P. Cantalamessa : Comment réagir face à la souffrance innocente ?

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Commentaire de l’Evangile du dimanche 20 janvier

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ROME, Vendredi 18 janvier 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 20 janvier, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 1, 29-34

Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël. »

Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘L’homme sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint.’ Oui, j’ai vu, et je rends ce témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

© Copyright AELF – Paris – 1980 – tous droits réservés

Voici l’agneau de Dieu !

Dans l’Evangile, nous entendons Jean Baptiste qui présente Jésus au monde en s’écriant : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ! » L’agneau, dans la Bible, comme du reste dans d’autres cultures, est le symbole de l’être innocent, qui ne peut faire de mal à personne, mais seulement en recevoir. En poursuivant ce symbolisme, la première épître de saint Pierre appelle le Christ « l’agneau sans tache » qui, « insulté, ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas ». Jésus est, en d’autres termes, l’Innocent qui souffre, par excellence.

Quelqu’un a écrit que la souffrance des innocents « est le roc de l’athéisme ». Après Auschwitz, le problème s’est posé de manière encore plus aiguë. On ne compte plus les livres et les œuvres théâtrales écrits sur ce thème. On a l’impression d’assister à un procès et d’entendre la voix du juge qui ordonne à l’accusé de se lever. L’accusé, dans ce cas, est Dieu, la foi.

Qu’est-ce que la foi a à répondre à tout cela ? Avant tout, il est nécessaire que nous nous mettions tous, croyants et non croyants, dans une attitude d’humilité, car si la foi n’est pas en mesure « d’expliquer » la souffrance, la raison l’est encore moins. La souffrance des innocents est quelque chose de trop pur et mystérieux pour pouvoir l’enfermer dans nos pauvres « explications ». Face à la douleur de la veuve de Naïm et des sœurs de Lazare, Jésus, qui avait sûrement bien plus d’explications à donner que nous, ne sut rien faire de mieux que laisser l’émotion l’envahir et pleurer.

La réponse chrétienne au problème de la souffrance est contenue dans un nom : Jésus Christ ! Jésus n’est pas venu nous donner des explications savantes sur la souffrance, il est venu en silence la prendre sur lui. Toutefois, en la prenant sur lui, il l’a transformée de l’intérieur : d’un signe de malédiction, il a fait de la souffrance un instrument de rédemption. Plus encore : il en a fait la valeur suprême, l’ordre de grandeur le plus élevé dans ce monde. Après le péché, la véritable grandeur d’une créature humaine se mesure dans le fait de prendre sur soi le moins de faute possible et le plus de peine possible du péché lui-même. Elle n’est pas tant dans l’une ou l’autre prise séparément – c’est-à-dire dans l’innocence ou dans la souffrance – mais dans la présence des deux éléments dans la même personne. Ceci est un type de souffrance qui rapproche de Dieu. Seul Dieu, en effet, s’il souffre, souffre en tant qu’innocent au sens absolu.

Mais Jésus n’a pas seulement donné un sens à la souffrance innocente, il lui a également conféré un pouvoir nouveau, une fécondité mystérieuse. Regardons ce qui a jailli de la souffrance du Christ : la résurrection et l’espérance pour tout le genre humain. Mais regardons aussi ce qui se passe autour de nous. Combien d’énergie et d’héroïsme suscite souvent, dans un couple, l’acceptation d’un enfant handicapé, cloué sur son lit pendant des années ! Combien de solidarité inattendue autour d’eux ! Quelle capacité d’amour insoupçonnée auparavant !

Cependant, le plus important, lorsqu’on parle de souffrance innocente, n’est pas de l’expliquer mais de faire en sorte qu’elle n’augmente pas à cause de nos actes et de nos omissions. Et il ne suffit pas non plus de faire en sorte que la souffrance innocente n’augmente pas ; il faut aussi chercher à soulager cette souffrance ! Devant le spectacle d’une petite fille transie de froid et tenaillée par la faim, qui pleurait, un homme cria un jour, dans son cœur, à Dieu : « O Dieu, où es-tu ? Pourquoi ne fais-tu rien pour cette enfant innocente ? » Et Dieu lui répondit : « Mais j’ai fait quelque chose pour elle : je t’ai fait toi ! »

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ZENIT Staff

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