Prévenir les génocides, en particulier par l’éducation et la vigilance (Mgr Migliore)

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Forum international de Stockholm

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CITE DU VATICAN, Mardi 27 janvier 2004 (ZENIT.org) – Mettre en oeuvre « les instruments légaux existants contre le génocide », renforcer le rôle des « organisations internationales, régionales et sub-régionales », et promouvoir »l’éducation et la vigilance »: autant de mesures prônées par le Saint-Siège pour prévenir les génocides.

Mgr Celestino Migliore, est en effet intervenu sur ce thème, en tant que chef de la délégation du Saint-Siège, au IVe Forum international de Stockholm sur la prévention du génocide intitulé: « Menaces et responsabilités », qui se tient du 26 au 28 février. L’intervention a eu lieu en ce jour où en Italie et dans de nombreux pays se célèbre la « Journée de la mémoire » de la Shoah.

Dans son allocution, en anglais, Mgr Migliore a remercié le gouvernement suédois pour l’organisation de ce forum sur la prévention des génocides en mettant l’accent sur « la prévention et l’identification des menaces de génocide », en conclusion des trois premières rencontres qui avaient porté sur « l’holocauste », sur la « lutte contre l’intolérance », et sur « Vérité, justice et réconciliation ».

« L’humanité a vu des guerres, des génocides, des meurtres en masse, et des purifications ethniques. Cependant, affirme Mgr Migliore, parmi la violence sur une large échelle, le génocide a une place à part en raison des motivations mauvaises qui l’inspirent, à savoir son intention spécifique de détruire, tout ou partie, d’une Nation, d’une race, d’un groupe ethnique ou religieux, un groupe d’êtres humains sans défense ou vulnérable, en tant que tels, simplement. De fait, littéralement, génocide signifie tuer une race ou une tribu ».

Parmi les différents aspects de la question, la délégation du Saint-Siège a souligné trois aspects spécifiques, indiqués par Mgr Migliore:
-le besoin de mettre en oeuvre « les instruments légaux existants contre le génocide »;
-le rôle central des « organisations internationales, régionales et sub-régionales »;
-l’engagement « à l’éducation et à la vigilance contre le génocide ».

Les instruments juridiques déjà existants
Mgr Migliore rappelait en effet qu’en réponse « aux tragiques cas de génocide du siècle dernier, la communauté internationale a développé une série d’instruments légaux et des structures juridiques ». Il citait la « Convention pour prévenir et punir les crimes de génocide », approuvée par les Nations Unies en 1948, comme la création de la cour internationale de justice approuvée à Rome en 1998.

Mais les faits, déplorait Mgr Migliore, « attestent que l’existence de ces instruments et de ces structures n’ont pas prévenu l’arrivée de nouveaux génocides »: « il doit y avoir quelque chose qui n’a pas marché et la communauté internationale a le devoir d’examiner ce qui a échoué », de « déterminer si l’échec est dû aux instruments et aux structures », et à leurs carences, devant l’évolution des « stratégies criminelles », ou bien si ils sont dus à un « manque de volonté politique » de les mettre en œuvre, ou encore à des « intérêts » opposés à la « survie d’une nation ou d’un groupe », ou bien à « tous ces facteurs » ensemble.

Comme l’intention d’un génocide est de « détruire une Nation ou un groupe » et réclame donc « un plan coordonné et une stratégie à long terme », les « signes d’une menace » dans ce sens ne sauraient échapper à une « communauté internationale attentive », affirme Mgr Migliore.

Le rôle des organisations internationales
Le représentant du Saint-Siège soulignait le rôle de vigilance des organisations internationales qui doivent prendre la décision de mettre en oeuvre ou non, lorsque c’est nécessaire, les « instruments juridiques et les structures ». Il y voit des « forum privilégiés » qui tente de recentrer ces instruments et ces structures, et s’il le faut, en créer de nouveaux, de façon à mieux répondre aux menaces de génocide ou d’autres « graves violations des droits humains ».

Mgr Migliore affirme clairement: « Les Nations Unies demeurent à cet égard le forum central pour faire les règles internationales globales ». « Au cours des dernières décennies, disait-il, un corps substantiel de traités internationaux ont été négociés aux Nations Unies. Ce travail se poursuit aujourd’hui. Et nous observons qu’un corpus de lois internationales qui se développe graduellement impose des obligations aux Etats membres. Cependant, ce ne sont pas tous les Etats membres, en particulier dans les pays en développement, qui possèdent la capacité technique de répondre à toutes les obligations internationales ». Mgr Migliore évoque un « fossé grandissant » entre « le développement de la loi internationale » et « la capacité pour les pays de l’appliquer ». Leur mise en œuvre reste, disait-il, un « défi » qui nous attend dans la loi internationale, d’où « l’importance de l’aide juridique et technique pour les pays en développement ».

Le devoir d’éduquer les individus et les communautés
Enfin, le représentant du Saint-Siège insistait sur « le devoir d’éduquer les individus et les communautés sur les horreurs du génocide. « On a déjà beaucoup appris sur le génocide, constatait Mgr Migliore. Mais éduquer complètement sur son caractère foncièrement mauvais est un devoir permanent et toujours d’actualité qui nous revient à tous. C’est dans ce sens, par exemple, que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la résolution 58/234, le 23 décembre 2003, déclarant le 7 avril de cette année Journée internationale de la réflexion pour commémorer les victimes du génocide de 1994 au Rwanda ».

« Hélas, le génocide demeure une menace constante dans certaines régions du monde », où ses causes et ses signes ne sont pas très difficile à identifier. Le génocide est latent là où éliminer l’autre est considéré comme une « solution rapide » aux rivalités et aux conflits non-résolus, ou bien encore, disait-il, là où des relations injustes entre groupes sont « justifiées idéologiquement », là où, sous la surface d’un ordre apparent, des tisons de haine brûlent encore, par manque de pardon mutuel et de réconciliation ». Il y a aussi les cas « où l’acceptation des erreurs passées et une « purification de la mémoire » se heurtent à la peur d’affronter la réalité historique ». De tels éléments ne constituent pas seulement, expliquait Mgr Migliore, une menace de génocide mas aussi « un facteur identifiable » pour le « terrorisme ».

Mgr Migliore concluait en disant: « le monde est devenu trop interdépendant pour plaider l’ignorance lorsqu’il s’agit de ce qui se passe de l’autre côté du village global ». Et les instruments légaux et les structures juridiques sont déjà en place pour supprimer les génocides dans l’œuf. Ce dont nous avons besoin c’est d’une volonté plus grande et plus courageuse pour les mettre en œuvre ».

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ZENIT Staff

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