Pakistan : Assassinat du ministre des minorités religieuses Shahbaz Bhatti

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ROME, Mercredi 2 mars 2011 (ZENIT.org) – Shahbaz Bhatti était chrétien, catholique. Il avait été menacé par des militants islamistes pour avoir osé manifester sa volonté d’abroger les lois anti-blasphème en vigueur au Pakistan. L’article 295 C du code pénal pakistanais prévoit que « quiconque aura profané le nom sacré du prophète sera puni de mort ».  Il a été assassiné mercredi 2 mars 2011 par des hommes qui ont criblé de balles sa voiture alors qu’il sortait de sa résidence, à Islamabad, a rapporté l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED), le 2 mars.

Peter Jacob, secrétaire exécutif de la Commission Nationale Justice et Paix au Pakistan, a informé l’AED que des manifestations de soutien à la cause du ministre défunt devraient avoir lieu aujourd’hui à Lahore, Karachi et Multan. Les autorités chrétiennes se rencontreront dans la soirée. Shahbaz Bhatti devrait être enterré demain ou après-demain à Khushpur, son village natal, près de Faisalabad.

« Devant cet assassinat, les chrétiens manifestent tristesse et colère. Ils le ressentent comme un message donné aux minorités et aux libéraux sur les risques qu’ils encourent. Jusqu’à maintenant, le gouvernement n’a pas réagi. Ses membres sont aussi menacés. Une réaction forte des fonctionnaires d’Etat serait un miracle », a-t-il encore déclaré à l’AED.

Rappelons que le 4 janvier dernier, le gouverneur du Penjab, Salman Taseer, avait été assassiné par son propre garde du corps. Il était allé rendre visite à Asia Bibi, une chrétienne accusée de blasphème qui attend son jugement en prison et clame son innocence.

Les manifestations de soutien à la personne et à la cause de Malik Mumtas Hussain Qadri, le garde du corps, s’étaient multipliées dans le pays. L’un des principaux cercles religieux, le Jamaat-e-Ahl-eSunnat, avait alors fait savoir que la mort du gouverneur devait servir de « leçon » aux politiciens, intellectuels,  journalistes et quiconque manifesterait le désir d’amender ou d’abroger les lois anti-blasphème.

A cette occasion, Shahbaz Bhatti avait déclaré à Radio Vatican : « Ces actes de violence ne doivent pas instaurer un climat de peur. Ils ne peuvent pas nous empêcher d’être la voix de la justice et d’œuvrer à la protection des minorités et des innocents au Pakistan ». En novembre, Shahbaz Bhatti avait présenté au président Asif Ali Zardari une demande de clémence pour Asia Bibi. Les diverses menaces n’avaient pas entaché la ténacité de l’homme politique.

Il y a quelques semaines, Shahbaz Bhatti affirmait à l’agence Fides : « Mon combat se poursuivra malgré les difficultés et les menaces que j’ai reçues. Mon seul but est de défendre les droits fondamentaux, la liberté religieuse et la vie même des chrétiens et des autres minorités religieuses. Je suis prêt à tout sacrifice pour cette mission que j’exerce avec l’esprit d’un serviteur de Dieu ».

Au Pakistan, les lois anti-blasphème représentent une épée de Damoclès sur la tête des quelque 3% de non-musulmans dans un pays qui compte 167 millions d’habitants.

L’Aide à l’Église en Détresse est une association internationale de droit pontifical, membre associé du Conseil National de la Solidarité des Evêques de France. Elle soutient les chrétiens partout où ils sont persécutés, réfugiés ou menacés. L’AED intervient dans 137 pays.

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ZENIT Staff

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