Pakistan: Un catholique abattu par la mafia des terres

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Il était père de 4 enfants

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ROME, jeudi 24 novembre 2011 (ZENIT.org) – Un catholique engagé, marié, père de 4 enfants, a été abattu dans la nuit du 23 au 24 novembre, au Pakistan, par un groupe lié à la « mafia des terres », déplore aujourd’hui Radio Vatican.

Ce catholique a été abattu au Pendjab par la mafia des propriétaires terriens musulmans, explique « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris, dans la dépêche ci-dessous :

Akram Masih, un catholique militant contre les expropriations des chrétiens par les propriétaires terriens musulmans, a été abattu dans le district d’Okara au Pendjab, dans la nuit du 23 au 24 novembre. Selon les rares médias pakistanais qui font mention de l’événement – dont The News International lequel date la mort de la victime de mardi dernier -, le décès du chrétien serait dû à une « dispute de peu d’importance » qui aurait mal tourné, entre Akram Masih et un certain Waseem Ashraf accompagné de ses frères Nadeem et Naeem. L’intervention des autres villageois aurait mis fin à la querelle mais,  rapporte The News International, alors qu’il était en train de revenir à son domicile, le chrétien aurait accusé Nadeem Ashraf qui aurait alors tiré sur lui, suivi par ses frères. Les victimes auraient été emmenées rapidement à l’hôpital où Akram aurait succombé à ses blessures.

C’est une toute autre version qui est présentée par l’agence Asianews. Selon différents témoignages et sources ecclésiastiques locales, Akram Masih, marié et père de quatre enfants a été assassiné pendant la nuit du 23 au 24 novembre, devant sa maison du village de Renala Khurda, par un commando au service des propriétaires terriens. Le groupe armé était mené par Nadeem Ashraf, connu pour être « à la tête de la mafia latifundiaire ». Selon les premiers éléments de l’enquête, le crime a été commis vers 22 h 30 la nuit dernière.

Le P. Shahbaz Aziz, un prêtre du district d’Okara a déclaré à l’agence AsiaNews, qu’à 23 heures, « Akram Masih avait été retrouvé mort » près de la maison familiale, « le corps présentant des traces de torture », une demi-heure après que des témoins aient entendu de nombreux coups de feu. Le prêtre a ajouté que la police, bien qu’elle ait été forcée d’ouvrir officiellement une enquête, n’avait « rien fait pour poursuivre les criminels ».

Depuis des années, Akram Masih, un catholique très pratiquant, était l’objet de menaces de mort incessantes en raison de son combat pour les minorités religieuses dont les biens sont confisqués par les clans des grands propriétaires. Cette pratique du « land-grabbing », est actuellement en pleine augmentation au Pakistan, particulièrement dans la province du Pendjab réputée pour ses sols fertiles. Dans ces régions rurales, où le système social est encore largement féodal, les propriétaires terriens sont quasiment tous musulmans. Grandes familles terriennes ou puissants hommes d’affaires, ils s’approprient illégalement les terres cultivables, le plus souvent en expropriant, avec la  complicité des autorités locales, les petits agriculteurs chrétiens ou hindous qui perdent ainsi leur unique source de subsistance (1).

Akram Masih venait de lancer une campagne contre les spoliations de terrains des chrétiens et l’année dernière encore, il avait réussi à “sauver” deux écoles chrétiennes sur le point d’être saisies par la « mafia latifundiaire ». Selon le P. John Joseph, prêtre catholique à Renala Khurda, le militant chrétien n’avait jamais cessé de « s’opposer courageusement » aux familles de propriétaires musulmans, et ce malgré les menaces de mort de plus en plus inquiétantes qu’il recevait, surtout depuis qu’au début du mois, il avait acheté un lopin de terre que lorgnaient les grands propriétaires. Il avait informé de ces graves menaces le commissariat local par une plainte qui était demeurée sans suite.

En 2003, toujours au Pendjab, le P. George Abraham avait été tué dans des circonstances similaires. Il militait également pour la reconnaissance des droits des minorités et la protection de leurs terres. « Les chrétiens de la région, explique le P. Shabbaz Aziz, sont méprisés et persécutés. Combien de vies seront-elles brisées avant que le gouvernement du Pendjab n’intervienne ? »

Le 5 octobre dernier, dans le district de Mian Chanuu, toujours au Pendjab, une quarantaine d’hommes armés ont fait irruption au domicile d’Adeel Kashif, un charpentier chrétien, afin de l’exproprier. Après avoir jeté dehors tous ses biens, les assaillants ont déshabillé les femmes présentes et les ont torturées. Lorsque les autres chrétiens du village ont voulu leur porter secours, les agresseurs ont ouvert le feu, tuant un jeune homme d’une vingtaine d’années, Sajid Bashir Masih, et blessant grièvement une trentaine de personnes dont un grand nombre de femmes et des enfants. Les villageois ayant appelé la police, celle-ci a arrêté 16 personnes, sauf les principaux suspects pourtant « connus de tous ».

(1) En 2007, des groupes de catholiques et de défenseurs des droits de l’homme s’étaient élevés contre la spoliation des terres aux dépens de 900 familles de chrétiens du district de Muzaffargarh. La commission ‘justice et paix’ de la conférence épiscopale du Pakistan avait dénoncé l’impunité totale dont jouissaient les « voleurs de terres » tel Roy Mansab Ali, un directeur d’usine puissant et membre de l’Assemblée provinciale, qui avait fait transférer les terres des paysans de ces villages à des musulmans, avec l’aide des services fiscaux locaux. L’Eglise, soutenue par différentes ONG, avait demandé au gouvernement de mettre fin aux expulsions forcées et de restituer les terres confisquées illégalement. Voir EDA 458.

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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