La Haute Cour de Lahore a confirmé la condamnation à mort d’Asia Bibi, la Pakistanaise catholique accusée de blasphème, rapporte l’agence vaticane Fidesce 16 octobre 2014. Sa défense est décidée à présenter un recours devant la Cour Suprême.
La mère de famille de cinq enfants est emprisonnée depuis plus de cinq ans (juin 2009). Elle a été condamnée en premier degré le 8 novembre 2010. Mais le recours en appel présenté par la défense a été rejeté ce matin.
Au cours de l’audience, la défense a tenté « de démontrer l’existence d’un complot », explique l’un de ses défenseurs, l’avocat chrétien Naeem Shakir : le plaignant, Qari Mohammad Salama, imam d’une mosquée du village d’Ittanwali, au Pendjab, « se base sur un ouï-dire, attendu qu’il n’était pas présent durant l’altercation au cours de laquelle Asia Bibi aurait insulté le prophète ».
De même, « le plaignant n’a entendu directement aucune expression blasphématoire de la part de l’inculpée ». « L’ensemble de l’affaire se base sur le témoignage de deux sœurs qui s’étaient disputées avec Asia Bibi et qui, se sentant humiliées, ont déclenché la plainte par rancœur et pour se venger », ajoute Maître Shakir. Mais le juge a retenu valides les accusations des deux musulmanes.
« La justice est toujours plus entre les mains des extrémistes », dénonce-t-il en rendant hommage à Asia Bibi qui « a résisté à de nombreux défis au cours du procès et a payé, jusqu’ici, un prix vraiment très élevé », en demeurant « ferme dans sa foi chrétienne ».
En accord avec le mari d’Asia Bibi, un recours sera présenté devant la Cour Suprême, dernier degré de jugement au Pakistan, précise Fides.
Le cas d’Asia Bibi a suscité de nombreuses protestations au sein de la communauté internationale. Au Pakistan, Salman Taseer, gouverneur musulman de la province du Pendjab et Shahbaz Bhatti, ministre pour les minorités, qui avaient cherché à la défendre, ont été tués.
Pour Noël dernier, Asia Bibi avait fait parvenir une lettre au pape François : « Comme beaucoup d’autres détenus, j’ai moi aussi fêté la naissance du Seigneur dans ma prison de Multan, ici au Pakistan », écrivait-elle.
Elle exprimait sa « confiance dans le plan de Dieu » : « J’ignore combien de temps je pourrai tenir. Si je suis encore en vie, c’est grâce à la force que vos prières me donnent… Je veux simplement me confier à la miséricorde de Dieu, qui peut tout. Lui seul peut me libérer. »
