Philippines : Les responsables religieux tentent de construire la paix

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Alors que les affrontements entre l’armée et le groupe Abu Sayyaf s’intensifient

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ROME, Mardi 29 Septembre 2009 (ZENIT.org) – Mardi 29 septembre, une mine posée par le groupe Abu Sayyaf (1) près de la ville d’Indanan, sur l’île de Jolo, a causé la mort de deux soldats américains, d’un marine philippin, et a blessé grièvement deux autres militaires, a rapporté l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP) Eglises d’Asie.

Il s’agit de la seconde attaque meurtrière contre les soldats américains présents dans l’île depuis 2002, afin de former l’armée des Philippines à combattre le groupe islamiste, soupçonné de liens avec Al-Qaïda.

Selon les autorités militaires, l’attentat a été commis sur un convoi qui revenait de mission humanitaire, les marines américains n’étant pas autorisés à participer aux combats. Il intervient une semaine après la prise par l’armée philippine du camp retranché d’Abu Sayyaf dans la ville d’Indanan, considéré comme le principal bastion du groupe terroriste sur l’île de Jolo. Les militaires s’étaient emparés le 21 septembre de la place-forte des islamistes, à l’issue d’affrontements ayant fait, selon le général Benjamin Dolorfino, responsable des opérations dans le sud du pays, plus de 30 morts du côté des islamistes et huit du côté de l’armée.

Les îles de Jolo et de Basilan, à l’extrême sud des Philippines, sont le fief d’Abu Sayyaf ainsi que du Moro Islamic Liberation Front (MILF), dont l’armée a annoncé, le 23 septembre dernier, avoir capturé l’un des chefs, Camarudin Hadji Ali (‘Commandant Mudi’), recherché avec le commandant Ameril Umbra Kato, pour avoir brisé une trêve de cinq ans avec le gouvernement par des actes de violence armée. Le MILF a cependant démenti la nouvelle de l’arrestation de son chef de guerre.

L’offensive du 22 septembre contre le repaire d’Abu Sayyaf, fortement médiatisée par le gouvernement philippin, a cependant fait l’objet de vives critiques, et ce malgré les griefs que nourrit la population à l’égard du groupuscule islamiste. Le fait que l’armée philippine ait lancé son attaque le jour de l’Eid-al-Fitr, fête qui clôt le mois du ramadan, a profondément choqué l’ensemble de la population musulmane. Sur MindaNews, le 23 septembre, le Conseil philippin pour l’islam et la démocratie (PCID), ainsi que la Conférence nationale des oulémas des Philippines (NUCP), tout en réaffirmant leur condamnation des agissements d’Abu Sayyaf ainsi que de « tout autre groupe terroriste », s’interrogent sur les intentions véritables du gouvernement, qui a choisi de bombarder Indanan « au moment où les musulmans sont les plus vulnérables, en prière à la mosquée ».

Les critiques ont été d’autant plus vives que, dans les localités de Mindanao et de l’archipel de Sulu où vit une importante communauté musulmane, les chrétiens avaient souhaité participer avec les musulmans aux festivités de l’Eid-al-Fitr, dans un esprit de dialogue et de réconciliation. Parallèlement aux actions lancées récemment par le gouvernement afin de relancer le processus de paix avec le MILF, en créant notamment un nouveau groupe de médiation, les communautés chrétiennes et musulmanes du sud des Philippines avaient multiplié ces derniers temps les initiatives communes de réconciliation. L’une d’entre elles, « la Semaine pour la Paix », organisée par la Conférence des évêques et des oulémas (Bishop-Ulama Conference, BUC), se tiendra à Mindanao du 29 novembre au 3 décembre 2009, pour sa 11e édition. Parmi les nombreux objectifs que se fixe la Conférence pour faire participer l’ensemble de la population au dialogue pour la paix, figurent en première ligne le tissage de liens entre les jeunes des communautés chrétienne et musulmane, ainsi que le développement de l’éducation et des échanges culturels (2).

(1)           Le groupe Abu Sayyaf, qui compterait environ 400 combattants, a été créé au début des années 1990. Ses leaders revendiquent la création d’un Etat musulman indépendant dans le sud des Philippines. Malgré son petit nombre de militants, il est responsable de nombreux enlèvements, assassinats et attentats, dont celui contre un ferry qui, en 2004, coûta la vie à plus de 100 personnes.

(2)           Reuters, 29 septembre 2009 ; Fides, 23 septembre 2009 ; Associated Press, 29 septembre 2009 ; BBCNews, 29 septembre 2009 ; Philippines Daily Inquirer, 22 septembre 2009.

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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