Pakistan: Rimsha définitivement acquittée, annonce EDA

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Sentence de la Cour suprême

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« La Cour suprême acquitte définitivement la jeune chrétienne Rimsha Masih, faussement accusée d’avoir profané le Coran », annonce, ce 16 janvier 2013, cette dépêche d’Eglises d’Asie, l’Agence de Missions étrangères de Paris (EDA).        

Le 15 janvier, le jour même où la Cour suprême du Pakistan prenait la décision spectaculaire d’ordonner l’arrestation du Premier ministre pour corruption, plongeant un peu plus la scène politique nationale dans le chaos, cette même Cour suprême a pris une décision très significative pour la petite communauté chrétienne du Pakistan et les défenseurs du droit des personnes dans le pays : saisie de « l’affaire Rimsha Masih », les juges suprêmes ont définitivement acquitté cette jeune chrétienne, handicapée mentale, faussement accusée en août dernier d’avoir profané le Coran.

Mardi 15 janvier, il a suffi d’une seule audience pour que le président de la Cour suprême, le juge Iftikhar Muhammad Chaudhary, connu pour ses arrêts en faveur de la défense des droits des simples citoyens et contre la corruption de la classe politique, assisté des juges Sh. Azmat Saeed et Gulzar Ahmad, confirme l’acquittement de Rimsha Masih prononcé par la Haute Cour d’Islamabad le 20 novembre 2012.

L’audience s’étant déroulée en l’absence de Rimsha Masih, âgée de 11 ou 14 ans, placée avec sa famille dans un lieu tenu secret depuis sa remise en liberté sous caution le 7 septembre 2012, ce sont les avocats de la jeune fille qui ont commenté la décision de justice. Tahir Naveed Chaudhry s’est « évidemment félicité » de l’arrêt de la Cour suprême, qui « clôt définitivement les poursuites » engagées contre la jeune chrétienne. Cette décision de justice « envoie un message positif à la communauté internationale, signifiant ainsi qu’au Pakistan la justice peut être rendue équitablement pour tous », a déclaré l’avocat, ajoutant que « la société (pakistanaise) [s’était] levée pour la justice et la tolérance ».

Accaparée par les turbulences politiques créées par une importante marche anti-corruption menée par un imam pakistano-canadien ainsi que par l’ordre d’arrestation lancé contre le Premier ministre Raja Pervaiz Ashraf, la presse pakistanaise n’a consacré que très peu d’espace à la nouvelle de l’acquittement définitif de Rimsha Masih. Ce relatif silence contraste avec l’intense agitation médiatique qui avait suivi l’arrestation de la jeune fille, puis le coup de théâtre de sa remise en liberté après qu’une enquête de police eut montré que le manuel coranique qu’elle était censé avoir brûlé l’avait en réalité été par un imam de son voisinage désireux de chasser les chrétiens de son quartier.

Dans l’immédiat, nul ne sait quel peut être l’avenir de Rimsha Masih et de sa famille. Mis à l’abri dans un lieu tenu secret, elle et ses parents, issus d’un milieu extrêmement modeste, ont fait part de leur désir de rester vivre au Pakistan. Toutefois, il est évident que des menaces pèsent sur elle. Par le passé, il est arrivé que des personnes inculpées au titre des lois anti-blasphème soient acquittées par la justice mais tombent victimes des balles ou des coups de foules extrémistes désireuses de faire justice par elles-mêmes.

Par ailleurs, si « l’affaire Rimsha Masih » a permis un temps à l’opinion publique de s’interroger sur la nécessité d’une refonte des lois anti-blasphèmes et sur les conditions de leur application, l’acquittement par la Haute Cour d’Islamabad puis aujourd’hui par la Cour suprême sera utilisé par les partisans du maintien en l’état des lois anti-blasphème comme la preuve que le système judiciaire pakistanais fonctionne et est capable d’innocenter des victimes accusées à tort.

D’autres chrétiens attendent que la justice se prononce sur leur sort et ne disposent d’aucune garantie quant à leur éventuel acquittement. C’est le cas d’Asia Bibi, dont le cas a mobilisé l’attention de la communauté internationale et qui vient de passer son quatrième Noël en prison dans l’attente de son procès en appel après avoir été, en 2010, condamnée à mort en première instance. C’est aussi le cas de Martha Bibi, une chrétienne elle aussi accusée de blasphème ; remise en liberté sous caution en 2007, elle attend son procès en appel à Lahore.

Selon un décompte publié par l’agence Fides, il existe aujourd’hui au Pakistan trente-six personnes condamnées pour blasphème : seize d’entre elles se trouvent dans les couloirs de la mort dans l’attente de leur exécution et vingt autres purgent une peine de prison à perpétuité.

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.


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ZENIT Staff

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