ONU: des actions concrètes pour arrêter le trafic d'êtres humains

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Appel du Saint-Siège

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Pour le Saint-Siège, les politiques de lutte contre le trafic d’êtres humains doivent s’accompagner d’« actions concrètes sur le terrain » et d’« instruments juridiques efficaces ». Il s’agit par exemple de combattre « les modes de vie et les modèles de comportement » qui entrainent la « marchandisation de la vie humaine », mais aussi « d’éradiquer la pauvreté ».

Mgr Francis A. Chullikatt, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies de New-York, est intervenu dans le cadre de l’Assemblée générale sur le « Plan d’action mondial de lutte contre la traite des personnes », les 13 et 14 mai 2013.

Pour des actions concrètes

Le Saint-Siège a appelé à « condamner d’une seule voix la pratique odieuse et immorale de la traite des êtres humains », « une des activités criminelles les plus dynamiques dans le monde d’aujourd’hui », faisant observer que le « Plan d’action mondial » devait être soutenu par des « actions concrètes sur le terrain » et des « instruments juridiques efficaces ».

Il s’agit d’une part de « garantir que les victimes soient libérées de cette forme répugnante d’esclavage contemporain », et que leur soit donnée « l’assistance nécessaire pour reconstruire leur vie ».

Si la migration aujourd’hui est une chance pour « favoriser une meilleure compréhension entre les peuples » et pour « améliorer le bien-être social et économique des migrants et de leurs familles », cependant « pour un trop grand nombre, la réalité de la migration n’est plus une question de libre choix, mais est devenu une nécessité », a déploré le Saint-Siège, pour qui « ce sentiment de désespoir » est le terreau des trafiquants d’êtres humains.

Marchandisation de la vie humaine

En plus des « protections politiques, sociales et juridiques », Mgr Chullikatt a invité à travailler sur « les facteurs sociaux » qui facilitent la traite d’êtres humains.

Il a diagnostiqué l’un des facteurs sociaux dans « la marchandisation croissante de la vie humaine », qui a généré « une véritable industrie de l’exploitation sexuelle ».

Par exemple, pour lutter contre « la traite des femmes et des filles » forcées à « la vente de leur corps » (58% des cas de trafic d’êtres humains), le Saint-Siège a appelé à « contester les modes de vie et les modèles de comportement » qui abîment « l’image des femmes ».

En effet, « l’augmentation de la demande nourrit le marché de cet esclavage et tolère ses immenses coûts humains » : « la prostitution et les consommateurs de soi-disant «services sexuels» contribuent non seulement à la traite des femmes et des filles, mais aussi au manque de respect de leur dignité humaine », a souligné l’archevêque.

La marchandisation des êtres humains se constate aussi dans les « tendances consuméristes » qui demandent « toujours moins cher », « sans égard pour les droits des travailleurs ». Pour lutter contre le travail forcé, le Saint-Siège a rappelé que l’économie mondialisée « nécessite une réglementation adéquate pour s’assurer que la valeur qualitative du travail humain » prime sur le « produit quantifiable ».

<p>Eradication de la pauvreté

« C’est souvent la misère qui pousse ceux qui désirent un avenir meilleur dans les mains de ceux qui s’attaquent à la vulnérabilité des pauvres et des sans défense », a fait observer également Mgr Chullikatt.

C’est pourquoi les efforts pour lutter contre la traite des êtres humains doivent être « intrinsèquement liés » à « l’éradication de la pauvreté », quelle qu’elle soit : en effet, « la pauvreté économique ouvre la porte à l’exclusion ».

Mais c’est « la pauvreté morale et spirituelle » qui pousse les exploitants à voir ceux qui sont dans le besoin non « comme des frères et sœurs » mais « comme un moyen pour atteindre une fin », « empoisonnant » ainsi la solidarité humaine.

L’archevêque a rendu hommage aux personnes qui, au sein de l’Eglise catholique affrontent « une situation dangereuse au quotidien » afin de fournir « des soins et du soutien » aux victimes de traite : « beaucoup de ces personnes ont payé un lourd tribut pour fournir une assistance aux victimes ou dénoncer les agresseurs ».

« Que les hommes et les femmes qui sont la proie de ce trafic sachent que nous sommes solidaires avec eux et que nous cesserons pas nos efforts », a-t-il conclu.

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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