P. Cantalamessa : Seule la foi peut nous permettre d’atteindre Dieu

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Homélie du dimanche 7 octobre

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ROME, Vendredi 5 octobre 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 7 octobre, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 17, 5-10

Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »
Le Seigneur répondit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous obéirait.
« Lequel d’entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : ‘Viens vite à table’ ?
Ne lui dira-t-il pas plutôt : ‘Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour.’
Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ?
De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : ‘Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n’avons fait que notre devoir.’ »

© http://www.aelf.org

Augmente en nous la foi

L’Evangile d’aujourd’hui s’ouvre sur une demande des apôtres à Jésus : « Augmente en nous la foi ! » Au lieu de satisfaire leur désir, Jésus semble vouloir l’accroître. Il dit : « La foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde… ». La foi est sans aucun doute le thème dominant de ce dimanche. Dans la première lecture on entend la célèbre affirmation de Habaquq reprise par saint Paul dans la Lettre aux Romains : « Le juste vivra par sa fidélité ». L’acclamation avant l’Evangile est également liée à ce thème : « Telle est la victoire qui a triomphé du monde : notre foi » (1 Jn 5, 4).

La foi a des significations nuancées. Je voudrais aujourd’hui considérer la foi dans son acception la plus commune et la plus élémentaire : croire ou ne pas croire en Dieu. Non pas la foi en fonction de laquelle on décide si l’on est catholique ou protestant, chrétien ou musulman, mais la foi en fonction de laquelle on décide si l’on est croyant, ou non croyant, croyant ou athée. Un texte de l’Ecriture dit : « Celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il existe et qu’il se fait le rémunérateur de ceux qui le cherchent » (He 11, 6). C’est le premier degré de la foi, sans lequel on ne peut en gravir d’autres.

Pour parler de la foi à un niveau aussi universel on ne peut pas se baser uniquement sur la Bible car cela n’aurait de valeur que pour nous chrétiens et, en partie pour les juifs, mais pas pour les autres. Heureusement, Dieu a écrit deux « livres » : l’un est la Bible et l’autre, la création. L’un est composé de lettres et de mots, l’autre de choses. Il n’est pas donné à tout le monde de connaître, ou de pouvoir lire le livre des Ecritures ; mais tous, où qu’ils vivent et quelle que soit leur culture, peuvent lire le livre de la création. La nuit, peut-être encore mieux que le jour. « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’œuvre de ses mains, le firmament l’annonce… pour toute la terre en ressortent les lignes et les mots jusqu’aux limites du monde » (Ps 19, 5). Paul affirme : « Ce qu’il y a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres » (Rm 1, 20).

Il est urgent de dissiper le malentendu très répandu selon lequel la science a désormais résolu le problème et expliqué le monde de manière exhaustive, sans qu’existe le besoin de recourir à l’idée d’un être extérieur, appelé Dieu. D’une certaine manière, la science nous rapproche aujourd’hui davantage de la foi en un créateur, que par le passé. Prenons la fameuse théorie qui explique l’origine de l’univers par le Big Bang, ou la grande explosion initiale. En un milliardième de milliardième de seconde, on passe d’une situation où il n’y a encore rien, ni espace ni temps, à une situation où le temps a commencé, où l’espace existe, et dans une particule infinitésimale de matière, il y a déjà, en puissance, l’univers de milliards de galaxies tel que nous le connaissons aujourd’hui.

A qui affirme : « Cela n’a pas de sens de se poser la question de ce qu’il y avait avant cet instant, car il n’existe pas un ‘avant’ puisque le temps n’existait pas encore », je réponds : « Comment peut-on ne pas se poser cette question ? ». « Remonter dans l’histoire du cosmos, affirme-t-on encore, c’est comme feuilleter les pages d’un livre immense en commençant par la fin. Arrivé au début, on s’aperçoit que c’est comme s’il manquait la première page ». Je crois que c’est précisément sur cette première page manquante que la révélation biblique a quelque chose à dire. On ne peut pas demander à la science de se prononcer sur cet « avant » qui est en dehors du temps, mais celle-ci ne devrait pas non plus fermer le cercle en faisant croire que tout est résolu.

On ne prétend pas « démontrer » l’existence de Dieu, dans le sens que nous donnons communément à ce terme. Ici bas, nous voyons comme dans un miroir ou à travers une énigme, dit saint Paul. Lorsqu’un rayon de lumière entre dans une pièce, ce que l’on voit n’est pas la lumière elle-même, mais la danse de la poussière qui reçoit et révèle la lumière. C’est ce qui se passe avec Dieu : nous ne le voyons pas directement mais nous voyons comme un reflet de Dieu, dans la danse des choses. Ceci explique pourquoi seul le « saut » de la foi peut nous permettre d’atteindre Dieu.

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ZENIT Staff

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