Pologne: Cinquantième anniversaire de la mort du card. Sapieha

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L´archevêque a ordonné prêtre Karol Wojtyla

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CITE DU VATICAN, Mardi 24 juillet (Zenit.org) – Le cardinal Adam Stefan Sapieha, archevêque de Cracovie, est mort il a 50 ans. Son diocèse célèbre cet anniversaire de la naissance au ciel du « Prince Sapieha », l´archevêque qui a accueilli Karol Wojtyla comme séminariste clandestin pendant l´occupation nazie, et l´a ordonné prêtre le 1er novembre 1946. Nous reprenons ci-dessous les souvenirs de Jean-Paul II et ceux du cardinal Macharski, archevêque de Cracovie, à Radio Vatican.

Les Polonais se souviennent de lui comme d´un homme de prière et d´action, un « résistant aux deux oppressions nazie et communiste, en faveur de la défense de dignité de la personne humaine » dit le cardinal Macharski. Le pape Jean-Paul II évoque la présence du cardinal non seulement à son ordination sacerdotale, mais lors de sa première rencontre, puis au séminaire et lors de la remise de son chapeau de cardinal, et plus tard aussi, dans son livre « Ma vocation, don et mystère » (Bayard-Cerf-Fleurus-Mame-Téqui, 1996).

Cet homme très vénéré de tous
Adam Stefan Sapieha était né en 1847. Lors d´une visite à Wadowice, il avait été accueilli par un jeune étudiant dont il aurait bien fait un séminariste, mais qui avait le désir de faire les Lettres: c´était Karol Wojtyla, qui lui succéderait un jour au siège de Cracovie. Le pape écrit: « L´archevêque métropolitain de Cracovie, le prince Adam Stefan Sapieha, vint en visite dans la paroisse de Wadowice alors que j´étais élève au lycée. Mon professeur de religion, le P. Edward Zacher, me confia la charge de lui souhaiter la bienvenue. J´eus ainsi pour la première fois l´occasion de me trouver devant cet homme très vénéré de tous. Je sais que, après mon discours, l´Archevêque demanda au professeur de religion dans quelle faculté je choisirais d´aller à la fin des études secondaires. Le Père Zacher répondit: « Il étudiera la philologie polonaise. » Le prélat aurait répondu: « Dommage que ce ne soit pas la théologie ». L´auteur précise: « En cette période de ma vie, la vocation sacerdotale n´était pas encore mûre, même si, autour de moi, beaucoup pensaient que je devais entrer au séminaire » (p. 17).

Chez le très aimé Prince Archevêque
Quelques pages plus loin, Jean-Paul II raconte que c´est à l´automne 1942, en pleine occupation, qu´il prit la décision définitive d´entrer au séminaire de Cracovie « qui fonctionnait dans la clandestinité ». « Je commençai mes études à la faculté de théologie de l´Université Jagellon, clandestine elle aussi, tout en continuant à travailler chez Solvay ». Il précise les conditions de ce séminaire (pp. 25 et suiv.): « Pendant l´occupation, l´Archevêque installa le séminaire dans sa résidence, toujours de manière clandestine. Cela pouvait entraîner à tout moment, pour les supérieurs ou pour les séminaristes, une répression sévère de la part des autorités allemandes. J´ai séjourné dans ce séminaire commun, chez le très aimé Prince Archevêque, à partir de septembre 1944, et j´ai pu y rester avec mes camarades jusqu´au 18 janvier 1945, jour – ou plutôt nuit – de la libération. Ce fut de nuit en effet que l´Armée rouge atteignit les environs de Cracovie. En se retirant, les Allemands firent sauter le pont Debnicki. Je me rappelle cette terrible détonation: le souffle brisa toutes les fenêtres de la résidence archiépiscopale. Nous nous trouvions alors à la chapelle pour une cérémonie à laquelle participait l´Archevêque. Le jour suivant, nous nous sommes dépêchés de réparer les dégâts ».

Je garde de lui un souvenir ému et reconnaissant
Dans ce même livre, Jean-Paul II consacre une page au Prince archevêque (pp. 30-31): « Tout au long de notre formation au sacerdoice, la grande figure du Prince Archevêque, le futur cardinal Adam Stefan Sapieha, exerça une influence déterminante, je garde de lui un souvenir ému et reconnaissant. Son ascendant était d´autant plus grand que, pendant la période de transition, avant la réouverture du séminaire, nous habitions dans sa résidence et que nous le rencontrions tous les jours. L´Archevêque de Cracovie fut élévé à la dignité cardinalice aussitôt après la find e la guerre, alors qu´il était déjà assez avancé en âge. Toute la population salua cette nomination comme une juste récompense des mérites de ce grand homme qui, pendant l´occupation allemande, avait su maintenir très haut l´honneur de la nation, en faisant preuve d´une grande dignité aux yeux de tous ».

L´enthousiasme religieux et patriotique
Il raconte ce triomphale retour de Rome: « Je me souviens de cette journée de mars – c´était en carême – où l´Archevêque rentra de Rome après avoir reçu le chapeau de cardinal. Les étudiants soulevèrent de leurs bras sa voiture et la portèrent sur une bonne distance jusqu´à la basilique de l´Assomption, place du Marché, manifestant ainsi l´enthousiasme religieux et patriotique que cette élévation au cardinalat avait fait naître dans la population ».

L´Ordination sacerdotale
Le pape se souvient ensuite, qu´il a été ordonné seul, dans la chapelle privée des archevêques de Cracovie, le 1er novembre 1946, l´archevêque ayant choisi cette date en raison du départ de son séminariste pour Rome. « J´avais été ordonné sous-diacre et diacre en octobre. Ce fut un mois de prière intense, jalonné par les retraites pour me préparer à recevoir les Ordres sacrés: six jours de retraite avant le sous-diaconat, puis respectivement trois et six jours avant le diaconat et l´Ordination sacerdotale. Je fis la dernière retraite seul, dans la chapelle du séminaire. Le jour de la Toussaint, je me présentait le matin, à la résidence des Archevêques de Cracovie, 3, rue Franciszkanska, pour recevoir l´Ordination sacerdotale. Un petit groupe de parents et d´amis prenait part à la cérémonie ».

« Je reste »
Le cardinal Marcharski confiait pour sa part à Radio Vatican ses souvenirs de l´occupation et de la libération: « J´ai des souvenirs du Prince Sapieha depuis mon enfance. J´étais un garçon de 12 ans lorsque la guerre éclata, en 1939. Dans l´incertitude s´il fallait ou non fuir Cracovie devant l´avancée allemande, mon père a téléphoné au métropolite le 3 septembre. Il lui demanda ce qu´il convenait de faire. Et le prince archevêque lui répondit tout de suite: « Je reste ». Mon père décida alors que nous devions rester nous aussi. Vivant sous l´occupation nazie, j´ai grandi avec un grand respect et une grande affection pour le métropolite. Une fois la guerre finie, en mai 1945, je suis allé directement à lui pour lui demander d´être accueilli au séminaire. Il m´a reçu dans la même pièce qui m´est revenue maintenant comme bureau, avec la même vue sur l´église des Franciscains devant laquelle se trouve aujourd´hui une statue du prince, inflexible, recueilli en prière, au cours de la nuit obscure de l´occupation ».

Quarante ans d´épiscopat
Il raconte encore: « le Prince Sapieha a été évêque de Cracovie pendant 40 ans. Cette période comprend les deux guerres mondiales. Non seulement pendant les deux conflits, mais aussi pendant toute sa vie, il a prêté une attention particulière à la défense de l´homme et de la communauté humaine. Que ce soit pendant la tempête de la première guerre mondiale ou pendant l´occupation nazie, au milieu des énormes problèmes rencontrés par les gens, cet homme de prière a toujours su être un homme d´action, un défenseur de la personne humaine. Au cours du premier conflit mondial, il créé un comité de secours sans lequel de nombreuses personnes n´auraient pas pu survivre pendant ces années là. La guerre à peine terminée, il fonda deux hôpitaux qui existent encore. Successivement, il a organisé la Caritas, durant la dernière guerre mondiale, il a aidé les nécessiteux et il est intervenu avec courage auprès des autorités allemandes en faveur de la population. Même avec l´a
vènement du communisme, il défendait les personnes arrêtées, revendiquait la vérité et la justice ».

Servir le Christ en défendant la communauté humaine
Enfin, le cardinal Macharski évoque le souvenir du défunt cardinal Sapieha, lorqu´il lui est revenu de prendre la suite de son action et de celle de Wojtyla, « de défendre l´homme, son droit d´être commuanuté familiale, communauté sociale, communauté nationale, de défendre les droits de l´homme », en 1981, face à la proclamation de la loi martiale en Pologne. « C´est cela que l´on pouvait apprendre à son école de sagesse ardente: servir le Christ en défendant la communauté humaine et nationale, en défendant l´Eglise ».

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ZENIT Staff

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