Philippines : un prêtre candidat aux présidentielles

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La conférence épiscopale désapprouve

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ROME, Mercredi 29 juillet 2009 (ZENIT.org). – Suite à la candidature d’un prêtre aux élections présidentielles, les évêques des Philippines rappellent que le ministère sacerdotal est incompatible avec des charges politiques. 

Le père Eddie Panlilio a annoncé sa « ferme intention » de se présenter comme candidat dans un meeting organisé par l’opposition il y a quelques jours. 

Le contexte politique aux Philippines est aujourd’hui difficile. L’actuelle présidente du pays, Gloria Arroyo, controversée, est en quête d’un troisième mandat pour 2010.

Déjà gouverneur de la province de Pampanga, dans le nord de l’Etat, Eddie Panlilio est doté d’un grand charisme et met en avant sa foi en Dieu pour justifier sa propre candidature. 

« Je ne le fais pas pour moi, a-t-il déclaré le 20 juillet dans un entretien télévisé, mais parce que j’ai entendu l’appel de Dieu ». 

La conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP) a aussitôt réagi à l’annonce de la candidature du père Panlilio, en rappelant les principes du droit canonique. 

 « Les prêtres ont interdiction d’assumer des fonctions publiques qui comportent une participation à l’exercice du pouvoir civil », souligne l’épiscopat en citant le canon 285 du droit canonique. 

En 2007, le père Panlilio avait déjà été suspendu par son supérieur hiérarchique, l’archevêque de San Fernando, pour s’être présenté aux élections comme gouverneur. 

La sanction, prévue par le code de droit canonique, prévoit le maintien de l’état clérical, mais interdit l’exercice du ministère. 

« Je suis disposé à quitter mon état de prêtre que j’aime tant pour un amour plus grand, qui est celui que j’éprouve pour mon pays », a-t-il déclaré dans une conférence de presse, le 21 juillet dernier. 

« Pour moi, le cœur de la vocation sacerdotale consiste à aimer Dieu et à travailler pour les autres, surtout pour les pauvres », a-t-il ajouté. 

Au sein de l’Eglise catholique aux Philippines, le cas du prêtre-politique a soulevé un grand débat et divisé les fidèles. 

Parmi ses partisans, l’Alliance d’anciens séminaristes des Philippines (Philippine Alliance of Xseminarians, PAX) représente probablement son plus fort soutien. 

Ce mouvement, créé il y a quelques années, réunit divers groupes d’anciens étudiants du séminaire des Philippines, une poignée de laïcs et d’autres prêtres ordonnés. 

Selon le président des anciens séminaristes SVD (Société du Verbe Divin), le nombre des membres du PAX dépasse le million. 

Ces derniers affirment « soutenir à cent pour cent » le père Panlilio et ont commencé à recueillir des fonds, à mobiliser des membres du clergé et des communautés paroissiales du pays, rapporte l’agence UCANews

Tandis que les partisans du père Panlilio s’enthousiasment, la conférence des évêques catholiques des Philippines réaffirme clairement la position de l’Eglise et son désaccord. 

L’ancien président de la commission justice et paix et pour l’action sociale de la CBCP, Mgr Francisco Claver, s’est dit consterné par l’attitude du Père Panlilio. 

« Il ne se présente pas comme laïc, car cela lui ferait perdre son aura de prêtre, et ceci est très malhonnête », a-t-il affirmé. 

« C’est justement cet aspect malhonnête de nos politiques que l’Eglise essaie de changer », a-t-il ajouté. 

Le directeur des services économiques de l’épiscopat, Mgr Óscar Cruz, archevêque de Lingayen-Dagupan, a proposé au père Panlilio d’être réduit à l’état laïc avant de se lancer dans la course aux présidentielles. 

Cette affaire qui divise l’Eglise catholique philippine a un précédent récent : le cas de l’évêque Fernando Lugo, devenu président du Paraguay en 2008 que Benoît XVI avait réduit à l’état laïc. 

L’évêque avait été suspendu « a divinis » de son ministère épiscopal pour s’être présenté comme candidat aux élections présidentielles de son pays. 

Après son élection, le pape s’était mis d’accord avec le nouveau président pour qu’il renonce à son état clérical et donc aux droits inhérents à cet état. 

La charge épiscopale étant un service accepté librement et pour toujours, cette décision représentait un cas inédit dans l’Eglise. 

Pour le moment, malgré les nombreuses indications de sa hiérarchie, le père Panlilio n’a pas fait savoir s’il comptait suivre les traces de l’évêque paraguayen et renoncer à sa condition de prêtre avant de se lancer dans la campagne présidentielle, en novembre prochain. 

Au contraire, le prêtre-candidat affirme vouloir reprendre, si on l’y autorise, l’exercice de son ministère au cas où il ne rencontrerait pas de succès aux élections.

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ZENIT Staff

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