pastoral et aura comme objectif d’encourager l’Eglise locale et de toucher une société jadis chrétienne, mais qui maintenant se sécularise de plus en plus.

Mais auparavant, le 5 septembre, Benoît XVI passera une matinée à Carpineto Romano, le village natal de Vincenzo Gioacchino Raffaele Luigi Pecci, le futur pape Léon XIII. Le pape se rendra en hélicoptère dans la petite localité, située à une cinquantaine de kilomètres de Rome, pour marquer le bicentenaire de la naissance du pape Léon et célébrer la messe sur la place publique.

Léon XIII est mort le 20 juillet 1903 à 93 ans, ce qui fait de lui le pape le plus âgé de l’histoire. Mais il est surtout connu pour être l’auteur de la plus grande encyclique sociale de l’Eglise, « Rerum Novarum ». Lui aussi essaya de toucher le monde scientifique, fonda des centres d’études théologiques et bibliques, et ouvrit les archives du Vatican aux chercheurs croyants et non-croyants. Il a été aussi le premier pape à promouvoir le dialogue œcuménique.

Une semaine avant de partir pour Carpineto Romano, Benoît XVI sera fidèle à sa tradition du « Radzinger Schülerkreis », le séminaire estival annuel qui se tient à Castel Gandolfo. Cette réunion de son groupe d’anciens élèves, instituée alors qu’il était encore professeur de théologie à Ratisbonne (Allemagne), aura lieu du 27 au 29 août. Cette année, le thème portera sur « L’herméneutique de Vatican II ».

Un élément clé dans les discussions sera le discours que Benoît XVI a adressé à la Curie romaine en décembre 2005, dans lequel il soulignait que les textes du Concile n’indiquaient pas une « herméneutique de la discontinuité et de la rupture » mais plutôt une « herméneutique de la réforme, du renouvellement dans la continuité ». La première interprétation, disait-il, « a provoqué la confusion », la deuxième « silencieusement mais toujours plus visiblement, a porté des fruits et continue de porter des fruits ».

La discussion théologique sur ce thème avec le pape aura lieu toute la journée du 28 août, et cette année Mgr Kurt Koch, nouveau président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens y participera, bien qu’il ne soit pas un ancien élève de Ratisbonne. Parmi les anciens étudiants de Benoît XVI figureront le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne (Autriche), et Mgr Hans-Jochen Jaschke, évêque auxiliaire de Hambourg (Allemagne). La Fraternité Saint-Pie X est particulièrement intéressée par ces discussions. Celle-ci s’est séparée de l’Eglise après Vatican II et a entamé des entretiens avec le Vatican en vue d’une éventuelle réconciliation avec Rome (la Fraternité déplore qu’aucune des personnes engagées dans ces entretiens ne fera partie du « Schülerkreis » de cette année).

Mgr Koch prend les rênes de la présidence du Conseil pontifical en septembre, rejoignant d’autres nouveaux venus à la curie romaine, dont le cardinal Marc Ouellet, nouveau préfet de la Congrégation pour les évêques. Mgr Rino Fisichella, ancien recteur de l’université pontificale du Latran, prendra également ses fonctions au Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, institué par Benoît XVI.

Le premier engagement important du Saint-Père après son retour à Rome sera le 3 octobre, quand il visitera la capitale sicilienne, Palerme. Il y célèbrera une messe en plein air et s’adressera aux familles et aux jeunes – deux domaines de grande préoccupation pour la conférence des évêques de Sicile. Au cours d’une conférence de presse récente, Mgr Paolo Romeo de Palerme a déclaré : « Nous voulons présenter au Saint-Père et au monde entier le vrai visage de la Sicile, qui ne se réduit pas à celui de la question urgente des poubelles, à la Mafia et aux problèmes sociaux, mais est celui d’une histoire marquée par ses saints ». Jean-Paul II a visité l’île italienne en 1982 et 1995.

Une semaine plus tard, Benoît XVI ouvrira l’assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du synode des évêques, qui se déroulera du 10 au 24 octobre. Le thème de l’Assemblée sera « communion et témoignage » dans cette région minée par les conflits, où le nombre de chrétiens diminue de jour en jour. Quand il était à Chypre en juin pour présenter le document de travail (‘Instrumentum laboris) pour cette assemblée de trois semaines, Benoît XVI a déclaré aux participants que ce sera l’occasion de « souligner la valeur importante de la présence et du témoignage des chrétiens dans les pays de la Bible, pas seulement pour la communauté chrétienne dans le monde entier, mais également pour vos voisins et vos concitoyens ».

Le synode rassemblera des experts du Moyen-Orient venus du monde entier, notamment les cardinaux Nasrallah Sfeir, patriarche maronite du Liban, Emmanuel Delly, patriarche chaldéen de Bagdad, et Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales. Même si Jean-Paul II a réuni un synode pour le Liban en 1995, ce sera la première fois que l’Eglise catholique consacre une telle assemblée synodale pour toute la région.

Le mois suivant, le Saint-Père effectuera son cinquième déplacement de l’année hors d’Italie: un voyage de deux jours en Espagne. Le 6 novembre, il s’envolera pour Saint-Jacques de Compostelle, la plus importante destination de pèlerinage du Moyen-Age, de plus en plus populaire aujourd’hui parmi les croyants et les non-croyants. C’est là que, selon la tradition, les restes de l’apôtre Jacques le Majeur sont enterrés, et le voyage du pape coïncide avec l’Année Sainte, célébrée chaque fois que la fête de saint Jacques, le 25 juillet, tombe un dimanche.

Le lendemain, le pape fera étape également à Barcelone, où il consacrera la célèbre église de la ville, dite de la Sainte-Famille (La Sagrada Familia), chef-d’œuvre inachevé du fervent architecte catalan Antoni Gaudí, et lui confèrera solennellement le titre de basilique. Le Saint-Père dînera également avec les évêques et visitera une fondation pour les personnes handicapées avant de rentrer à Rome dans la soirée.

Le gouvernement espagnol est l’un des plus sécularisés d’Europe, et depuis son arrivée au pouvoir en 2004, il a approuvé une série de lois en opposition directe avec l’enseignement de l’Eglise catholique. Comme pour montrer sa préoccupation, ce sera le deuxième voyage de Benoît XVI en Espagne : il s’est rendu une première fois dans le pays, à Valence, à l’occasion de la Journée mondiale des familles, et il y retournera en août de l’année prochaine pour les JMJ de Madrid.

Tels sont les faits les plus marquants pour Benoît XVI et le Vatican qui figurent au programme de cet automne, mais nul doute que d’autres trouveront également place dans le calendrier du pape et du Vatican. Un de ces évènements pourrait être le troisième consistoire de Benoît XVI, même si pour la plupart des observateurs du Vatican, il se tiendrait probablement l’année prochaine
.

Actuellement, 107 cardinaux ont moins de 80 ans et sont donc éligibles pour voter au prochain conclave, 13 sont en deçà de la limite des cardinaux électeurs fixée à 120 par Paul VI. Mais au début de 2011, il y aura au moins 19 postes de cardinaux électeurs vacants. Même si près de trois ans ont passé depuis le dernier consistoire, le délai est dans les normes (Jean-Paul II a convoqué un consistoire en moyenne tous les trois ans).

Dans la liste des candidats susceptibles de recevoir le chapeau rouge figurent Mgr Raymond Burke, préfet de la Signature apostolique, Mgr Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, Mgr Timothy Dolan de New York, Mgr Malcolm Ranjith de Colombo (Sri Lanka), et Mgr Reinhard Marx de Munich (Allemagne).

Que le consistoire ait lieu ou pas, le Saint-Père et le Vatican ont devant eux quelques mois chargés mais captivants.

Edward Pentin

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ZENIT Staff

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