Pour prévenir l´ "infarctus spirituel", une bonne confession, par Mgr Herranz

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« Misericordia Dei », présenté par le canoniste

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CITE DU VATICAN, Vendredi 3 mai 2002 (ZENIT.org) – La Lettre apostolique de Jean-Paul II « Misericordia Dei » présente le sacrement de la pénitence pour en « relancer » la pastorale: Mgr Julian Herranz voit dans ce sacrement un remède à ce qu´il appelle de façon imagée l´ « infarctus spirituel ».

Le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Jorge Medina Estevez, préfet de la congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, et Mgr Julian Herranz, président du conseil pontifical pour l´Interprétation des textes législatifs, ont présenté hier matin le nouveau document de Jean-Paul II « Misericordia Dei » (cf. ZF020502).

Rappelons que la Lettre apostolique de Jean-Paul II en forme de « motu proprio » « sur certains aspects de la célébration du sacrement de pénitence », intitulée « Misericordia Dei », compte 9 paragraphes, publiés en un fascicule de 17 pages par les éditions du Vatican. Elle est en date du dimanche 7 avril 2002, dimanche dit de la « miséricorde ». Nous traduisons rapidement l´essentiel de l´intervention – en italien – de Mgr Herranz.

Prévenir l´infarctus
« Les médecins appelle « infarctus » – ce que l´on peut aujourd´hui prévenir efficacement – l´occlusion d´une artère, avec pour conséquence le blocage du flux sanguin et une nécrose de cette partie du corps concrète que le sang n´est plus en mesure d´irriguer et de vivifier, rappelle Mgr Herranz. Par comparaison, j´oserais dire que dans la vie des fidèles aussi et jusque dans le Corps mystique du Christ il peut y avoir des « infarctus spirituels »: cela se produit lorsqu´on réduit au minimum le fonctionnement des canaux de la grâce sanctifiante que sont les Sacrements « institués par le Christ et confiés à l´Eglise et à travers lesquels nous est communiquée la grâce divine » (Catéchisme de l´Eglise catholique, 1131) ».

La parole du Christ
Mgr Herranz applique cette comparaison au sacrement de la réconciliation. « Si cela arrivait, dit-il, avec le Sacrement de la Pénitence, institué pour la rémission des péchés et la réconciliation de l´âme avec Dieu et avec l´Eglise, la vie divine n´arriverait plus de la façon ordinaire et cette partie concrète du Corps du Christ – une personne, ou une communauté tout entière, paroissiale ou diocésaine – finirait par s´affaiblir spirituellement, parce qu´elle demeurerait sourde aux paroles toujours valides du Verbe Incarné: « Convertissez-vous », « Faites pénitence » (Mt 4,15; Mc 1,15) ».

La présence vivante et agissante du Ressuscité dans le Sacrement
C´est l´affaire des pasteurs, souligne le canoniste du Vatican: « De toute façon les Bons Pasteurs, comme les bons médecins savent recourir aux remèdes opportuns pour guérir, et mieux encore pour prévenir. C´est dans cette optique positive de salut, d´engagement renouvelé pour faire découvrir la présence vivante et agissante du Seigneur ressuscité dans le Sacrement, qu´il faut comprendre l´intervention disciplinaire présente ».

Le « droit » des fidèles à recevoir le sacrement
Mgr Herranz explique ainsi la portée de ce nouveau « texte législatif » de Jean-Paul II. « Ce texte législatif, un Moto proprio intitulé « Misericordia Dei », concernant la juste célébration d´un sacrement, constitue aussi un acte de gouvernement ecclésiastique non seulement prudent et opportun mais aussi répondant pleinement au magistère de Jean-Paul II sur la vertu de justice vue comme une exigence primaire de la charité, et en même temps, inséparable de la miséricorde dans l´ordre juridique de l´Eglise. Les normes canoniques, en effet, concernent la réalisation du dessein miséricordieux de salut, à la lumière duquel elles manifestent toute leur dimension de justice, deux réalités qui émergent fortement du Motu proprio présent. Ce sont, d´une part, le droit fondamental des fidèles à recevoir des Pasteurs sacrés les sacrements institués par le Christ (cf. CIC, can. 213), dans ce cas, le sacrement du pardon et de la miséricorde divine; et d´autre part, le devoir relatif des Pasteurs sacrés d´établir et de faire appliquer avec diligence les lois canoniques et liturgiques qui assurent la célébration valide et licite des sacrements (cf. CIC, can. 841). C´est pourquoi, dans l´introduction au Motu proprio, le Pontife Romain déclare qu´il s´adresse « (à) mes frères Evêques – et, à travers eux, (à) tous les prêtres – (pour) leur adresser une forte invitation à donner sans tardes une nouvelle impulsion au sacrement de la Réconciliation, entendu aussi comme une exigence d´authentique charité et de vraie justice pastorale, leur rappelant que tout fidèle, avec les dispositions intérieures nécessaires, a le droit de recevoir personnellement la grâce sacramentelle ». Sur la base de ce principe, les normes et dispositions du présent document – souhaité par beaucoup et aussi par la dernière Assemblée du Synode des Evêques – concernent en premier lieu, l´unique façon ordinaire par laquelle le fidèles, conscient d´un péché grave peut recevoir le pardon divin, c´est-à-dire la confession individuelle avec l´absolution relative du ministre du Sacrement (évêque ou prêtre), qui agit au nom et avec l´autorité même de Dieu, Père de miséricorde. C´est pourquoi on rappelle à tous ceux (évêques, curés, aumôniers, etc.) auxquels est confié un office avec la charge d´âmes, qu´ils ont l´obligation – juridique, mais aussi morale – de veiller à ce que soient entendues les confessions individuelles des fidèles et à cette fin, que soient fixés pour leur commodité les jours et les heures dans les églises, sanctuaires respectifs, etc. Tous les autres prêtres avec faculté de confesser sont invités – même s´ils sont surchargés d´autres tâches – à manifester toujours la plus grande disponibilité à l´administration de ce sacrement du pardon et de la joie que les fidèles sont invités à « redécouvrir » et que beaucoup cherchent peut-être sans le savoir ».

Les conditions et le lieu du sacrement
« Redécouverte », Mgr Herranz parle aussi de « relance disciplinaire du sacrement » et des conditions de sa célébration, rappelée par le Motu proprio: « Toujours dans cette ligne de relance disciplinaire du Sacrement, sont également rappelées d´autres normes canoniques: à propos de l´intégrité de la confession, qui ne peut pas être une simple accusation générique des péchés (n. 3); à propos des dispositions personnelles des pénitents (n. 7); à propos du lieu approprié pour la célébration sacramentelle, généralement une église ou un oratoire (n. 9, a); à propos du local de la confession qui – même dans la variété des formes possibles – doit aussi comporter un lieu pourvu d´une grille fixe, de façon à permettre aux fidèles et aux confesseurs eux-mêmes de pouvoir s´en servir s´ils le désirent (n. 9 ,b ), etc. ».

Au cours de la conférence de presse de présentation du document, le cardinal Medina a rappelé que la célébration du sacrement constitue une vraie « liturgie » et par conséquent, il convient de lui accorder la dignité correspondant à une liturgie, comme le signale en particulier le port de l´étole sacerdotale pour le prêtre.

Deux conditions nécessaires
« En second lieu, continuait Mgr Herranz, le document concerne le « mode extraordinaire » d´administrer le Sacrement, c´est-à-dire l´absolution de plusieurs pénitents ensemble dans confession individuelle préalable. On rappelle les deux seuls cas dans lesquels est prévue cette possibilité à caractère exceptionnel: « l´imminent danger de mort » ou un état de « grave nécessité ». Cette dernière situation doit être considérée comme existant seulement « si, compte tenu du nombre de pénitents, il n´y a pas assez de confesseurs disponibles pour entrer comme il faut la confession de chacun dans un temps convenable, de sorte que les pénitents, sans qu´il y ait faute de leur pa
rt, seraient forcés d´être privés pendant longtemps de la grâce sacramentelle ou de la sainte communion » (CIC, can. 961, § 1, 2E). A ce propos, on fait des précisions détaillées, aussi pour endiguer ou pour prévenir des interprétations erronées ou abusives, qui hélas ne semblent pas avoir manqué dans certains endroits. De telles précisions normatives se réfèrent, justement, au caractère inséparable et à la signification des deux conditions requises, c´est-à-dire: l´impossibilité de pouvoir entendre les confessions « comme il faut » et « dans un temps convenable » et le fait que les pénitents doivent rester « longtemps » privés de la grâce sacramentelle. Il ne revient pas au confesseur de juger si ces conditions sont réunies, mais, dans chaque diocèse, à l´Evêque, en tenant compte des critères normatifs que les conférences épiscopales doivent établir au plus vite par un décret général approprié selon les normes du droit (cf. CIC, can. 455, § 2). Tout cela pour assurer « dans une matière aussi essentielle pour la vie de l´Église la pleine harmonie entre les divers épiscopats du monde » (n. 6).

Pour les Eglises orientales catholiques
« Enfin, précise Mgr Herranz, il faut noter l´affirmation du Législateur qui, comme il est établi par le Motu proprio « vaut également, de par sa nature, pour les vénérables Églises orientales catholiques, en conformité avec les canons du Code qui leur est propre ». De tels canons, en effet, contiennent une normative très semblable au Code latin, mais diffèrent légèrement sur certains points, notamment quant à la procédure pour établir des critères concernant la « grave nécessité » dans le cas des absolutions collectives, étant donné que dans les Eglises Orientales, il n´y a pas l´institution canonique latine des Conférences épiscopales (cf. can. 720, § 3 du Code des Églises orientales, en rapport avec les cann. 961, § 2 e 455 du Code latin) ».

Retrouver le sens de la miséricorde de Dieu
« Je voudrais conclure, ajoute Mgr Herranz en m´associant de tout coeur au voeu du Saint-Père que cette Lettre apostolique contribue à une nouvelle relance du sacrement de la Pénitence, et serve à surmonter les difficultés dans la pratique de ce sacrement. L´Eglise, en effet, guidée par l´Esprit saint, de même qu´elle a surmonté des crises culturelles et morales non moins graves, et a réussi à rééduquer les intelligence au goût de la Vérité, de la Bonté, de la Beauté, est actuellement fortement engagée à semer de nouveau dans le coeur de l´homme la nécessité de redécouvrir le sens du péché, pour retrouver le sens de la miséricorde de Dieu ».

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ZENIT Staff

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