Procès Galilée : nouvelle édition critique des Actes

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Par Mgr Sergio Pagano

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ROME, Jeudi 2 juillet 2009 (ZENIT.org) – Le nouveau volume de Mgr Pagano sur le procès Galilée apporte sept nouveautés par rapport à l’édition qu’il avait publiée lui-même en 1984, et qui avait précédé la réhabilitation de Galilée par Jean-Paul II en 1992. 

Les Archives secrètes du Vatican publient une nouvelle édition complétée, révisée et annotée des Actes du procès de Galileo Galilei (Galilée), accompagnée de 28 reproductions en couleur. L’édition vient d’être présentée au Vatican par Mgr Sergio Pagano, préfet des Archives depuis 1997 et official de ces mêmes archives depuis 1978. 

A qui fait grief d’avoir été trop « fidèle » et « précis » ce qui alourdit la lecture, Mgr Pagano fait remarquer : « Je me suis rendu compte au cours de mon travail que chacun restitue les texte comme bon lui semble ; Dire « ciel » et écrire « ciel » ou « terre » ou « cosmos » ou « soleil » en minuscules ou en majuscules, en 1633, a une portée énorme. Moi, je ne prends pas la liberté d’écrire ciel, terre, cosmos, soleil en minuscules lorsque je le trouve en majuscules ».  

Les documents du Vatican concernant le procès de Galilée (1611-1741) sont présentés, a souligné  Mgr Pagano, « avec une plus grande fidélité aux actes originaux du procès : tous les documents ont été relus à partir des originaux des Archives du Vatican, de la congrégation pour la doctrine de la foi, et de la Bibliothèque vaticane ». 

En outre, la nouvelle édition est enrichie de 20 écrits et actes anciens retrouvés après l’édition de 1984. 

Troisième nouveauté : l’édition est annotée de façon critique (quant au contenu des textes), de façon historique et biographique (pour présenter les différents personnages). Mgr Pagano souligne qu’il s’agit là d’une « nouveauté absolue » par rapport à toutes les quatre autres éditions du procès apparues depuis 1877. 

Quatrième nouveauté : « l’introduction » de 208 pages. Mgr Pagano parcourt les étapes qui, de 1611 à 1633, ont conduit au procès. 

Cinquième élément : le soin extrême qui a présidé à la nouvelle édition. « Les documents, explique Mgr Pagano, sont précédés de notes critiques et textuelles qui illustrent la typologie et la « tradition » (original, copie, résumé, note de bureau, les différentes mains, etc.) ». 

Sixième nouveauté : l’index ! Un index des noms et des choses, a souligné Mgr Pagano, « très minutieux », jamais encore établi et « très utile pour retrouver les personnages et les questions » soulevées par le procès. 

Dernière nouveauté : les reproductions du manuscrit du procès, avec des références à des questions de documents reproduits et renvoi aux indications de l’introduction. 

Lors de l’échange avec les journalistes, Mgr Pagano a souligné qu’il est faux de prétendre que Galilée ait nié la transsubstantiation de l’Eucharistie : « Galilée est mort catholique », a-t-il affirmé, avant d’ajouter qu’« après avoir entendu la sentence, Galilée a déclaré : ‘Je demande deux choses : croire à ma foi droite et à la foi catholique. Je suis et je reste catholique’. Et il l’a démontré ! » 

Quant aux nouveaux documents, inconnus auparavant, Mgr Pagano a précisé qu’il s’agissait de documents d’ecclésiastiques qui, alors que la lecture des œuvres de Galilée était interdite, avaient demandé de pouvoir les lire : elles étaient à l’index. On ne leur a pas accordé. Mais en 1741, l’Inquisiteur de Padoue a demandé et obtenu que la loi soit modifiée. 

Pour la recherche à venir, Mgr Pagano espère que les chercheurs trouveront de nouveaux documents, des lettres par exemples, car Galilée entretenait une correspondance avec ses amis. 

Enfin, Mgr Pagano a confié  que le cas Galilée a été « douloureux » pour Galilée, mais aussi pour lui-même. « Il m’apparaît très clairement, a dit Mgr Pagano, qu’en dépit de certains jésuites du Collège romain, l’Eglise n’a jamais fait un sondage à fond. Il est clair que les maux commencent par le ‘Dialogue’ qui le dénonce. Il y propose la doctrine de Copernic. Et il touche des sujets politiques. Il passe outre alors la consigne qui lui avait été faite. Il semble vouloir enseigner aux théologiens à lire la Bible. Dans mon introduction, je dis : ‘Galilée ne connaissait pas la curie (…) quand on se confronte à l’Ecriture sainte, il faut être attentif à ne pas faire l’erreur qu’il a faite’ ». 

Ce qui a fait se raidir l’Eglise de l’époque, explique-t-il, ce fut le fait que Galilée n’a pas accepté – comme on le lui suggérait – de présenter simplement ses études comme des hypothèses scientifiques mais que dans le ‘Dialogue’ il ait directement invité l’Eglise à revoir son interprétation de la Bible ». 

« Le cas Galilée enseigne à la science, a précisé Mgr Pagano, de ne pas prétendre enseigner l’Eglise en matière de foi et d’Ecriture Sainte, et il enseigne en même temps à l’Eglise de s’approcher des problèmes scientifiques – fussent-ils liés à la plus moderne recherche sur les cellules souches, par exemple – avec une grande humilité et circonspection ». 

Mgr Pagano rappelle : « Aujourd’hui, nous avons des satellites au-dessus de nous, nous voyons la terre, nous avons photographié Mars, et nous sommes allés sur la Lune. Nous pouvons savoir à quelle heure le soleil se lève et se couche. Mais nous savons tous que le soleil ne se lève pas et ne se couche pas ».  

Il a aussi confié que le pape Paul V « était convaincu que Galilée avait raison », et pas seulement lui, « également Urbain VIII ». « Devenu pape, il s’est montré favorable à Galilée. Mais d’autres n’étaient pas de cet avis ».  
 

Anita S. Bourdin avec Carmen Elena Villa Betancourt

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ZENIT Staff

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