Prière eucharistique: la Préface (1)

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4e volet de la chronique sur les prières eucharistiques

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Prière eucharistique

4

La Préface (1)

Après le dialogue initial avec l’assemblée, le prêtre prend la parole pour dire la « préface ». Dans l’édition, la plupart des préfaces ne servent à rien : l’auteur a voulu faire plaisir à quelqu’un ou l’éditeur se dit qu’un nom connu sur la couverture favorisera les ventes. Mais, à part quelques mots aimables, la préface n’apporte ordinairement pas grand-chose.

Après le dialogue très solennel entre le prêtre et l’assemblée dont nous avons déjà parlé, il serait bien étonnant que le texte qui suit soit sans importance. En fait, c’est avec lui que commence la prière eucharistique qui se développera jusqu’à l’Amen qui précède le « Notre Père ». Mais il faut reconnaître que l’usage courant, ne nous aide pas à reconnaître toute son importance à la préface.

Que signifie d’ailleurs le mot « préface » ? C’est un mot qui vient du latin. Les liturgies orientales ne l’utilisent d’ailleurs pas. Dans le mot « préface », il est question de « dire », et même de dire avec solennité. Parfois déjà, chez les Romains, de dire dans un contexte religieux. La préface, c’est ce que le célébrant proclame en premier. S’il le proclame en premier, c’est parce que ces quelques phrases vont donner l’orientation et le style de ce qui va suivre.

Revenons à la littérature. Tous les auteurs savent qu’il faut soigner les premières lignes. Sinon, le lecteur ne tournera pas la page.

Certains donnent au mot « préface » un sens encore plus fort : ce que le prêtre proclame face à Dieu. Même si cette étymologie n’est pas certaine, elle est vraie quant au sens : le prêtre amorce une prière solennelle qu’il adresse à Dieu, comme il en a été convenu avec l’assemblée dans le dialogue introductif.

Tirons-en une petite conséquence pratique : s’il y a des concélébrants, il faut qu’ils rejoignent le président dès ce moment-là. Qu’ils n’attendent pas la fin du Sanctus !

Avec son mauvais titre, la préface a un autre inconvénient pour les chrétiens d’aujourd’hui : elle commence toujours par les mêmes mots. « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire… » Parce qu’ils sont toujours répétés, nous risquons de croire qu’ils sont sans importance. Or, c’est le contraire qui est vrai. Ils sont toujours répétés parce qu’ils sont essentiels.

Nous les retrouvons à peu près identiques dans toutes les Prières eucharistiques : « Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par le Christ, notre Seigneur. »

La liturgie orientale la plus répandue, dite « de saint Jean Chrysostome », s’exprime à peu près dans les mêmes termes : « Il est digne et juste de te bénir, de te louer, de te rendre grâce, de t’adorer en tout lieu de ta domination, car tu es un Dieu inexprimable…. ». En prononçant les premiers mots de la préface, le prêtre fait donc, même sans le savoir, un acte œcuménique, puisque cette prière est employée surtout par nos frères orthodoxes.

Relisons ces quelques mots. « Vraiment » nous rappelle une expression de Jésus, dans ses déclarations solennelles : « En vérité, en vérité, je vous le dis… ». La suite reprend, presque à la lettre, la fin du dialogue entre le prêtre et l’assemblée : « Rendons grâce au Seigneur notre Dieu – Cela est juste et bon. » Si nous écoutions ce qui se dit, nous ne devrions plus douter que, par son ministère, le prêtre va réaliser le vœu des fidèles.

L’Eucharistie est célébrée dans une assemblée particulière, parfois peu nombreuse. Elle sera renouvelée chaque dimanche, et même chaque jour. Chaque Eucharistie est unique. Elle est offerte pour telle ou telle intention particulière. Mais il est bon de se rappeler d’abord que cette Eucharistie s’intègre à l’action de grâce qui monte vers Dieu, « toujours et en tout lieu ».

La fin de la préface élargira même encore l’horizon en évoquant les anges et les saints. Ceux qui participent à cette Eucharistie particulière, tel jour, dans telle église, participent aussi à une liturgie éternelle, cosmique et même céleste.

Enfin, les premiers mots de la préface indiquent clairement que la prière s’adresse au Père. A la fin de la Prière eucharistique, l’acclamation (la « doxologie »), conclue par l’Amen de l’assemblée, le redira tout aussi clairement. Il ne faudrait pas perdre le cap entre temps.

Viennent ensuite les motifs pour lesquels nous voulons, spécialement dans cette Eucharistie, rendre grâce à Dieu. Mais commençons par bien nous approprier les premières notes du cantique d’action de grâce suprême qu’est chaque Eucharistie.

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Jacques Perrier

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