Philippines: Le cardinal Jaime Sin s’éteint à Manille

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L’instigateur de la Révolution du rosaire

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ROME, Mardi 21 juin 2005 (ZENIT.org) – Les Philippines pleurent le cardinal Jaime Sin, archevêque émérite de Manille, décédé tôt au matin de ce 21 juin des suites d’un diabète qui l’avait empêcher de participer aux funérailles de Jean-Paul II et au conclave du mois d’avril. Il avait 77 ans.

Il s’était retiré du gouvernement pastoral de Manille en 2003, après 27 ans à la tête du diocèse. « Ses chaussures sont trop grandes pour être portées par un autre », disait de lui un de ses confrères, l’évêque de Timus, Mgr Luis Tagle, en 2003, au lendemain de sa démission.

Dans un télégramme de condoléances adressé à son successeur, Mgr Gaudencio B. Rosales, le pape Benoît XVI évoque « avec gratitude l’engagement sans faille » du cardinal Sin « à diffuser l’Evangile et à promouvoir la dignité, le bien commun, et l’unité nationale du peuple philippin ».

Benoît XVI dit prier pour que Dieu accorde au défunt cardinal « la récompense de ses travaux » et qu’il « accueille son âme noble dans la joie et la paix de son Royaume éternel ».

Il était admiré pour sa franchise et pour son courage, et ses prises de position avaient favorisé la mobilisation populaire non-violente contre la dictature, la « Révolution du rosaire », puis contre un président corrompu, lors de la seconde « Révolution du rosaire ».

Paul VI l’avait « créé » cardinal alors qu’il avait à peine 48 ans. En 1941, il étudiait au petit séminaire de Jaro, lorsque la seconde guerre mondiale contraignit ses parents à quitter sa ville natale de New Washington pour se réfugier dans la montagne à l’intérieur du pays, pendant trois ans. Il reprit ses études après la guerre et fut ordonné prêtre en 1954. Sa première mission fut au milieu des montagnards : il allait de village en village annoncer l’Evangile. Déjà il se sert de la radio, lui qui fondera plus tard Radio Veritas.

C’est en 1974 qu’il devint archevêque de Manille. Et il dut alors se confronter au régime du dictateur Ferdinando Marcos. En 1986, il exhorte la foule à envahir la grande artère de la ville, appelée « Esda », près d’un sanctuaire marial, pour ériger une barrière de protection pour les 300 soldats qui s’étaient révoltés contre la dictature. La population prend les armes de la prière et de la désobéissance civile. La « Révolution du rosaire » l’emporte, Marcos lâche le pays. La présidente catholique Cory Aquino sera élue.

Quinze ans plus tard, face au pouvoir corrompu du président Joseph Estrada, le cardinal Sin encourage un nouveau soulèvement populaire. Le président démissionne.

Le cardinal Sin était d’origine chinoise, sa famille venant de la région de Xiamen, et il est l’un des rares cardinaux à avoir pu se rendre en Chine populaire.

Ses funérailles auront lieu en la cathédrale de Manille, à une date encore à préciser.

Avec la mort du cardinal Sin, le collège des cardinaux se compose désormais de 181 membres, dont 66 de plus de quatre-vingt ans.

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ZENIT Staff

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