Notification sur certains écrits du révérend P. Vidal, C.Ss.R

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Par la congrégation pour la doctrine de la foi

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CITE DU VATICAN, Lundi 15 mai 2001 (ZENIT.org) – Voici le texte (traduction officielle en français) de la « Notification sur certains écrits du Révérend P. Marciano Vidal, C.Ss.R », en date du 22 février 2001, et publié aujourd´hui par la Congrégation pour la doctrine de la Foi (site: VATICAN) (section curie romaine) et diffusé par la salle de presse du Saint-Siège.

La notification est accompagnée d´un « commentaire à la Notification », en italien et en espagnol.

Les chiffres apparaissant dans le corps du texte ci-dessous se réfèrent aux notes qui suivent. Le document est signé par le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et par le Secrétaire, Mgr Tarcisio Bertone. Il a été approuvé par Jean-Paul II le 9 février dernier.

PRÉAMBULE

Une des tâches confiées à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est de sauvegarder et de défendre la doctrine de la foi afin que le Peuple de Dieu demeure fidèle à l’enseignement reçu. Parfois, la Congrégation doit procéder à un examen doctrinal et signaler, au besoin par une notification publique, les ambiguïtés et les erreurs contenues dans des œuvres d’ample diffusion qui peuvent nuire à la foi du Peuple de Dieu, pour que soit faite la rectification qui convient. En certaines occasions, une telle notification s’avère nécessaire même lorsque l’auteur est prêt à corriger ses erreurs ou s’y emploie déjà.

Après une étude des œuvres du R.P. Marciano Vidal, C.Ss.R.: Diccionario de ética teológica, La propuesta moral de Juan Pablo II. Comentario teológico-moral de la encíclica Veritatis Splendor et les volumes de Moral de actitudes, aussi bien dans la version espagnole que dans la dernière version italienne, la Congrégation, en raison des erreurs et des ambiguïtés constatées de même que de leur diffusion et de leur influence surtout dans le domaine de la formation théologique, décida d’en approfondir l’examen selon la procédure Ordinaire établie par la Agendi Ratio in Doctrinarum Examine.

Le 13 décembre 1997, la Congrégation envoya à l’Auteur, par l’intermédiaire du Révérend Père Joseph William Tobin, Supérieur Général de la Congrégation du Très Saint Rédempteur, le texte de la Contestation officielle. Cette dernière comprenait une introduction touchant la fondation christologique de l’éthique théologique, suivie de deux parties délimitées respectivement par des questions de caractère épistémologique (rapport Écriture-Tradition-Magistère; rapport théologien-Magistère) et par des erreurs de caractère particulier (personne-sexualité-bioéthique; morale sociale: eschatologie-utopie).

Le 4 juin 1998 parvenait à la Congrégation le texte de la Respuesta rédigée par le R.P. Marciano Vidal, aidé du conseiller de son choix, avec la lettre d’accompagnement du Supérieur Général. Ce texte fut examiné par les instances de la Congrégation qui, ne le retenant pas satisfaisant, offrit au P. Vidal une autre possibilité d’éclaircissement de sa pensée sur les points contestés. La nouvelle rédaction des questions fut soumise au jugement des Pères de la Session Ordinaire du 20 janvier 1999, qui décidèrent de concéder une fois encore à l’Auteur les trois mois prévus par la Ratio agendi. Conjointement au texte sus-mentionné, cette procédure fut approuvée par le Saint-Père au cours de l’audience concédée au Cardinal Préfet le 5 février 1999.

La nouvelle documentation et la lettre d’accompagnement furent remises au Supérieur Général des Rédemptoristes au cours d’une rencontre au Dicastère (7 juin 1999). À cette occasion furent communiqués le résultat de l’examen de la précédente Respuesta et la décision de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de reformuler, exceptionnellement, les questions discutées, de façon à obtenir des réponses plus ponctuelles et précises. De plus, tout en manifestant vivement l’espoir que le P. Vidal comprenne cette nouvelle possibilité qui lui était offerte comme une invitation à une réflexion plus approfondie, pour son bien et pour celui de l’Église au nom de laquelle il exerce son activité théologique, il fut décidé que les réponses du P. Vidal devaient parvenir à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, sous une forme personnelle, sans équivoque et succincte, au plus tard le 30 septembre 1999.

Informé de cette nouvelle étape, le P. Vidal, par l’intermédiaire de son Ordinaire, donna l’assurance qu’il s’en tiendrait aux requêtes formulées par la Congrégation. Le 28 septembre 1999, le Supérieur Général remit personnellement au Cardinal Préfet, avec son avis personnel, le texte de la Respuesta a las “Preguntas dirigidas al Rev. P. Marciano Vidal C.Ss.R.”. Le texte de la deuxième Respuesta fut ensuite soumis au jugement des instances de la Congrégation, selon les normes de la Ratio Agendi.

Le 10 novembre 1999, la Session Ordinaire de la Congrégation, en considération de toutes les étapes de l’examen des textes et de l’entière documentation produite, estima terminée la procédure exceptionnelle adoptée. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi constata avec satisfaction que l’Auteur avait manifesté sa disponibilité à corriger les ambiguïtés touchant la procréation artificielle hétérologue, l’avortement thérapeutique eugénique et les lois sur l’avortement, et qu’il avait déclaré son adhésion au Magistère à propos des aspects doctrinaux contestés. Par ailleurs puisque il ne proposait pas de modifications concrètes et substantielles au sujet d’autres positions contenues dans la Contestation, la Congrégation jugea nécessaire la rédaction d’une Notification. Cette dernière devait être présentée au P. Vidal au cours d’un entretien visant à obtenir la reconnaissance explicite des erreurs et des ambiguïtés constatées et à vérifier, selon les principes admis par l’Auteur lui-même, sa disponibilité à réélaborer ses ouvrages selon les modalités établies par la Congrégation. En outre, le texte de la Notification, complété par les ajouts attestant l’issue de la rencontre et approuvé par la Session Ordinaire, devait être publié par la suite. Ces décisions furent confirmées par le Saint-Père pendant l’audience accordée à S.E. Mgr le Secrétaire le 12 novembre 1999.

Le 2 juin 2000 eut lieu la rencontre prévue, à laquelle ont participé: le Cardinal Préfet, S.E. Mgr le Secrétaire, S.E. Mgr Antonio Cañizares Llovera, Archevêque de Grenade, membre de la Congrégation et représentant de la Conférence Épiscopale Espagnole, quelques Délégués nommés par le Dicastère; le R.P. Vidal accompagné des RR. PP. Joseph William Tobin et Joseph Pfab, C.Ss.R., autrefois Supérieur Général et choisi pour l’occasion à titre de Conseiller. À la suite de la présentation formelle de la Notification et d’un entretien serein et profitable tant sur les questions purement doctrinales que sur la mise en application des procédures prescrites, le R.P. Marciano Vidal a accepté le jugement doctrinal formulé par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et a pris l’engagement formel de réélaborer ses écrits selon les modalités établies.

Informés de l’issue positive de la rencontre, les Membres de la Session Ordinaire du 14 juin 2000 et du 7 février 2001 ont pris acte avec satisfaction de l’adhésion du R.P. Vidal et ont de toute façon confirmé la procédure prévue, c’est-à-dire la publication de la présente Notification. Ils ont en outre décidé que les éditions de la Moral de actitudes (y compris le volume sur la morale sociale), du Diccionario de ética teológica, de La propuesta moral de Juan Pablo II et des traductions respectives en d’autres langues, antérieures à la date de la Notification, ne pourront plus servir à la formation théologique. De plus,
l’Auteur devra réélaborer en particulier la Moral de actitudes sous la supervision de la Commission Doctrinale de la Conférence Épiscopale Espagnole. Le texte de la présente Notification avec ses clauses fut transmis, par l’intermédiaire du Supérieur Général, au R.P. Vidal qui l’a accepté en y apposant sa signature.

Cette résolution, qui n’entend pas juger la personne de l’Auteur, son intention, ni la totalité de son œuvre et de son ministère théologique, mais seulement les écrits examinés, est ordonnée à sauvegarder le bien présent et futur des fidèles, des pasteurs et des professeurs de théologie morale, en particulier ceux qui se sont formés selon la théologie de l’Auteur ou qui de quelque façon se reconnaissent dans les mêmes perspectives théologico-morales. Le but est qu’ils s’éloignent des erreurs ou des lacunes dans lesquelles ils ont été formés ou persistent toujours, de même que des conséquences pratiques que de telles positions ont dans le champ pastoral et ministériel.

NOTE DOCTRINALE

1.Évaluation générale

La Moral de actitudes comprend trois volumes. Le premier traite de la morale fondamentale.1 Le second est subdivisé en deux tomes qui traitent, l’un, de la morale de la personne et de la bioéthique théologique,2 l’autre, de la morale de l’amour et de la sexualité.3 Le troisième volume est consacré à la morale sociale.4 Le Diccionario di ética teológica5 offre une étude plus concise mais assez détaillée des principaux concepts et thèmes de la morale chrétienne.

Dans la Moral de actitudes, on constate la préoccupation pastorale pour un dialogue avec «l’homme autonome, séculier et concret».6 Ce but est poursuivi moyennant une attitude d’indulgence et de compréhension attentive au caractère graduel et progressif de la vie et de l’éducation morale et par la recherche d’une médiation qui tente d’atténuer les positions jugées extrêmes en tenant compte des données offertes par les sciences humaines et par diverses orientations culturelles actuelles. Mais cette louable préoccupation ne parvient pas toujours au but escompté, car elle prend le pas sur des aspects essentiels et constitutifs d’une présentation exhaustive de la doctrine morale de l’Église, en particulier l’emploi d’une juste méthodologie théologique, l’exacte définition de la moralité objective des actions, la précision du langage et le caractère exhaustif de l’argumentation.

Comme l’affirme l’Auteur, l’ouvrage Moral de actitudes est élaboré à partir de «l’option pour le paradigme d’une “autonomie théonome” réinterprété par “l’éthique de libération”».7 Vidal s’y propose d’opérer une révision personnelle de ce paradigme, mais ne réussit pas à éviter certaines erreurs liées au modèle choisi et qui correspondent essentiellement à celles signalées par l’Encyclique Veritatis splendor.8 En effet, il ne considère pas que, même dans leur distinction, foi et raison ont une source et une fin communes et donc qu’elles ne se rapportent pas l’une à l’autre uniquement pour délimiter de manière exclusive et excluante leurs champs de compétence ou encore pour les étendre au détriment l’une de l’autre dans une optique d’émancipation. La «“ratio” normative»9 n’est pas conçue comme quelque chose qui se trouve entre l’homme et Dieu comme un anneau qui les unit,10 mais plutôt comme un diaphragme qui s’interpose entre les deux. Pour cette raison, il n’est plus possible de situer dans la “Sagesse divine” le fondement ontologique (et donc objectif) de la compétence morale que tout homme possède indubitablement,11 avec la conséquence que l’on n’admet plus que la raison morale puisse être «éclairée par la révélation divine et par la foi».12

C’est pourquoi l’Auteur répète souvent une des affirmations déterminantes de la charpente de l’ouvrage: «Le propre et le spécifique de l’ethos chrétien n’est pas à chercher dans l’ordre des contenus concrets de l’engagement moral», mais «dans l’ordre de la cosmovision qui accompagne» ces contenus.13 C’est seulement sur l’arrière-plan de ces affirmations que l’on doit comprendre, précise l’Auteur, ce que signifie «la référence à Jésus de Nazareth en tant qu’horizon ou nouveau champ de compréhension et d’expérience vécue de la réalité»,14 ou encore en quel sens on soutient que la foi offre une «influence», un «contexte», une «orientation»,15 un «nouveau champ de référence» et une «dimension».16 Même si l’Auteur affirme quelquefois que «la norme décisive de l’éthique chrétienne est le Christ» et qu’il «n’y a pas d’autre norme pour le chrétien que l’évènement Jésus de Nazareth»,17 sa tentative de fondation christologique ne parvient cependant pas à attribuer une normativité éthique concrète à la révélation de Dieu dans le Christ.18 La fondation christologique de l’éthique est admise en tant qu’elle «redimensionne la normativité intra-mondaine du personnalisme de l’altérité politique».19

L’éthique chrétienne qui en résulte est «une éthique influencée par la foi»,20 mais il s’agit d’une faible influence, car elle se juxtapose de fait à une rationalité sécularisée entièrement conçue sur un plan horizontal. Ainsi, dans la Moral de actitudes, la dimension verticale ascendante de la vie morale chrétienne n’est pas suffisamment mise en relief et les grands thèmes chrétiens comme ceux de la rédemption, de la croix, de la grâce, des vertus théologales, de la prière, des béatitudes, de la résurrection, du jugement, de la vie éternelle, outre le fait qu’ils sont peu présents, restent presque sans influence sur la présentation des contenus moraux.

Il résulte du modèle moral adopté qu’un rôle insuffisant est attribué à la Tradition et au Magistère moral de l’Église qui sont filtrés par les fréquentes «options» et «préférences» de l’Auteur.21 Du commentaire de l’Encyclique Veritatis splendor, en particulier, ressort la conception défectueuse de la compétence morale du Magistère ecclésiastique.22 Bien qu’il informe les lecteurs sur la doctrine de l’Église, l’Auteur s’en éloigne de manière critique dans la solution donnée à divers problèmes de morale spéciale, comme on le verra par la suite.

Enfin, il faut considérer la tendance à utiliser la méthode du conflit des valeurs ou des biens dans l’étude des divers problèmes éthiques ainsi que le rôle joué par les références au niveau ontique ou pré-moral.23 Ces modes de faire conduisent à réduire certains problèmes théoriques et pratiques, comme par exemple le rapport entre la liberté et la vérité, la conscience et la loi, l’option fondamentale et les choix concrets, qui ne peuvent être résolus de manière positive, l’Auteur ne prenant pas position de façon cohérente. Sur le plan pratique, il n’accepte pas la doctrine traditionnelle sur les actions intrinsèquement mauvaises et sur la valeur absolue des normes qui interdisent de telles actions.

2.Questions particulières

L’Auteur retient que les méthodes interceptives, c’est-à-dire celles qui agissent après la fécondation et avant la nidation, ne sont pas abortives. En général, on ne peut les considérer comme des procédés moralement licites pour contrôler la natalité.24 Elles sont cependant moralement acceptables dans des «situations de particulière gravité, lorsqu’il est impossible de recourir à d’autres moyens».25 L’Auteur applique ce même critère de jugement à la stérilisation, affirmant que, dans certaines situations, cela ne pose pas de difficulté morale «étant donné que l’intention est de réaliser de manière responsable une valeur humaine».26 Dans les deux cas, il s’agit de jugements contraires à la doctrine de l’Église.27

L’Auteur soutient que la doctrine de l’Église sur l’ho
mosexualité possède une certaine cohérence mais ne jouit pas d’un fondement biblique suffisant28 et est tributaire d’importants conditionnements29 et ambiguïtés.30 Il relève en elle les défauts présents «en tout l’édifice historique de l’éthique sexuelle chrétienne».31 En ce qui a trait à l’évaluation morale de l’homosexualité, ajoute l’Auteur, on doit «adopter une attitude qui reste provisoire» et par suite «arriver à une formulation en termes de recherche et d’ouverture».32 Quant à l’homosexualité irréversible, un jugement chrétien cohérent «ne passe pas nécessairement à travers l’unique débouché d’une morale rigide: le passage à l’hétérosexualité ou l’abstinence totale».33 De telles affirmations au plan moral sont incompatibles avec la doctrine catholique, selon laquelle il existe un jugement précis et ferme sur la moralité objective des relations sexuelles entre les personnes de même sexe.34 Le degré d’imputabilité morale subjective que de telles relations peuvent avoir en chaque cas singulier est une question qui n’est pas ici en cause.

L’Auteur soutient que la «gravité ex toto genere suo de la masturbation»35 n’a pas été prouvée. Certaines conditions personnelles sont en réalité des éléments objectifs de ce comportement, et par conséquent, il n’est «pas juste de faire “abstraction objective” des conditionnements personnels et d’établir un jugement universellement valide à partir du point de vue objectif».36 «Tout acte de masturbation n’est pas “matière objectivement grave”».37 Le jugement de la morale catholique selon laquelle les actes d’auto-érotisme sont objectivement des actions intrinsèquement mauvaises ne serait pas juste.38

En ce qui concerne la procréation responsable, l’Auteur affirme qu’aucune des méthodes actuelles de régulation des naissances n’est bonne sous tous les aspects. «Il est incohérent et risqué d’orienter le jugement moral vers une méthode déterminée».39 Bien qu’il appartienne au Magistère de l’Église de qualifier positivement ou négativement l’usage des diverses solutions concrètes,40 en cas de conflits de conscience, «le principe de base de l’inviolabilité de la conscience morale continuera d’être valide».41 Mais, même si l’on ne tient pas compte de ces situations conflictuelles, «l’utilisation morale des méthodes strictement anticonceptionnelles doit être objet de discernement responsable de la part des conjoints».42 Parmi les divers critères offerts par l’Auteur pour orienter un tel discernement,43 il n’est pas fait mention de la valeur objective et obligatoire de la norme morale contenue dans l’encyclique Humanae vitae44 et dans les documents du Magistère pontifical qui la précèdent45 et qui la suivent.46

Au sujet de la fécondation homologue in vitro, l’Auteur s’éloigne de la doctrine de l’Église.47 «Pour ce qui concerne la fécondation pleinement intra-conjugale (“cas simple”), nous retenons qu’elle ne peut être refusée…».48 «La fécondation artificielle homologue ne peut être déclarée immorale en principe»,49 s’il existe une proportion raisonnable entre les échecs et le succès espéré avec raison et si l’on respecte toujours la condition humaine de l’embryon en neutralisant autant que possible la probabilité des risques pour l’enfant qui va naître.

La Moral de actitudes contient aussi des jugements ambigus sur d’autres problèmes de morale spéciale. Ainsi en est-il par exemple du recours à l’insémination artificielle entre conjoints avec le sperme d’un donateur,50 à la fécondation in vitro hétérologue51 et à l’avortement. À ce propos, l’Auteur affirme justement l’immoralité globale de l’avortement, mais en ce qui regarde l’avortement thérapeutique, sa position est ambiguë.52 Il soutient la possibilité de certaines interventions médicales en des cas très difficiles, et on ne sait pas s’il se réfère à ce qui traditionnellement est appelé «avortement indirect» ou si, au contraire, il admet le caractère licite des interventions qui ne rentrent pas dans cette catégorie traditionnelle. De même, ce qui est dit de l’avortement eugénique reste ambigu.53 À propos des lois concernant l’avortement, l’Auteur affirme justement qu’on ne peut considérer la pratique de l’avortement comme le contenu d’un droit individuel.54 Par la suite, il affirme cependant que «toute libéralisation juridique de l’avortement n’est pas contraire de manière directe à l’éthique».55 L’Auteur semble se référer aux lois qui établissent une certaine dépénalisation de l’avortement.56 Cependant, étant donné qu’il existe divers types de dépénalisation de l’avortement, dont certains sont en pratique une légalisation et les autres de toute façon ne sont pas acceptables pour la doctrine catholique,57 et puisque le contexte n’est pas assez précisé, le lecteur n’a pas la possibilité de déterminer quel type de lois de dépénalisation de l’avortement n’est pas «contraire de manière directe à l’éthique».

La Congrégation, en prenant acte avec satisfaction des pas déjà accomplis par l’Auteur et de sa disponibilité à se conformer aux textes magistériels, est confiante que résultera, de sa collaboration avec la Commission doctrinale de la Conférence Épiscopale Espagnole, un manuel adapté pour la formation des étudiants en théologie morale.

Avec cette Notification, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi désire aussi encourager les théologiens moralistes à poursuivre le chemin du renouvellement de la théologie morale, en particulier en ce qui a trait à l’approfondissement de la morale fondamentale et à l’usage rigoureux de la méthode théologico-morale, selon les enseignements de l’Encyclique Veritatis splendor et avec un vrai sens de responsabilité ecclésiale.

Le Souverain Pontife Jean-Paul II, au cours de l’Audience accordée au Cardinal Préfet soussigné le 9 février 2001, à la lumière des derniers développements, a confirmé Son approbation à la présente Notification, décidée au cours de la Session Ordinaire de cette Congrégation, et en a ordonné la publication.

À Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 22 février 2001, en la fête de la Chaire de Saint Pierre, Apôtre.

+ Joseph Card. Ratzinger
Préfet

+ Tarcisio Bertone, S.D.B.
Archevêque émérite de Verceil
Secrétaire

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NOTES
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1 Moral de actitudes, I. Moral fundamental, Editorial PS, Madrid 1990, 8 ed. (ampliada y refundida en su totalidad) 902 pp. [trad. it. Manuale di etica teologica, I. Morale fondamentale, Cittadella Editrice, Assisi 1994, 958 pp.] (par la suite, on adoptera le sigle Ma I pour l’édition espagnole suivi du signe = pour la version italienne).

2 Moral de actitudes, II-I. Moral de la persona y bioética teológica, Editorial PS, Madrid 1991, 8 ed., 797 pp. [trad. it. Manuale di etica teologica, II-I. Morale della persona e bioetica teologica, Cittadella Editrice, Assisi 1995, 896 pp.] (par la suite, on adoptera le sigle Ma II/1 pour l’édition espagnole suivi du signe = pour la version italienne).

3 Moral de actitudes, II-2. Moral del amor y de la sexualidad, Editorial PS, Madrid 1991, 8 ed., 622 pp. [trad. it. Manuale di etica teologica, II-2. Morale dell’amore e della sessualità, Cittadella Editrice, Assisi 1996, 748 pp.] (par la suite on adoptera le sigle Ma II/2 pour l’édition espagnole suivi du signe = pour la version italienne).

4 Moral de actitudes, III. Moral social, Editorial PS, Madrid 1995, 8 ed., 1015 pp. [trad. it. Manuale di etica teologica, III. Morale sociale, Cittadella Editrice, Assisi 1997, 1123 pp.] (par la suite on adoptera le sigle Ma III pour l’édition espagnole suivi du signe = pour la version italienne).

5 Diccionario de ética teológica, Editorial Verbo Divino, E
stella (Navarra) 1991, 649 pp. (par la suite on citera Det).

6 Ma I, p. 266 = 283; cf. Ma I, pp. 139 = 147-148; 211-215 = 222-226.

7 Ma I, p. 260 = 276; cf. Ma I, pp. 260-284 = 276-301.

8 Cf. Jean-Paul II, Lettre enc. Veritatis splendor (6 août 1993), en particulier les nn. 36-37: AAS 85 (1993) 1162-1163.

9 Ma I, p. 213 = 224.

10 Cf. Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I-II, q. 100, a. 2, c.

11 Cf. Lettre enc. Veritatis splendor, nn. 36. 42-45: AAS 85 (1993) 1162-1163. 1166-1169.

12 Lettre enc. Veritatis splendor, n. 44: AAS 85 (1993) 1168-1169.

13 Ma I, p. 203 = 214; la même affirmation se retrouve en Ma II/1, pp. 131 = 140 et 139 = 148; Ma III, pp. 99-100 = 107-108 et en Ma I, p. 99 = 103 avec référence à la Sainte Écriture; tout cela est à mettre en rapport avec le n. 37 de la Lettre enc. Veritatis splendor: AAS 85 (1993) 1163: «On en est venu à nier l’existence, dans la Révélation divine, d’un contenu moral spécifique et déterminé, de validité universelle et permanente: la Parole de Dieu se limiterait à proposer une exhortation, une parénèse générale, que la raison autonome aurait seulement ensuite le devoir de préciser par des déterminations normatives véritablement “objectives”, c’est-à-dire appropriées à la situation historique».

14 Ma I, pp. 203-204 = 214.

15 Ma I, pp. 192-193 = 202-203.

16 Ma I, p. 274 = 291.

17 Ma I, p. 452 = 476.

18 Cf. Ma I, pp. 268-270 = 285-287.

19 Ma I, p. 275 = 291.

20 Ma I, p. 192 = 202-203.

21 Cf. par exemple Ma I, pp. 260 = 276; 789-790 = 837-839; 816 = 872; 848 = 904; Ma II/1, pp. 400-403 = 434-437; 497 = 550-551; 597 = 660-661; Ma II/2, pp. 189 = 202; 191 = 204; 263 = 311; 264 = 312; 495 = 553.

22 Cf. Concile Vatican II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 25; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instr. Donum veritatis (24 mai 1990), n. 16: AAS 82 (1990) 1557. À ce sujet, voir: La propuesta moral de Juan Pablo II. Comentario teológico-moral de la encíclica Veritatis splendor, PPC, Madrid 1994, et spécialement pp. 24-26; 29; 54; 76-78; 82; 89-90; 94-95; 98; 102; 116; 120; 130-131; 136; 167. Voir aussi Ma I, pp. 80 = 82-83; 145 = 154; Det, 362-365; Manuale di etica teologica, I. Morale fondamentale, Cittadella Editrice, Assisi 1994, 142-145 (ces pages réservées à l’encyclique Veritatis splendor sont postérieures à l’édition espagnole et donc figurent seulement dans l’édition italienne).

23 Cf. par exemple Ma I, p. 468 = 492.

24 Ma II/2, p. 574 = 651.

25 Ma II/2, p. 574 = 651.

26 Ma II/1, p. 641 = 714; cf. aussi Ma II/2, p. 575 = 652 où la stérilisation est considérée comme une «solution adéquate» en certains cas, et Det, p. 225, où l’on affirme qu’en certaines occasions la stérilisation sera l’«único método aconsejable».

27 Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Décl. De abortu procurato (18 novembre 1974), nn. 12-13: AAS 66 (1974) 737-739; Jean-Paul II, Lettre enc. Evangelium vitae (25 mars 1995), n. 58: AAS 87 (1995) 466-467. Au sujet de la stérilisation, cf. Paul VI, Lettre enc. Humanae vitae (25 juillet 1968), n. 14: AAS 60 (1968) 490-491 et les sources citées; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Rép. Circa sterilizationem in nosocomiis catholicis (13 mars 1975): AAS 68 (1976) 738-740; Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2399.

28 Cf. Ma II/2, pp. 266-267 = 314-315.

29 Cf. Ma II/2, p. 267 = 315.

30 Cf. Ma II/2, p. 268 = 316. En outre Det, pp. 294-295.

31 Ma II/2, p. 268 = 316; cf. pp. 268-270 = 316-318.

32 Ma II/2, pp. 281-282 = 330.

33 Ma II/2, p. 283 = 332.

34 Cf. Rm 1, 24-27; 1 Co 6, 10; 1 Tm 1, 10; Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Décl. Persona humana (29 décembre 1975), n. 8: AAS 68 (1976) 84-85; Lettre Homosexualitatis problema (1 octobre 1986), nn. 3-8: AAS 79 (1987) 544-548; Catéchisme de l’Église Catholique, nn. 2357-2359. 2396.

35 Ma II/2, p. 324 = 374.

36 Ma II/2 p. 330 = 381; cf. aussi Det, p. 45.

37 Ma II/2, p. 332 = 382.

38 Cf. Décl. Persona humana, n. 9: AAS 68 (1976) 85-87; Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2352. Cf. aussi Léon IX, Lettre Ad splendidum nitentis, anno 1054: DH 687-688.

39 Ma II/2, p. 576 = 653.

40 Cf. Ma II/2, p. 576 = 653.

41 Ma II/2, p. 576 = 653.

42 Ma II/2, p. 576 = 653.

43 Cf. Ma II/2, pp. 576-577 = 653-654.

44 Cf. Lettre enc. Humanae vitae, nn. 11-14: AAS 60 (1968) 488-491.

45 Cf. les sources énumérées dans la Lettre enc. Humanae vitae, n. 14: AAS 60 (1968) 490-491.

46 Cf. Jean-Paul II, Exhort. ap. Familiaris consortio (22 novembre 1981), n. 32: AAS 74 (1982) 118-120; Catéchisme de l’Église Catholique, nn. 2370 et 2399. Cf. aussi Ma II/2, pp. 571-573 = 648-650.

47 Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Instr. Donum vitae (22 février 1987), n. II, B, 5: AAS 80 (1988) 92-94.

48 Ma II/1, p. 597 = 660.

49 Ma II/1, p. 597 = 661.

50 Cf. Ma II/1, p. 586 = 649 et Det, p. 315.

51 Cf. Ma II/1, p. 597 = 660.

52 Cf. Ma II/1, p. 403 = 437.

53 Cf. Ma II/1, p. 403 = 437-438.

54 Cf. Ma II/1, p. 412 = 454.

55 Ma II/1, p. 412 = 454.

56 Cf. Ma II/1, p. 408 = 442. 444.

57 Cf. Décl. De abortu procurato, nn. 19-23: AAS 66 (1974) 742-744; Lettre enc. Evangelium vitae, nn. 71-74: AAS 87 (1995) 483-488.

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ZENIT Staff

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