Le card. Pietro Parolin à l'ONU © compte facebook de la Mission du Saint-Siège aux Nations Unies

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ONU: "Non à la colonisation idéologique, oui à la recherche du bien commun!", par le card. Parolin (traduction complète)

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Des partenariats pour éradiquer la pauvreté

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Le cardinal Parolin invite les Nations à « s’éloigner de la tendance à la colonisation idéologique et de la tendance à imposer la volonté d’un petit nombre à un grand nombre » et à rechercher le bien commun.

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, chef de la délégation du Saint-Siège à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale de l’ONU, est intervenu à la session plénière du Forum politique 2019 de haut niveau sur le développement durable, à New York, le 24 septembre 2019. Il a souligné la « responsabilité particulière » de ceux qui exercent une fonction publique.

« Le partenariat pour un développement humain durable et intégral implique d’aller ensemble dans la même direction », a conclu le secrétaire d’État. « Cela signifie s’éloigner de la tendance à la colonisation idéologique et de la tendance à imposer la volonté d’un petit nombre à un grand nombre. C’est travailler pour le bien commun, de bonne foi avec toutes les parties concernées ».

Le cardinal Parolin rappelle « le rôle central des partenariats assortis d’engagements concrets » pour éradiquer la pauvreté. Il invite les gouvernements à « encourager et accueillir, exploiter et utiliser les forces et les capacités des milieux universitaires et des entreprises, des communautés religieuses et des organisations confessionnelles, des organisations de la société civile et des acteurs privés, des organismes internationaux et des autres partenariats multilatéraux ».

Voici notre traduction du discours du card. Parolin

HG

Discours du card. Pietro Parolin

Monsieur le Modérateur,

L’Agenda 2030 pour le développement durable engage la communauté internationale à éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions et à faire en sorte que toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants aient les conditions nécessaires pour vivre dans la liberté et la dignité. Cet engagement est aussi global qu’intimidant ; il exige tous nos efforts concertés et toutes nos ressources pour le mettre en œuvre avec succès et réaliser l’Agenda. Aucun État ou gouvernement, aucun programme d’aide publique au développement, aucune organisation ou institution financière ne peut, seul, tenir cet engagement sans travailler dans la solidarité. Cela exige une approche globale, intégrale et de l’ensemble de la société.

Une responsabilité particulière incombe cependant à ceux qui exercent des fonctions publiques. Lors de sa récente visite à Madagascar, le pape François a noté que « la fonction politique et la responsabilité politique représentent un défi constant pour ceux qui ont pour mission de servir et de protéger leurs concitoyens, notamment les plus vulnérables, et de favoriser les conditions d’un développement digne et juste impliquant tous les acteurs de la société civile » (1).

Dans l’exercice de leur responsabilité première de promouvoir un développement humain durable et intégral dans lequel personne n’est laissé pour compte, les gouvernements devraient encourager et accueillir, exploiter et utiliser les forces et les capacités des milieux universitaires et des entreprises, des communautés religieuses et des organisations confessionnelles, des organisations de la société civile et des acteurs privés, des organismes internationaux et des autres partenariats multilatéraux.

Le dernier rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable souligne le rôle central des partenariats assortis d’engagements concrets pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030, compte tenu également du fait que des moyens financiers sont nécessaires à cette fin. Cela implique la mobilisation de ressources humaines, financières, techniques et technologiques pour aider les pays en développement, en particulier ceux qui sont le plus durement touchés par les guerres et les conflits, l’isolement géographique, l’extrême pauvreté, la grave dégradation de l’environnement, voire l’absence des services les plus essentiels. Cela signifie également que les personnes aidées font preuve de fiabilité, de transparence et de responsabilité. Il n’y a rien de plus décourageant pour les donateurs que de voir leurs ressources durement gagnées, les ressources de développement, disparaître sans laisser de trace ou être utilisées dans des projets qui ont peu d’impact ou même un impact négatif sur la vie des populations qu’ils espéraient améliorer.

En outre, le rapport brosse un tableau troublant de l’absence de données disponibles ou de leurs lacunes. La société civile et les gouvernements doivent déployer des efforts plus cohérents et plus constants pour fournir une image exacte et actualisée de la réalité sur le terrain. Sinon, la communauté internationale risque de n’arracher à la pauvreté que ce qui est visible et d’en laisser d’autres encore plus loin en arrière. Cela est d’autant plus inquiétant que les personnes dont on ne dispose pas de données sont souvent les premières laissées pour compte ; ce sont des personnes prises dans des situations de conflit et de violence, ce sont celles qui vivent dans l’extrême pauvreté et l’isolement dans les lieux les plus reculés, ce sont les opprimés et les victimes de l’esclavage moderne. En outre, dans les pays où les instruments de collecte des données sont aussi insuffisants, de nombreux citoyens ne sont pas enregistrés à l’état civil. Il faut encore plus d’efforts et d’attention pour s’assurer que chaque pays dispose de l’appui dont il a besoin pour recueillir et gérer des données exactes et de qualité.

En conclusion, Monsieur le Modérateur, je voudrais souligner que le partenariat pour un développement humain durable et intégral implique d’aller ensemble dans la même direction. Cela signifie s’éloigner de la tendance à la colonisation idéologique et de la tendance à imposer la volonté d’un petit nombre à un grand nombre. C’est travailler pour le bien commun, de bonne foi avec toutes les parties concernées. Le partenariat dépend de la volonté de l’ensemble de la société de traiter les uns avec les autres de façon juste et honnête dans un effort commun pour trouver des solutions ensemble. C’est ainsi que l’objectif noble et intimidant de l’Agenda 2030 pour le développement durable sera atteint pour tous, et en particulier pour ceux qui sont le plus laissés pour compte.

Merci, Monsieur le Modérateur.

NOTE

  1. Pape François, Discours lors de la rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique, Antananarive, 7 septembre 2019.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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