Philippines: L'Eglise catholique s'oppose à la peine de mort

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Et applaudit le moratoire des exécutions capitales

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CITE DU VATICAN, Jeudi 24 octobre 2002 (ZENIT.org) – L’Eglise catholique accueille positivement la décision de la présidente des Philippines de suspendre les exécutions capitales et déclare rester vigilante sur la question de l’abolition de la peine de mort, indique l’agence des Missions étrangères de Paris, Eglises d’Asie (EDA, cf. eglasie.mepasie.org), dans son édition de la mi-octobre.

Par la voix des responsables de la Commission épiscopale pour le soin pastoral des prisons, l’Eglise catholique a accueilli avec satisfaction l’annonce le 1er octobre dernier par la présidente des Philippines d’un moratoire sur les exécutions capitales dans le pays. Ce jour-là en effet, le secrétariat pour les relations avec la presse de la présidence a fait savoir que Gloria Macapagal-Arroyo avait ordonné la suspension de l’exécution de toutes les peines capitales dans l’attente d’un vote par le Congrès sur le maintien ou non de la peine de mort. Avant cela, une résolution appelant à un moratoire sur les exécutions capitales avait été signée par 104 des 216 députés de la Chambre des représentants et 15 des 23 membres du Sénat, les signataires de ce texte demandant à la présidente de ne pas envoyer à la mort des condamnés tandis qu’ils doivent débattre prochainement de l’éventuelle abolition de la peine de mort et de la commutation des peines de mort déjà prononcées en peines de prison à perpétuité.

Les responsables de la commission épiscopale se sont toutefois gardés d’un enthousiasme excessif. Rodolfo Diamante, secrétaire de la commission, a souligné que le débat sur la peine de mort aux Philippines avait « toujours été un débat politique » et que l’Eglise « continuera à critiquer Arroyo si elle change d’avis [sur cette question] ». Au gré des changements à la tête de l’exécutif philippin, la question de la peine de mort a souvent été au centre des débats ces dernières années, les présidents successifs prononçant un moratoire sur les exécutions lorsqu’ils souhaitaient se rapprocher de l’Eglise catholique, qui a, depuis de nombreuses années, toujours fait campagne dans le sens de l’abolition de la peine capitale, ou bien ré-institutant la peine capitale lorsqu’ils désiraient montrer leur fermeté à l’opinion publique dans la lutte contre le crime et la corruption.

En 1987, les Philippines ont aboli la peine de mort puis l’ont restaurée en 1993 par un vote du Congrès à l’occasion de l’adoption d’une « Loi sur les crimes particulièrement odieux ». Entre février 1999 et janvier 2000, sous la présidence de Joseph Estrada, sept condamnés ont été exécutés. Puis, en mars 2000, Joseph Estrada, dont la cote de popularité était sur le déclin, a prononcé un moratoire sur les exécutions, dans un geste que les observateurs ont analysé comme une tentative de se rapprocher de l’Eglise catholique. Avec l’arrivée de Gloria Arroyo au pouvoir, en janvier 2001, l’espoir d’une abolition de la peine capitale s’est à nouveau fait jour parmi les opposants au châtiment suprême. Espoir déçu en octobre de la même année lorsque la présidente, réagissant à une hausse de la criminalité, appela à l’exécution rapide de six kidnappeurs, condamnés à mort avant le moratoire de mars 2000.

Depuis cette date, l’Eglise n’a pas manqué de rappeler à la présidente qu’elle était arrivée au pouvoir en s’affichant dans le camp des abolitionnistes et qu’en 1993, lors du vote sur le rétablissement de la peine de mort, lorsqu’elle siégeait au Sénat, elle s’était abstenu de voter car elle était « en conscience contre la réintroduction de la peine capitale ». En août dernier, un des évêques auxiliaires de Manille a écrit dans un journal du pays que la présidente ne pouvait décemment se rendre à la réception organisée pour l’anniversaire du cardinal Sin, le 31 août, alors qu’elle avait donné son feu vert à une exécution capitale la veille. Deux jours plus tôt, le 29 août, le cardinal avait appelé à la clémence pour tous les condamnés à mort dans une « Déclaration pastorale au sujet de la peine de mort ».

Au 31 juillet 2002, les « couloirs de la mort » philippins comptaient 1 010 personnes dont 464 condamnées pour viol aggravé de crimes tels que l’homicide ou le meurtre. Cependant, depuis le moratoire décrété par le président Estrada en mars 2000, les Philippines n’ont pas procédé à de nouvelles exécutions capitales.
© EDA

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ZENIT Staff

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