ONU : l'obligation de protéger les minorités du Moyen-Orient

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Mgr Tomasi appelle à une coalition des pays de la région

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Devant le « génocide » actuel au Moyen-Orient, la communauté internationale a l’obligation morale de protéger les victimes, notamment en « poursuivant l’effort du dialogue entre les autorités » et en dernier recours, « quand toutes les autres voies ont été tentées », en usant « de la force », souligne Mgr Tomasi au micro de Radio Vatican.

Mgr Silvano M. Tomasi, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à Genève, fait le point sur la situation au Moyen-Orient, tandis que se poursuit la 28e session du Conseil des droits de l’homme (2-27 mars 2015).

Stopper le génocide au Moyen-Orient

Au Moyen-Orient, « nous sommes d’une certaine façon face à un génocide », fait observer l’archevêque : « la destruction systématique d’un groupe de personnes identifiées pour leur croyance religieuse parce qu’elles sont en désaccord avec les autorités qui commandent le territoire ».

« Devant cette sorte de génocide, s’impose l’obligation morale de protéger ces personnes innocentes ». Pour cela il revient à la communauté internationale de décider des modalités d’action, outre l’« aide humanitaire », ajoute-t-il.

« D’autres tentatives sont possibles », affirme Mgr Tomasi : d’abord « poursuivre l’effort du dialogue entre les autorités et les puissances politiques, pour essayer d’arriver à un cessez-le-feu et à faire taire cette violence systématique, qui détruit des milliers de personnes, des cultures et des communautés entières ».

Au niveau régional, « les pays où ces atrocités sont commises, doivent s’engager directement à protéger leurs citoyens. La solidarité de la communauté internationale est nécessaire, mais non sans la participation active de ces pays qui sont directement impliqués ».

Il s’agit notamment pour « les grands pays qui ont un intérêt dans la région », de former « une coalition de grande envergure avec un objectif clair, celui d’apporter la paix et de ramener chez eux les personnes qui ont été contraintes de fuir ».

L’usage de la force est une solution limite

Mgr Tomasi rappelle que « l’usage de la force, même si, malheureusement il est parfois nécessaire, est une « extrema ratio », une solution vraiment limite, quand toutes les autres voies ont été tentées pour sauvegarder les droits fondamentaux des personnes ».

Pour le Saint-Siège, « le chemin idéal est de négocier et de parvenir sans violence à une solution. La violence mène toujours à des résultats qui ne sont pas constructifs et ensuite, à la longue, elle entraîne d’autres violences ».

« Mais il n’y a pas toujours la volonté politique de répondre de manière constructive ou de s’engager pour des compromis qui peuvent apporter la paix », déplore l’archevêque en exprimant le vœu « que le prix élevé payé par les communautés chrétiennes qui ont eu tant de martyrs, tant de personnes sacrifiées, pourra conduire à une réconciliation ».

Le Saint-Siège n’entretient pas d’illusions sur la difficulté du chemin : « L’histoire de ces 100-150 dernières années montre qu’il y a eu une hémorragie progressive et continue de la présence chrétienne dans ces pays… ces communautés sont dans une position structurelle qui conduit à leur discrimination. »

Une solution « durable et efficace » exige « que les citoyens de ces pays soient tous reconnus comme des citoyens, avec des droits et des devoirs égaux devant l’État, et donc qu’ils soient aussi protégés et qu’ils aient accès à tous les services, au travail, à l’embauche, au service public comme tous les autres citoyens. C’est le point fondamental pour préparer un changement efficace et durable dans la région », conclut-il.

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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