"Nous venons à Rome comme des pèlerins, à la source de notre foi"…

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Ad limina de la province de Marseille et Monaco : Discours du cardinal Panafieu

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CITE DU VATICAN, Jeudi 18 Décembre 2003 (ZENIT.org) – « Nous venons à Rome comme des pèlerins, à la source de notre foi »… Voici le texte intégral de l’allocution du cardinal Bernard Panafieu au pape Jean-Paul II lors de l’audience collective accordée ce matin au Vatican par Jean-Paul II aux évêques français de la province ecclésiastique de Marseille et de Monaco.

Très Saint-Père,

Nous venons à Rome comme des pèlerins, à la source de notre foi, pour prier aux tombeaux de Pierre et de Paul, et raviver auprès d’eux notre service apostolique. Nous ne sommes pas venus seuls, mais avec tout le peuple qui nous est confié et qui est présent en permanence en notre cœur et en notre prière.

Nous sommes heureux de rencontrer avec vous le successeur de Pierre dont la mission est de confirmer ses frères dans la foi. Et nous vous exprimons nos sentiments de profonde communion dans le Seigneur.

Notre Région est une terre de contrastes. Sur nos côtes méditerranéennes s’étale souvent une richesse ostentatoire tandis que les populations de nos banlieues sont marquées par une extrême précarité matérielle et affective. Des jeunes perdent leurs raisons de vivre et sombrent dans la délinquance, alors que d’autres peuplent nos Universités et nos sites de recherches technologiques. La qualité du climat rend la vie souvent très agréable pour ceux qui ont un travail, une famille, une terre.

Les conditions d’existence des immigrés sont d’autant plus difficiles que nombreux sont parmi eux les clandestins et demandeurs d’asile. Ils sont l’objet de l’attention privilégiée des organismes caritatifs que l’Église catholique a mis en place en vue de leur assurer un accueil et un suivi administratif. Ce sont les vrais « pauvres » de nos sociétés occidentales venus depuis longtemps d’Afrique du Nord et subsaharienne, et depuis peu de l’Europe de l’Est et du Moyen-Orient.

Le tourisme se développe de plus en plus, notamment les croisières, les sports de voile sur nos côtes, et le ski dans nos stations alpines. Il est une des ressources essentielles pour notre Région qui attire par la douceur de son climat.

Nos terres ont été labourées par le christianisme qui s’est implanté dès les premiers siècles comme en témoignent les fouilles archéologiques.

Notre province ecclésiastique de Marseille est de fondation récente. Elle prend corps peu à peu et cette visite « ad limina » permet de consolider entre nous évêques, et avec vous, cette collégialité effective et affective dont vous nous rappelez souvent la valeur sacramentelle. Nous tenons à vous remercier pour votre dernière exhortation post synodale « Pastores Gregis », dont la lecture méditée nous aide à raviver notre conscience de successeurs des Apôtres et, malgré les difficultés de notre tâche, à garder au cœur l’espérance des germinations. Vous nous rappelez opportunément que « l’Évêque a besoin constamment de la grâce de Dieu » et que « le ministère apostolique est pour l’Évêque une source de spiritualité, à laquelle il doit puiser les ressources spirituelles qui le font croître en sainteté et qui lui permettent de découvrir l’action de l’Esprit-Saint dans le peuple de Dieu confié à sa sollicitude pastorale ». Et vous ajoutez cette parole qui a des résonances de « Presbyterorum ordinis » sur le ministère comme lieu de la sainteté du ministre ordonné, « le cheminement spirituel de l’Évêque coïncide, dans cette perspective avec la charité pastorale elle-même qui, à juste titre, doit être considérée comme l’âme de son apostolat. Aucun Évêque ne peut ignorer que le sommet de la sainteté demeure le Christ Crucifié, dans son offrande suprême à son Père et à ses frères dans l’Esprit-Saint. C’est pourquoi la configuration au Christ et la participation à ses souffrances devient la voie royale de la sainteté de l’Évêque au milieu de son peuple ».

Ces paroles, Très Saint Père, nous stimulent d’abord dans notre être chrétien, et aussi dans notre ministère épiscopal rendu souvent aride par le contexte de sécularisation dans lequel nous vivons. Notre province méditerranéenne qui a pourtant d’antiques racines chrétiennes que révèlent les découvertes archéologiques récentes et qu’aime célébrer le peuple chrétien autour des figures de saint Lazare, Marthe, Marie-Madeleine, Jean Cassien, Césaire d’Arles, réclame une nouvelle évangélisation qui produit déjà des fruits en faisant naître de nombreux catéchumènes de tous milieux sociaux et en réveillant des adultes et des jeunes dont la foi s’était peu à peu sclérosée.

Dans cette mission, nous rendons hommage aux prêtres et aux diacres, aux religieux et religieuses, et aux nombreux laïcs qui font preuve de dynamisme apostolique dans un contexte souvent indifférent et parfois hostile, de ferveur dans l’annonce de la Bonne Nouvelle, et de fidélité dans l’attachement à l’Évangile. Ils font notre admiration et nous confortent dans notre service apostolique.

Nous ne pouvons pas oublier que le monachisme occidental est né chez nous au Vème siècle avec Jean Cassien qui, ordonné diacre par Saint Jean Chrysostome et prêtre par le Pape Innocent Ier, a uni en lui les deux traditions de l’orient et l’occident en fondant le monastère Saint Victor à Marseille, et en favorisant le monachisme provençal à partir du monastère de Lérins qui a été un vivier d’évêques.

La vie religieuse apostolique et les instituts de vie consacrée sont également très présents dans nos diocèses, sous des formes variées, et dans le respect du charisme fondateur de chaque Congrégation ou Institut ils apportent un témoignage évangélique spécifique, non seulement par le canal d’institutions scolaires ou hospitalières, mais aussi par une présence humble et discrète dans les quartiers urbains et l’espace rural.

Il nous faut espérer que se multiplient les témoins de la foi, jeunes et adultes, notamment au sein des familles chrétiennes, pour ensemencer le champ du Seigneur, et que se lèvent des vocations aux divers ministères et charismes, singulièrement les vocations sacerdotales dont nous avons un urgent besoin.

Très Saint Père, en ce 25ème anniversaire de votre Pontificat comme successeur de Pierre et évêque de Rome, nous vous redisons combien nous sommes heureux de pouvoir vous rencontrer et vous témoigner de notre attachement. Votre courage dans l’épreuve de la maladie, votre souci d’être l’inlassable messager de l’Évangile à la manière des Apôtres,votre attention à notre égard et à l’égard de nos Eglises locales nous touchent profondément. Nous confions votre ministère pétrinien de communion à Notre-Dame, Mère de l’Église et Reine des Apôtres, et nous vous assurons de notre fraternelle et respectueuse affection.

Cardinal Bernard PANAFIEU
Archevêque de Marseille

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ZENIT Staff

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