ONU: Aborder la pauvreté extrême sous l´angle des droits humains

La combattre, un « impératif moral »

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CITE DU VATICAN, Vendredi 12 avril 2002 (ZENIT.org) – Le Saint-Siège dénonce à l´ONU « la pauvreté extrême » comme « une offense à la dignité humaine », en tant que grave « violation des droits de l´homme »: c´est ainsi qu´il propose d´aborder la question.

Mgr Diarmuid Martin, Observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies, à Genève, a en effet pris la parole le 10 avril lors de la 58e Session de la Commission des Droits de l´Homme (Genève, 18 mars – 26 avril), destinée à traiter de droits humains et pauvreté extrême.

« Aborder la pauvreté extrême du point de vue des droits de l´homme apportera une contribution particulière pour intégrer une éthique de l´égalité et une éthique de la solidarité », affirmait Mgr Martin.

« L´élimination de la pauvreté » fait maintenant partie de toute politique de développement, constatait Mgr Martin.

Et la « réduction de la pauvreté extrême de 50 % d´ici 2015 » constitue, disait-il, un objectif clef de la « Millennium Declaration » des Nations Unies. Les autres objectifs du développement en découlent.

Cette réduction de la pauvreté est en outre, insistait le représentant du Saint-Siège, le centre des « stratégies de coopération entre les Institutions financières internationales » et les pays pauvres les plus lourdement endettés.

« Mais combattre la pauvreté est cependant surtout un impératif moral, rappelait Mgr Martin, spécialement aujourd´hui étant donné le paradoxe scandaleux de l´extension de la pauvreté extrême existant en même temps que le progrès scientifique et social capable de l´éliminer ».

C´est peut-être aussi, dénonçait Mgr Martin, la « violation des droits de l´homme la plus répandue et la plus paralysante ».

Il réclamait donc une dimension de « droits de l´homme » dans l´engagement international renouvelé pour combattre la pauvreté extrême ».

« Aussi longtemps que le progrès scientifique et le développement social ne sont pas partagés de façon équitable par toute la famille humaine, l´éthique des droits de l´homme, centrée sur l´égalité, ne produit pas l´équité globale désirée. Une éthique de l´égalité doit être intégrée à une éthique de la solidarité. Nous devons construire de nouvelles coalitions de solidarité pour garantir que l´éthique de l´égalité devienne une réalité pour tous ».

« La première et la plus importante contribution d´une approche de la pauvreté extrême selon les droits de l´homme consistera toujours à insister sur la dignité de chaque personne, continuait Mgr Martin, et dans le rappel du fait qu´être contraint de vivre dans la pauvreté extrême est une offense à la dignité humaine ».

« Nous devons faire en sorte qu´une telle approche de la pauvreté extrême selon les droits humains ne devienne pas simplement un principe éthique mais aussi un principe opérant, dans le complexe contexte du monde globalisé d´aujourd´hui, à l´intérieur duquel le point de départ de différents pays et de différentes économies est si différent. Dans ce contexte, mettre l´accent sur l´identification des meilleures pratiques semble une route utile à suivre ».

Le Saint-Siège, ajoutait Mgr Martin, souligne certains principes dans ce sens: « Une approche selon les Droits humains doit toujours insister sur la personne vivant dans la pauvreté en tant que personne et partenaire humain, dotée de dignité, de droits et de potentiels. Une approche selon les Droits humains ne peut pas se satisfaire de politiques qui traitent les personnes vivant dans la pauvreté d´une certaine façon comme une menace, seulement comme des immigrants illégaux, ou demandeurs d´asile potentiels, encore moins comme des terroristes potentiels. Nous répondons à la personne vivant dans la pauvreté non par peur ou par politique à court terme ou par intérêt personnel, mais dans un véritable esprit de solidarité, favorisant le bien commun de la communauté globale tout entière ».

Par conséquent, la personne pauvre est « sujet participant » – doué d´une « grande ingéniosité » – et non « objet » à manipuler. « sans une telle ingéniosité, s´exclamait Mgr Martin, ils ne pourraient pas survivre! »

C´est ce « génie des pauvres » que l´aide internationale doit développer, continuait le représentant du Saint-Siège.

L´aide internationale, disait-il en substance, doit prendre la forme de l´accès à la formation, au crédit, à la protection juridique nécessaire à une telle participation.

A propos des discriminations dont les plus pauvres font l´objet, le représentant du Saint-Siège observait: « Une approche de l´élimination de la pauvreté selon les Droits humains doit insister sur les formes de discrimination et de stigmatisation dont les personnes vivant dans la pauvreté sont victimes. La pauvreté extrême multiplie les discriminations ». D´où un affaiblissement de « l´estime de soi » des pauvres et de leur « capacité à participer ».

Mgr Martin soulignait en particulier cette marginalisation dont souffrent les malades du sida.

Il encourageait les « investissements en hommes et dans les infrastructures » pour favoriser le développement, de façon à « fortifier les communautés humaines qui sont le tissu d´une société civile active et la garantie de ce que le pape Jean-Paul II appelle ´la subjectivité de la société fondée sur les structures de participation et de responsabilité partagée » (Encyclique Centesimus Annus, n.46).

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ZENIT Staff

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