P. Cantalamessa : L’important est de faire l’expérience de la puissance créatrice de l’Esprit Saint

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Commentaire sur la Pentecôte

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ROME, Vendredi 25 mai 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire sur la Pentecôte proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre

Jésus, au cénacle, le soir de Pâques, « répandit sur eux son souffle et… leur dit : ‘Recevez l’Esprit Saint’ ». Ce geste du Christ rappelle celui de Dieu qui, lors de la création « modela l’homme avec la glaise du sol, insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant » (cf. Gn 2, 7). Par ce geste, Jésus signifie donc que l’Esprit Saint est le souffle divin qui donne vie à la nouvelle création, comme il donna vie à la première création. L’antienne du psaume souligne ce thème : « O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre ! »

Proclamer que l’Esprit Saint est créateur signifie affirmer que son champ d’action n’est pas uniquement limité à l’Eglise mais s’étend à toute la création. Aucun moment, aucun lieu n’est privé de sa présence active. Il agit dans la Bible et en dehors de la Bible ; il agit avant le Christ, à l’époque du Christ et après le Christ, même s’il n’agit jamais sans lui. « Toute vérité, quelle que soit la personne qui la prononce – a écrit saint Thomas d’Aquin – vient de l’Esprit Saint ». L’action de l’Esprit du Christ en dehors de l’Eglise n’est certes pas la même qu’à l’intérieur de l’Eglise et dans les sacrements. Dans le premier cas il agit par sapuissance, dans le deuxième, par sa présence, en personne.

Cependant, le plus important, à propos de la puissance créatrice de l’Esprit Saint n’est pas de la comprendre ou d’en expliquer les implications mais d’en faire l’expérience. Et que signifie faire l’expérience de l’Esprit comme créateur ? Pour le découvrir, partons du récit de la création. « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme et un souffle de Dieu agitait la surface des eaux « (Gn 1, 1-2). Nous en déduisons que l’univers existait déjà au moment où l’Esprit Saint intervint, mais il était encore sans forme et plongé dans les ténèbres, un chaos. C’est après son action que la création assume des contours précis ; la lumière se sépare des ténèbres, la terre ferme de la mer et tout prend une forme définie.

L’Esprit Saint est donc celui qui fait passer la création du chaos au cosmos, qui fait d’elle quelque chose de beau, d’ordonné, de propre (cosmo vient de la même racine que cosmétique et signifie beau !), il en fait un « monde » au deux sens du terme. La science nous enseigne aujourd’hui que ce processus a duré des milliards d’années mais ce que la Bible veut nous dire, à travers son langage simple et imagé, est que la lente évolution vers la vie et l’ordre actuel du monde n’est pas le fruit du hasard, qu’elle n’est pas l’obéissance à des impulsions aveugles de la matière mais qu’elle est le fruit d’un projet placé dans le monde dès le commencement, par le créateur.

L’action créatrice de Dieu n’est pas limitée à l’instant initial ; il est toujours en train de créer. Appliqué à l’Esprit Saint, cela signifie qu’il est toujours celui qui fait passer du chaos au cosmos, c’est-à-dire du désordre à l’ordre, de la confusion à l’harmonie, de la difformité à la beauté, de la vieillesse à la jeunesse. Ceci à tous les niveaux : dans le macrocosme comme dans le microcosme, c’est-à-dire dans l’univers tout entier comme en toute personne individuelle.

Nous devons croire qu’en dépit des apparences, l’Esprit Saint est à l’œuvre dans le monde et le fait progresser. Pensons à toutes les nouvelles découvertes, non seulement dans le domaine physique mais également sur le plan moral et social ! Un texte du Concile Vatican II affirme que l’Esprit Saint est à l’œuvre dans l’évolution de l’ordre social du monde (cf. Gaudium et spes, 26). Il n’y a pas que le mal qui grandit, le bien grandit également, avec la différence que le mal s’annule, finit avec lui-même mais le bien s’accumule et demeure. Il y a encore certes beaucoup de chaos autour de nous : un chaos moral, politique, social. Le monde a encore tant besoin de l’Esprit de Dieu ! Pour cette raison, nous ne devons pas nous lasser de l’invoquer avec les paroles du psaume : « O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre ! »

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ZENIT Staff

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