Premier 'Congrès mondial des Imams et Rabbins pour la Paix'

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Quand les hommes parlent les armes se taisent…

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CITE DU VATICAN, Mercredi 24 mars 2004 (ZENIT.org) – Le premier ‘Congrès mondial des Imams et Rabbins pour la Paix’ a été présenté à Bruxelles. CathoBel y était et explique le projet dans cette dépêche que nous reproduisons avec l’aimable autorisation (www.cathobel.be).

Ce 24 mars, à Bruxelles, la Fondation ‘Hommes de Parole’ a présenté l’un de ses projets, un pari un peu fou ou en tous cas novateur : Réunir une centaine d’imams et de rabbins pour . Ce Congrès pour la paix se tiendra au Maroc, du 31 mai au 3 juin 2004. « Hors » des problèmes vécus entre juifs et musulmans, des chrétiens y seront pourtant présents en tant qu’observateur : leur rôle de « trait d’union » a été souligné lors de la présentation de ce matin. Y participaient, autour d’Alain Michel, fondateur d’ ‘homme de parole’, le Rabbin Sirat, ancien Grand Rabbin de France et Directeur de la Chaire Unesco de dialogue interreligieux, Mohamed Boulif , président de l »Exécutif des musulmans de Belgique’, le Rabbin Guigui, Grand Rabbin de Bruxelles et Ahmed Mahfoud, professeur de religion islamique.

Les 31 mai, 1, 2 et 3 juin 2004, la Fondation ‘Hommes de Parole’, entourée d’un impressionnant comité scientifique, organise le premier « Congrès mondial des Imams et Rabbins pour la Paix » à Ifrane, au Maroc. (Voir CathoBel du 8 mars 2004).

L’initiative était présentée à Bruxelles ce matin, à l’International Press Center, en présence de membres de la Fondation mais aussi de représentants des deux religions.

Cent Rabbins et Imams, un événement

C’est Alain Michel, fondateur d’ ‘Hommes de Parole’, qui, le premier, a présenté les origines et les objectifs de ce congrès peu commun. L’idée d’une rencontre de grande envergure entre Rabbins et Imams est née dans la ville suisse de Caux en juin 2003, où une quarantaine d’hommes et femmes, Israéliens ou Palestiniens, s’étaient réunis. C’est par un « incident » que tout a commencé, explique A.Michel. L’Imam de Jérusalem et le représentant de l’autorité palestinienne, retenu à la frontière israélienne arrivent avec un jour de retard. Lors de leur arrivée en Suisse, ils exposent la situation dramatique de la population palestinienne. Dans la salle, un Rabbin, énervé par l’exposé, déclare qu’il quitte le Congrès. Il reviendra 15 minutes plus tard, en s’excusant, à sa propre surprise. Après un moment d’hésitation, l’Imam et le Rabbin se serrent la main.

Le Rabbin Sirat, ancien Grand Rabbin de France interpelle un journaliste du quotidien israélien ‘Haaretz’ qui se trouvait là, et lui demande pourquoi la presse ne parle jamais que des morts et jamais des événements, extraordinaires, comme celui qui vient de se produire. « Un Rabbin et un Imam qui échangent une poignée de main, ce n’est pas un événement » répond le journaliste. Et si 100 Imams et Rabbins le faisaient ? « Oui, ça serait un événement »… Le pari était lancé.

Les chrétiens, interprêtes

« Ce projet n’a pas fait la majorité, mais a fait l’unanimité, partout où il était présenté », explique Alain Michel. Et, à maintes reprises, la question était la même : « Pourquoi cela n’a jamais été organisé avant, alors que les religions possèdent tant de pouvoir sur les hommes ? »

À la question de savoir pourquoi ne pas avoir organisé une rencontre imams, rabbins et prêtres, A. Michel répond que le problème actuel se situe réellement entre juifs et musulmans. « Mais le chrétien peut être un interprète car il connaît les deux et il peut ‘traduire’ les uns pour les autres », ajoute-t-il. Des chrétiens seront donc invités à assister au Congrès, en tant qu’observateurs.

Pour que l’avenir soit moins sombre…

« Le grand Rabbin de Jérusalem et le Patriarche latin de Jérusalem, Mgr Sabbah ne s’étaient jamais parlés », explique le Rabbin René Samuel Sirat, Directeur de la Chaire Unesco de dialogue interreligieux. C’est lui qui a présenté, lors d’une rencontre à Rabat, les deux hommes qui habitent pourtant à 1000 mètres l’un de l’autre…

Pour lui, la situation actuelle est la conséquence d’une absence de dialogue entre les grands chefs religieux. « Il est bon de se voir face à face car, alors, on est obligé, en tant que religieux, de répondre aux questions de l’autre sans détour », affirme le Rabbin, qui évoque la récente assemblée à Moscou du Comité exécutif du l’ECRL (European Council of Religious Leaders ), à laquelle le Cardinal Danneels a participé (Voir CathoBel du 22 mars 2004).

« Pour faire en sorte que l’avenir soit moins sombres », le rabbin Sirat attend beaucoup du Congrès. « Que Dieu puisse guérir, redonner l’espoir et l’amour du prochain ». Un amour qui est supérieur à tout, comme le prouve le Rabbin en citant la Bible, où, à la phrase ‘tu aimeras l’étranger’ revient à 36 reprises.

le mot ‘Islam’ signifie ‘paix’

Pour Mohamed Boulif, président de l »Exécutif des musulmans de Belgique’, il n’existe pas « de fondement religieux pour expliquer la scission et le chao qui règne entre les deux peuples, entre les deux religions ».

« L’Imam est celui qui guide, c’est par lui que passe le discours qui va toucher les communautés », poursuit-il en rappelant que le mot ‘Islam’ signifie ‘paix’. « Au-delà de cela, il s’agit d’une véritable usurpation ».

M. Boulif rappelle encore que le Maroc, dont le Roi est le principal soutien du Congrès, est un pays d’accueil, où les juifs sont accueillis en tant que citoyens à part entière.

« À l’heure de la globalisation, il faut faire grand, il faut faire se rencontrer les peuples », ajoute-t-il en proposant, à une échelle plus locale, que se rencontrent régulièrement en Belgique ne fussent que 5 prêtres, 5 imams et 5 rabbins.

Quand les hommes parlent les armes se taisent

« Quelle est l’origine de la violence, quelle est l’origine de la guerre ? », interroge à son tour le Rabbin Albert Guigui, Grand Rabbin de Bruxelles. « C’est la question que s’est posée, se pose ou se posera un jour tout un chacun ».

La réponse du Rabbin se situe dans la Bible, avec l’histoire de Caïn et Abel. « La raison de ce « premier crime de l’humanité » c’est le non-dialogue », explique-t-il. « Quand les hommes parlent, les armes se taisent ».

« Cette rencontre entre Rabbins et Imams », poursuit-il, « est une source de bénédictions qui va permettre aux hommes de bonne volonté de jeter des ponts entre eux ».
<br> « La guerre entre juifs et arabes n’est pas une fatalité. La religion n’est pas une source de guerre mais de paix » conclut le rabbin Guigui, avant d’accepter la proposition de rencontre de Mohamed Boulif.

D’abord se connaître !

« Une jeune femme jette un caillou de son balcon. Au lieu de lever la tête pour voir d’où il vient, les hommes qui se trouvent en bas se battent pour avoir le caillou. Dieu aide l’homme à relativiser le caillou » déclare a son tour, Ahmed Mahfoud, professeur de religion islamique. Il ajoute que le congrès est là pour faire prendre conscience aux religieux de leur pouvoir et de leur responsabilité.

Après les quatre exposés, nombre de questions des journalistes ont porté sur la situation au Proche-Orient et, en particulier, l’assassinat du Cheik Yassine. Les intervenants ont unanimement répondu que, tout en condamnant les violences de parts et d’autres, ils prenaient leurs distances vis-à-vis de la politique. « Avant d’en parler, il faut d’abord connaître l’autre » à résumé Alain Michel.

CathoBel avait annoncé l’événement dans un article du 08/03/2004 intitulé: « L’Islam et le Judaïsme comme instruments de paix – Le premier Congrès mondial des Imams et Rabbins pour la Paix se déroulera au Maroc du 31 mai au 3 juin 2004 »; il se trouve à l’adresse: http://www.cathobel.b
e:591/Cathobel/FMPro?-db=FichierCathoBel-format=depeche.html-lay=web-op=eq=12325867178-find

Sur Internet, le site de la Fondation ‘Hommes de Parole’ se trouve à l’adresse: http://www.hommesdeparole.org

© CathoBel 2002

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ZENIT Staff

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