Nous continuons à nous demander « où est Dieu », alors qu’il est avec nous

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Commentaire de l’évangile du dimanche 25 mai, par le P. Cantalamessa

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ROME, Vendredi 23 mai 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 25 mai, Dimanche de la Fête Dieu, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, 51-59

Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »

Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »

Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Voilà ce que Jésus a dit, dans son enseignement à la synagogue de Capharnaüm.

© Copyright AELF – Paris – 1980 – 2006 Tous droits réservés

Fête des Très Saints Corps et Sang du Christ

Les deux corps du Christ

Dans la deuxième lecture saint Paul nous présente l’Eucharistie comme mystère de communion : « La coupe… que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? » Communion signifie échange, partage. Maintenant, la règle du partage est la suivante : ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à moi. Essayons d’appliquer cette règle à la communion eucharistique et nous verrons « l’énormité » de la chose.

Qu’est-ce qui est vraiment « à moi » ? La misère, le péché sont les seules choses qui m’appartiennent exclusivement. Et que possède Jésus sinon la sainteté, la perfection et toutes les vertus ? La communion consiste alors dans le fait que je donne à Jésus mon péché et ma pauvreté et que lui me donne sa sainteté. Le « merveilleux échange », comme le définit la liturgie, se réalise.

Nous connaissons différents types de communion. La communion entre la nourriture que nous mangeons, et nous-mêmes est très profonde car la nourriture devient chair de notre chair et sang de notre sang. J’ai entendu des mères dire à leurs enfants qu’elles serraient contre elles et qu’elles embrassaient : « Je t’aime tellement que je te mangerais ! »

Il est vrai que la nourriture n’est pas une personne vivante et intelligente avec laquelle nous pouvons échanger des pensées et des marques d’affection mais supposons un instant que la nourriture elle-même soit vivante et intelligente, n’aurait-on pas dans ce cas la parfaite communion ? C’est précisément ce qui se passe dans la communion eucharistique. Dans ce passage de l’Evangile, Jésus dit : « Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel… ma chair est la vraie nourriture… celui qui mange ce pain vivra éternellement. » Ici, la nourriture n’est pas une simple chose mais une personne vivante. Il s’agit de la communion la plus profonde, même si c’est aussi la plus mystérieuse.

Voyons ce qui se passe dans la nature, dans le domaine de la nutrition. C’est le principe vital le plus fort qui assimile le moins fort. C’est le végétal qui assimile le minéral ; c’est l’animal qui assimile le végétal. Cette loi vaut aussi pour les relations entre l’homme et le Christ. C’est le Christ qui nous assimile à lui ; nous nous transformons en lui, non lui en nous. Un célèbre matérialiste athée a dit : « L’homme est ce qu’il mange ». Sans le savoir, il a donné une excellente définition de l’Eucharistie. Grâce à elle, l’homme devient vraiment ce qu’il mange, c’est-à-dire corps du Christ !

Mais lisons la suite du texte de saint Paul : « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ». Il est évident que dans ce deuxième cas le mot « corps » n’indique plus le corps du Christ né de Marie mais « nous tous », ce corps du Christ plus grand qui est l’Eglise. Ceci signifie que la communion eucharistique est toujours également communion entre nous. En mangeant tous de l’unique nourriture, nous formons un seul corps.

Qu’est-ce que cela implique ? Que nous ne pouvons pas être en communion authentique avec le Christ si nous sommes divisés entre nous, si nous nous haïssons, si nous ne sommes pas prêts à nous réconcilier. Si tu as offensé un frère, disait saint Augustin, si tu as commis une injustice contre lui, et vas ensuite recevoir la communion comme si de rien n’était, peut-être plein de ferveur pour le Christ, tu ressembles à une personne qui voit venir vers elle un ami qu’elle n’a pas vu depuis longtemps. Elle court à sa rencontre, lui jette les bras autour du cou et se hisse sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur le front… Mais elle ne se rend pas compte qu’en faisant ce geste, elle lui marche sur les pieds avec des chaussures à clous. En effet, nos frères, souvent les plus pauvres et les plus abandonnés, sont les membres du Christ, sont ses pieds encore posés sur la terre. En nous donnant l’hostie le prêtre dit : « Le corps du Christ », et nous répondons : « Amen ! ». Maintenant nous savons à qui nous disons « Amen », c’est-à-dire oui, je t’accueille : pas seulement Jésus, le Fils de Dieu, mais aussi notre prochain.

Dans la Fête Dieu il y a quelque chose de triste que je ne peux pas ne pas mentionner. Il existe des formes de maladie mentale qui empêchent le malade de reconnaître les personnes de son entourage. Il continue à crier pendant des heures : « Où est mon fils ? Où est ma femme ? Pourquoi ne vient-il pas ? » alors que son fils ou sa femme est peut-être là, à lui serrer la main et lui répéter : « Je suis là, tu ne me vois pas ? Je suis avec toi ! ». C’est aussi ce qui se passe avec Dieu. Nos contemporains cherchent Dieu dans le cosmos ou l’atome ; ils discutent pour savoir s’il y a eu un créateur au commencement du monde. Nous continuons à nous demander « Où est Dieu ? » et nous ne nous rendons pas compte qu’il est avec nous, qu’il s’est fait nourriture et boisson pour être encore plus intimement uni à nous.

Jean Baptiste devrait répéter tristement : « Au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas ». La Fête Dieu est née précisément pour aider les chrétiens à prendre conscience de cette présence du Christ au milieu de nous, pour tenir éveillé que Jean-Paul II appelait « l’émerveillement eucharistique ».

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ZENIT Staff

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