Pakistan : il y a encore de l'espoir pour Asia Bibi

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Réaction de Paul Bhatti

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La condamnation à mort en appel d’Asia Bibi, la Pakistanaise catholique accusée de blasphème, est « une nouvelle très triste et douloureuse » mais « il y a encore de l’espoir », affirme Paul Bhatti, directeur de l’Alliance des minorités du Pakistan (APMA, All Pakistan Minority Alliance).

La mère de cinq enfants est emprisonnée depuis plus de cinq ans (juin 2009). Elle a été condamnée à mort le 8 novembre 2010 et son recours en appel a été rejeté ce 16 octobre 2014 par la Haute Cour de Lahore.

« C’est une nouvelle très triste et douloureuse, qui nous fait penser qu’il n’y pas de justice pour les plus faibles », commente Paul Bhatti au micro de Radio Vatican.

Mais l’ancien ministre de l’Harmonie nationale au Pakistann’est pas surpris : « cette nouvelle était un peu prévisible, dans la mesure où à chaque fois les procès sont détournés… Il y avait toutes ces excuses pour prolonger ou pour faire dévier le procès : une fois le juge n’était pas là, une autre fois c’est l’avocat qui ne s’est pas présenté… ».

Comme l’avocat d’Asia Bibi, Naeem Shakir, il dénonce « les pressions » sur la justice qui est « souvent très influencée par les groupes extrémistes » : « dans des pays comme celui-ci, la justice est souvent niée aux faibles parce qu’elle est influencée par ces idéologies très fortes, extrêmes, qui sont très puissantes ».

Mais il fait part de son « optimisme » : « J’ai encore de l’espoir, puisque cette phase n’est pas définitive ; il y a d’autres étapes pour présenter un recours. Il faut préparer correctement le cas et faire appel devant la Cour suprême… Si nous regardons l’histoire du Pakistan, il y a une espérance parce que, jusqu’à maintenant, personne n’a été condamné à mort par la Cour pour cette loi. Si nous réussissons à faire appel à la Cour suprême, ceci donnera une espérance et peut-être une solution au problème. »

Paul Bhatti évoque les vains efforts des mobilisations au niveau international : « il faut un groupe d’avocats capables de gérer, discuter et porter devant la Cour des preuves nouvelles, parce que même si les deux sœurs musulmanes ont témoigné contre Asia, il y a beaucoup d’autres points sur lesquels elle pourrait être innocentée ».

« Nous avons déjà consulté d’autres avocats, d’autres personnes. D’ici peu, j’y retournerai et j’espère traiter personnellement cette affaire pour trouver une solution définitive », ajoute-t-il.

Il fait mémoire aussi des nombreux chrétiens qui, au Pakistan comme dans d’autres pays, sont les victimes innocentes « d’une idéologie extrême » : « Ils sont harcelés. Et souvent, ce sont des personnes plus faibles, qui sont des victimes faciles de ces accusations, parfois même pour des motifs personnels et non pas parce qu’elles ont commis quelque chose. »

Paul Bhatti est le frère de Shahbaz Bhatti, ministre pakistanais des minorités religieuses, assassiné en 2011, et qui avait défendu Asia Bibi.

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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