P. Cantalamessa : Le mariage ne se termine pas avec la mort, il est transfiguré

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Méditation de l’Evangile du dimanche 12 novembre

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ROME, Vendredi 10 novembre 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 12, 38-44

Dans son enseignement, il disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à sortir en robes solennelles et qui aiment les salutations sur les places publiques, les premiers rangs dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et affectent de prier longuement : ils seront d’autant plus sévèrement condamnés. »
Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait la foule déposer de l’argent dans le tronc. Beaucoup de gens riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et déposa deux piécettes. Jésus s’adressa à ses disciples : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

© AELF

Une pauvre veuve s’avança

Un jour, assis en face de la salle du trésor du Temple, Jésus regarde les personnes qui déposent leur aumône. Il remarque une pauvre veuve qui passe devant le tronc et y met tout ce qu’elle possède : deux piécettes, soit, un centime. Il se tourne alors vers les disciples et dit : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ».

Nous pouvons appeler ce Dimanche, le « Dimanche des veuves ». La première lecture raconte également l’histoire d’une veuve : la veuve de Sarepta qui se prive de tout ce qu’elle possède (une poignée de farine et quelques gouttes d’huile) pour préparer à manger au prophète Elie.

C’est une bonne occasion pour consacrer notre attention aux veuves et, bien sûr, également aux veufs d’aujourd’hui. Si la Bible parle si souvent des veuves et jamais des veufs, c’est parce que dans la société antique, la femme restée seule est beaucoup plus désavantagée que l’homme resté seul. Aujourd’hui il n’y a plus de grande différence entre les deux ; on dit au contraire que la femme restée seule s’en sort en général mieux que l’homme dans la même situation.

Je voudrais, à cette occasion, évoquer un thème qui concerne foncièrement non seulement les veufs et les veuves mais toutes les personnes mariées et qui est particulièrement d’actualité en ce mois des défunts. La mort d’un conjoint, qui marque la fin légale d’un mariage, marque-t-elle également la fin définitive de toute communion ? Reste-t-il au ciel quelque chose du lien qui a uni aussi étroitement deux personnes sur la terre, ou tout sera-t-il oublié lorsque l’on franchira le seuil de la vie éternelle ?

Un jour, des Sadducéens présentèrent à Jésus le cas extrême d’une femme qui avait été successivement la femme de sept frères, lui demandant de qui elle aurait été la femme après la résurrection des morts. Jésus répondit : « Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne se marie pas, mais on est comme les anges dans les cieux » (Mc 12, 25). Interprétant de manière erronée cette phrase du Christ, certaines personnes ont affirmé que le mariage n’a aucune continuation au ciel. Par cette phrase, Jésus rejette l’idée caricaturale que les Sadducéens présentent de l’au-delà, comme s’il s’agissait d’une simple continuation des relations terrestres entre les conjoints ; il n’exclut pas le fait que ceux-ci puissent retrouver, en Dieu, le lien qui les a unis sur la terre.

Selon cette vision, le mariage ne se termine pas complètement avec la mort mais il est transfiguré, spiritualisé ; on lui enlève toutes les limites qui caractérisent la vie sur la terre. De même que, du reste, les liens existant entre parents et enfants ou entre amis, ne tombent pas non plus dans l’oubli. Dans une préface des défunts, la liturgie proclame : « La vie est transformée, pas enlevée ». De même, le mariage, qui fait partie de la vie, est transfiguré et non annulé.

Que dire à ceux pour qui le mariage terrestre a été une expérience négative, d’incompréhension et de souffrance ? L’idée que le lien ne se rompe même pas avec la mort n’est-elle pas pour eux davantage un motif de peur que de réconfort ? Non, car avec le passage du temps à l’éternité, le bien reste, le mal tombe. L’amour qui les a uni, même pendant peu de temps, demeure ; les défauts, les incompréhensions, les souffrances qu’ils se sont infligés réciproquement, tombent. Cette souffrance, acceptée avec foi, se convertira même en gloire. De très nombreux conjoints ne feront l’expérience de l’amour vrai entre eux et ainsi, de la joie et de la plénitude de l’union dont ils n’ont jamais joui sur terre, que lorsqu’ils seront réunis « en Dieu ». En Dieu on comprendra tout, on excusera tout, on pardonnera tout.

Et ceux qui ont été mariés, de manière légitime avec plusieurs personnes ? Par exemple les veufs et les veuves remariés ? (Ce fut le cas présenté à Jésus, des sept frères qui avaient eu successivement la même femme pour épouse). Pour eux également, il convient de répéter la même chose : ce qu’il y a eu d’amour et de don authentiques avec chacun des maris et des femmes, cela étant objectivement un « bien » et venant de Dieu, ne sera pas annulé. Au ciel il n’y aura plus de rivalité en amour ou de jalousie. Ces choses n’appartiennent pas à l’amour vrai, mais à la limite intrinsèque de la créature.

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ZENIT Staff

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