Pastorale du mariage : ni "bonisme" ni "rigorisme"

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Mais justice et miséricorde, inséparables

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La justice et la miséricorde sont les deux inséparables antidotes au « bonisme » et au « rigorisme » dans la pastorale matrimoniale : c’est ce qu’affirment les intervenants à la journée d’études organisée par la Faculté de droit canonique de l’Université pontificale de la Sainte-Croix, ce 22 mai 2014, sur « Miséricorde et droit dans le mariage ».

Parmi eux : le prof. Denis Biju-Duval, président de l’Institut pastoral ‘Redemptor hominis’, le prof. Eduardo Baura, ordinaire de droit canon à la Sainte-Croix, le prof. Carlos José Errázuriz, le prof. Miguel Angel Ortiz, le prof. Paolo Bianchi, du Tribunal ecclésiastique régional de Lombardie, le prof. Nikolaus Schöch, du Tribunal suprême de la Signature apostolique et le prof. Benedict Ndubueze Ejeh, de la Faculté de droit canon Saint Pie X de Venise.

Très souvent, a expliqué Carlos José Errázuriz, miséricorde et droit sont perçus comme « radicalement antithétiques », comme deux mondes séparés qui suivent des logiques opposées : « l’amour bienveillant, flexible et compatissant d’un côté, et de l’autre, un système de normes rigides qui ignore les exigences personnelles plus intimes. ».

En fait, entre ces deux vertus, il y a « des liens profondément harmonieux », a-t-il souligné : « il faut découvrir ce qui, dans la véritable miséricorde chrétienne, pousse à la justice » car il n’existe pas de miséricorde sans justice.

Le professeur Denis Biju-Duval, a expliqué qu’ « une miséricorde qui serait un prétexte pour refuser de se convertir ne serait ni juste ni miséricordieuse ; et une conversion considérée comme un présupposé purement humain pour pouvoir bénéficier de la miséricorde ne le serait pas non plus ». Il s’agit là plutôt de « dérives » dont souffre la pastorale : « bonisme » d’un côté et « moralisme » de l’autre.

Pour Eduardo Baura, l’expression concrète de la justice et de la miséricorde consiste à ne pas se limiter « à l’application automatique de la loi générale » mais à se soucier des exigences personnelles des individus.

Mais il met en garde contre le risque de confondre la miséricorde avec un sentimentalisme qui pousse à ne pas affronter les problèmes jusqu’au fond, parce que ce serait trop coûteux : « le slogan sentimentaliste produit facilement un résultat puisqu’on ne cherche pas la vérité mais le sentiment immédiat ».

Évoquant la pastorale des fidèles divorcés et remariés civilement, Miguel Angel Ortiz a rappelé qu’il « faut distinguer la responsabilité morale vis-à-vis des choix du passé de la situation actuelle ». La communion eucharistique n’est pas rendue incompatible à cause des fautes passées mais à cause de « l’éventuelle volonté actuelle de vivre en contradiction » avec la signification de communion du mariage et de l’Eucharistie.

À cet égard, « l’Église doit avoir une attitude miséricordieuse, qui aide à accueillir la miséricorde de Dieu, consciente que le premier acte de cette miséricorde est de nous dire la vérité et de vivre selon la vérité », a-t-il expliqué.

Benedict Ndubueze Ejeh a réfléchi sur le « caractère préventif » de la miséricorde dans le domaine matrimonial : « Pour le bien des époux, de la famille et de la société civile et ecclésiale, la miséricorde n’est pas, ne doit pas être, seulement curative. Il est très important que la miséricorde ait un caractère préventif dans le contexte matrimonial ».

Avec Constance Roques pour la traduction

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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