P. Cantalamessa : Se réconcilier avec Dieu pour pouvoir se réconcilier avec son prochain

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Méditation du père Raniero Cantalamessa

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ROME, Vendredi 8 septembre 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 7, 31-37

Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. On lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui. Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement. Alors Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne ; mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient. Très vivement frappés, ils disaient : « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets. »

© AELF

Effata ! Ouvre-toi !

L’Evangile nous rapporte une belle guérison opérée par Jésus : « On lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui. Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : ‘Effata !’, c’est-à-dire : ‘Ouvre-toi !’ Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement ».

Jésus n’accomplissait pas des miracles comme on actionne une baguette magique ou comme on fait claquer ses doigts. Le « soupir » qu’il émet au moment de toucher les oreilles du sourd nous dit qu’il s’identifiait aux souffrances des personnes, qu’il participait de manière intense à leur malheur, qu’il en portait le poids. A un moment donné, Jésus ayant guéri de nombreux malades, l’évangéliste commente : « Il a pris nos souffrances, il a porté nos maladies » (Matthieu 8, 17).

Les miracles du Christ ne sont jamais une fin en soi, ce sont des « signes ». Ce que Jésus a réalisé un jour sur une personne, sur le plan physique, indique ce qu’il veut réaliser chaque jour pour toute personne, sur le plan spirituel. L’homme guéri par le Christ était sourd-muet ; il ne pouvait communiquer avec les autres, écouter leur voix et exprimer ses propres sentiments et ses besoins. Si la surdité et le mutisme consistent dans l’incapacité de communiquer correctement avec son prochain, d’avoir de bonnes et belles relations, alors nous devons reconnaître immédiatement que nous sommes tous plus ou moins des sourds-muets, et que le cri de Jésus « Effata, ouvre-toi ! » s’adresse donc à tous. La différence est que la surdité physique ne dépend pas du sujet, qui ne possède aucune culpabilité, ce qui n’est pas le cas pour la surdité morale. Aujourd’hui, on évite le terme « sourd » auquel on préfère le terme « non entendant » précisément pour distinguer le simple fait de ne pas entendre, de la surdité morale.

Nous sommes sourds, par exemple, lorsque nous n’entendons pas le cri de détresse qui s’élève vers nous et préférons placer le « double vitrage » de l’indifférence entre nous et le prochain. Certains parents sont sourds lorsqu’ils ne comprennent pas que certains comportements étranges ou négligés de leurs enfants cachent une demande d’attention et d’amour. Un mari est sourd lorsqu’il ne sait pas voir dans la nervosité de sa femme un signe de fatigue ou le besoin d’un éclaircissement. Et vice versa pour la femme.

Nous sommes sourds lorsque nous nous enfermons dans un silence méprisant et fâché, alors qu’il suffirait peut-être d’un mot d’excuse et de pardon pour ramener la paix et la sérénité à la maison. Nous religieux, frères et sœurs, avons au cours de la journée des temps de silence, et parfois, en confession, nous nous accusons d’avoir rompu le silence. Je crois que parfois nous devrions nous accuser au contraire de n’avoir pas rompu le silence.

Ce qui toutefois détermine la qualité d’une communication n’est pas le simple fait de parler ou de ne pas parler, mais de parler ou ne pas parler, par amour. Saint Augustin disait aux fidèles dans un discours : « Il est impossible de savoir en toutes circonstances ce qu’il est juste de faire : s’il faut parler ou se taire, s’il faut corriger ou laisser tomber. Voilà donc une brève règle qui t’est donnée et qui est valable dans tous les cas : ‘Aime et fais ce que tu veux’. Veille à ce que dans ton cœur il y ait l’amour, et si tu parles ce sera par amour, si tu te tais ce sera par amour, et tout sera bon car de l’amour ne provient que du bien ».

La Bible fait comprendre où commence la rupture de la communication, d’où vient notre difficulté à entretenir des relations saines et belles les uns avec les autres. Tant qu’Adam et Eve entretenaient de bonnes relations avec Dieu, les relations entre eux étaient également belles et exaltantes. « C’est la chair de ma chair… ». A peine leurs relations avec Dieu s’interrompent, en raison de la désobéissance, les accusations réciproques commencent : « C’est lui, c’est elle… ».

C’est de là qu’il faut chaque fois repartir. Jésus est venu pour nous « réconcilier avec Dieu » et ainsi nous réconcilier les uns avec les autres. Il le fait essentiellement à travers les sacrements. L’Eglise a toujours vu dans les gestes apparemment étranges que Jésus accomplit sur le sourd-muet (il lui met les doigts dans les oreilles et lui touche la langue) un symbole des sacrements grâce auxquels il continue de « nous toucher » physiquement pour nous guérir spirituellement. Pour cette raison, lors du baptême, le prêtre accomplit sur la personne qui reçoit le baptême les gestes que Jésus accomplit sur le sourd-muet : il lui met le doigt dans les oreilles et lui touche le bout de la langue, en répétant la parole de Jésus : Effata, ouvre-toi !

Le sacrement de l’Eucharistie en particulier, nous aide à vaincre l’incapacité de communiquer avec notre prochain, en nous faisant vivre la plus merveilleuse communion avec Dieu.

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ZENIT Staff

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