Philippines: témoignage de Jun Chura, enfant des rues sauvé par ANAK

Les « choses terribles » des rues de Manille (texte intégral)

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« Quand j’étais dans la rue, j’ai vu des choses que je n’aimais pas, des choses terribles qui arrivaient à mes camarades dans la rue « : le récit de Jun Chura a ému le pape François  et l’assemblée de quelque 30 000 jeunes rassemblés dimanche dernier, à Manille, sur le campus de l’université Saint-Thomas.

Avec Glyzelle Palomar, qui n’a pas pu retenir ses larmes, leur témoignage a ouvert la rencontre. 

Tous deux ont été arrachés à la true par la Fondation Anak pour les enfants défavorisés de Manille: ils seraient 70 000 dans la capitale, et 1,5 million dans tout le pays.

Archidiocèse de Manille, Jun Chura, Fondation Tulay ng Kabataan

Cher Saint-Père,

Je m’appelle Jun Chura, j’ai quatorze ans et je suis un ancien enfant de la rue. Parce que ma famille n’était plus capable de me mettre à l’école, je me suis enfui de chez moi et j’ai quitté ma famille. Je me nourrissais de ce que je trouvais dans les poubelles. Je ne savais pas où aller et je dormais sur le trottoir. Je cherchais un morceau de carton pour en faire un matelas. Et j’essayais de surmonter cette situation, même si j’étais aussi sale que mes camarades de la rue. Eux aussi essayaient de s’en sortir, même s’ils étaient très sales aussi. Je ne savais pas comment trouver de quoi me nourrir tous les jours et ce que je faisais, c’était d’attendre simplement que les gens aient fini leur repas au restaurant et je demandais alors les restes. Parfois aussi, j’errais juste pour trouver des objets cassés que je pourrais vendre : je cherchais des bouteilles en plastique ou du papier et quand mon sac était plein, je le vendais pour avoir de l’argent pour m’acheter à manger. Il arrivait aussi que je frappe aux portes dans le quartier pour demander de la nourriture mais souvent on n’avait rien à me donner.

Quand j’étais dans la rue, j’ai vu des choses que je n’aimais pas, des choses terribles qui arrivaient à mes camarades dans la rue : j’ai vu qu’on leur apprenait à voler, et aussi à tuer, et ils n’avaient plus aucun respect pour les adultes. Parfois, ils se disputaient à cause de ce qu’ils avaient volé. J’ai aussi vu des enfants à qui on enseignait à utiliser de la drogue comme le shabu, les cigarettes ou la marijuana. J’ai aussi vu certains de mes camarades renifler des solvants ou de la colle. Ce sont aussi des drogues. C’est ce que j’ai souvent vu chez mes camarades dans la rue. Quand j’étais dans la rue, je faisais très attention parce que j’ai aussi vu certains de mes camarades se faire avoir par des adultes. Ils prétendaient qu’ils allaient nous donner de l’argent pour attirer notre attention et s’approcher des enfants en leur faisant croire qu’ils allaient leur donner à manger, ou leur permettre d’étudier et s’occuper d’eux, mais la vérité, c’est qu’ils avaient un autre objectif et qu’ils vous utilisaient, par exemple pour faire le ménage chez eux, et parfois ils avaient des intentions malhonnêtes comme l’exploitation sexuelle. Il y a tellement d’exploitation dans la rue !

Au bout de plusieurs jours, j’ai soudain retrouvé l’espoir parce qu’un éducateur de rue de la Fondation Tulay ng Kabataan m’a demandé si je voulais rejoindre cette organisation qui aide les enfants vivant dans la rue. Il m’a demandé si je voulais les rejoindre et j’ai d’abord refusé leur proposition. Quelques jours plus tard, quand j’ai su que Tulay ng Kabataan s’occupe vraiment des enfants des rues qui ne sont plus avec leur famille, j’ai réalisé que tous les gens n’étaient pas sans cœur. Il existe encore des gens qui ont un cœur et qui sont prêts à aider les enfants dans le besoin.

Quand j’ai rejoint la Fondation Tulay ng Kabataan, j’ai été très surpris de voir qu’il y a des gens vraiment prêts à aider et j’ai recommencé à rêver. Je me suis dit que quand j’aurai terminé mes études, j’aiderai les enfants des rues qui sont comme moi avant. Je pourrai aussi aider ma famille et la Fondation Tulay ng Kabataan puisque c’est elle qui m’a aidé à poursuivre mes études.

Je sais aujourd’hui que je pourrai continuer mes études parce que TNK est à mes côtés et ne va pas arrêter de m’aider ainsi que mes camarades de la rue. Merci beaucoup !

Question adressée au pape :

Cher Saint-Père, je veux maintenant vous poser ces questions : Il y a beaucoup d’enfants négligés par leurs parents. Il y en a aussi beaucoup qui sont devenus des victimes et beaucoup de choses terribles leur sont arrivées, comme la drogue ou la prostitution. Pourquoi est-ce que Dieu permet que ces choses arrivent, même quand ce n’est pas la faute des enfants ? Et pourquoi y a-t-il si peu de personnes pour nous aider ?  

Traduction Constance Roques

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ZENIT Staff

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