Non, l'Eglise ne méprise pas les riches

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Eclairage du card. Marx sur « Evangelii gaudium »

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« Non, l’Eglise ne méprise pas les riches… Mais elle rappelle que les biens matériels ne sont que des moyens pour atteindre un objectif et qu’ils ne sauraient représenter le sens de la vie », souligne le cardinal Reinhard Marx.

L’Osservatore Romano du 10 janvier publie une réflexion du cardinal archevêque de Munich sur la première exhortation apostolique du pape François « La joie de l’Evangile », « Evangelii Gaudium« .

Le capitalisme n’est pas un modèle

Il évoque particulièrement la phrase « cette économie tue », qui « a ouvert un long débat » et qui invite à « trouver des conditions politiques mondiales centrées sur le bien des plus pauvres ».

« Au centre des discussions, il y a l’accusation que l’Eglise ne comprend pas le capitalisme, qu’elle méprise les riches et, en substance, qu’elle ne contribue pas à améliorer les conditions de vie des pauvres », sauf avec « une réponse de caritas », note le cardinal.

Mais, fait-il observer, « le débat sur la crise du capitalisme est né parce que, depuis les années 90, le capitalisme effréné a conduit à une crise catastrophique » : « ce capitalisme détruit les vies humaines et nuit au bien commun ».

Une vision de l’économie et de la société « qui prend comme point de départ le capital et fait des personnes qui agissent des facteurs de coût », est erronée : elle conduit à une « économisation » de tous les cadres de vie et rend le rythme de la société « dépendant de l’exploitation du capital ».

« Et c’est cela que le pape critique justement. Cette ‘économisation’ n’a plus de sens », écrit le cardinal : « le capitalisme ne doit pas devenir le modèle de la société car il ne tient pas compte de chaque destin, des faibles et des pauvres ».

Non, l’Eglise ne méprise pas les riches

« L’appel à penser au-delà du capitalisme n’est pas une lutte contre l’économie de marché ou le renoncement à toute raison économique », mais « une invitation à réordonner les priorités » et à « se servir de l’économie de marché pour l’homme », poursuit-il.

« Non, l’Eglise ne méprise pas les riches… Mais elle rappelle que les biens matériels ne sont que des moyens pour atteindre un objectif et qu’ils ne sauraient représenter le sens de la vie. Une société où l’on peut inviter publiquement à l’éloge de l’avidité est une société sur le chemin de l’aliénation, qui divise les personnes », met en garde le cardinal.

Le pape ne veut pas non plus « laisser les pauvres dans leur pauvreté » mais « au contraire créer une société de l’inclusion et de la participation, et combattre la pauvreté de manière non seulement charitable, mais structurelle ».

En effet, « critiquer le capitalisme n’est pas une solution. Il faut des programmes qui mettent le marché, la société et l’Etat dans un nouveau rapport réciproque, et tout cela au niveau mondial ».

Impliquer les pauvres dans l’Eglise et la société

Le cardinal déplace aussi la question : l’Eglise ne traite pas d’abord de « la charité en faveur des pauvres », mais plutôt « d’évangélisation », c’est-à-dire « d’impliquer les pauvres, qui vivent matériellement et /ou existentiellement dans les périphéries ».

Ces derniers « ne doivent pas être objet d’assistance, mais trouver une place dans l’Eglise et dans la société ». Ceci est possible à partir de deux mouvements : « vers l’intérieur et vers l’extérieur », estime-t-il.

« Vers l’intérieur de l’Eglise : l’évangélisation ne peut signifier uniquement présenter aux personnes les contenus de foi du catéchisme et leur administrer les sacrements. [Elle doit aussi] proposer une nouvelle manière de vivre, une nouvelle communauté et une nouvelle conception de l’avenir pour tous les hommes ».

« Vers l’extérieur, vers le monde » : pour être « une collectivité, un peuple, une communauté de peuples sur cette planète », alors l’humanité ne peut se contenter de « partir de cadres de vie différenciés séparés », mais doit « oser regarder tout l’ensemble », explique le cardinal.

Avec Océane Le Gall pour la traduction

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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