Nominations d’évêques chinois au synode: Réactions en Chine

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Réaction des quatre évêques intéressés

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ROME, Vendredi 9 septembre 2005 (ZENIT.org) – Les quatre évêques chinois nommés par Benoît XVI comme membres du prochain synode sur l’Eucharistie (2-23 octobre), disent leur joie d’avoir été invités, mais ils sont conscients que le gouvernement chinois pourrait refuser de leur délivrer un passeport. Propos et analyse de Asia News, l’agence de l’Institut pontifical des missions étrangères de Milan (PIME, http://www.asianews.it/main.php?l=en) et de « Eglises d’Asie », l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA, eglasie.mepasie.org).

Une nouvelle sur fond de pression internationale. Une motion a en effet été adoptée aujourd’hui par le Parlement européen, demandant à la Chine de protéger la liberté religieuse. La motion a été déposée par les députés Mario Mauro et José Ribeiro y Castro, demandant la fin de la discrimination religieuse et de la répression.

Rappelons que les quatre évêques sont (cf. Zenit, 8 septembre) Mgr Antoine Li Du’an, évêque de Xi’an, dans la province chinoise du Shaanxi et Mgr Louis Jin Luxian, évêque de Shanghai, considérés comme « officiels » et Mgr Luc Li Jingfeng, évêque de Fengxiang, dans le Shaanxi, reconnu mais dans une situation particulière, et Mgr Joseph Wei Jingyi, évêque de Qiqihar, dans le Heilongjiang, considéré comme « clandestin ».

Selon des sources vaticanes, citées aujourd’hui par l’agence d’information catholique Ucanews, le Saint-Siège a communiqué l’invitation du pape aux quatre évêques intéressés au cours du mois d’août dernier. Ces invitations, a précisé une source du Vatican, se voulaient le reflet du désir de Benoît XVI d’exprimer publiquement le lien spirituel qui unit les catholiques de Chine populaire avec le Saint-Siège et l’Eglise universelle. La même source a ajouté que la Secrétairerie d’Etat avait informé le gouvernement chinois de l’existence de ces invitations au début du mois de septembre et elle a exprimé l’espoir que Pékin se montrerait coopératif et laisserait les quatre prélats aller à Rome.

Réaction des évêques : Mgr Antoine Li Du’an
Mgr Li Du’an, archevêque de Xian, âgé de 79 ans, est soigné pour un cancer du foie. Il a déclaré, selon Asia News : « Nous n’avons pas encore reçu de signe du gouvernement. Cette fois, il y a une chance que nous venions, mais elle est faible ». Il souligne cependant que de nombreuses choses changement actuellement en Chine et qu’il y a « plus d’ouverture », en dépit des difficultés non résolues.

Mgr Li Du’an craint que le gouvernement fasse quelque difficulté pour l’évêque Wei Jingyi, le seul des quatre qui ne soit pas reconnu par le gouvernement: « Pour nous trois, dit-il,– Mgr Jin, Lgr Li Jingfeng, et moi-même – c’est difficile. Mais pour Mgr Wei, que je ne connais pas, c’est encore plus difficile ».

Mgr Antoine Li Du’an a ainsi confirmé, souligne EDA, qu’il avait déposé une demande de sortie du territoire et qu’à la date du 6 septembre, aucune réponse des autorités ne lui avait été communiquée. « Il n’est pas facile à des évêques continentaux de prendre part à une assemblée au Vatican car la Chine n’entretient pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège », a déclaré l’évêque. « Mon mauvais état de santé pourrait rendre le voyage difficile », a-t-il ajouté.

Réaction des évêques : Mgr Louis Jin Luxian
Parlant au téléphone avec « Asia News », Mgr Jin, évêque de Shanghai, a souligné que ces nominations pontificales constituent « un geste d’amitié du Vatican envers le gouvernement chinois », et il disait espérer que le gouvernement donnera à tous sa permission de venir au synode ».

Mgr Jin Luxian est connu pour ses liens avec les autorités politiques chinoises. Mais il a confié à Asia News ne pas avoir encore reçu la lettre de nomination et l’invitation, mais un courrier électronique. « En tous cas a-t-il insisté, c’est un grand honneur pour moi et pour toute l’Eglise chinoise ».

La même source précise que l’évêque, qui est âgé de 89 ans, souffre de problèmes cardiaques et de diabète, et il n’est pas sûr de pouvoir affronter le voyage. « Je suis malade et très vieux, a-t-il déclaré, toujours au téléphone. Et je vous demande, ainsi qu’à vos lecteurs de prier pour moi. Commentant la nomination ensemble d’évêques de l’Eglise « clandestine » et « officielle », il a souligné qu’il s’agissait d’un pas significatif du Vatican : « Je ne connais pas personnellement Mgr Wei Jingyi, a-t-il ajouté, mais je connais bien Mgr Li Jingfeng et je l’estime, parce que c’est un excellent évêque ».

Réaction des évêques : Mgr Luc Li Jingfeng
Pour Mgr Luc Li Jingfeng, un de ses fidèles contacté par Asia News, a déclaré qu’il a reçu la lettre du Vatican, et il a cru d’abord qu’il s’agissait d’une « plaisanterie ». Après avoir demandé des informations complémentaires, il s’est trouvé « très content et même plein d’enthousiasme ». « Mon évêque, a déclaré le même témoin, espère vraiment pouvoir venir à Rome. Il dit qu’il peut y avoir des difficultés de la part du gouvernement, mais il a confiance de pouvoir sortir du pays pour rendre visite au pape ».

Quelques jours auparavant, le 6 septembre, Mgr Luc Li Jingfeng, évêque de Fengxiang, déclarait en effet avoir reçu l’invitation du pape à la mi-août, précise EDA. Quelques jours plus tard, ajoutait-il, il avait contacté un représentant local des Affaires religieuses pour demander l’autorisation de se rendre au synode. Le fonctionnaire avait accepté de transmettre sa requête au niveau central de l’Administration d’Etat pour les Affaires religieuses. Depuis, selon l’évêque, aucune nouvelle ne lui a été communiquée.

EDA précise que le diocèse de Fengxiang présente cette particularité de ne compter aucun clergé « officiel ». Mais en août 2004, Mgr Luc Li, qui avait toujours refusé de collaborer aux structures mises en place par le pouvoir chinois pour contrôler l’Eglise, a accepté de participer à la Conférence des évêques de l’Eglise catholique en Chine, la conférence des évêques « officiels » (en revanche, il a refusé de s’affilier à l’Association patriotique des catholiques chinois). Mgr Luc Li ainsi que les prêtres et les religieuses placés sous son autorité ne sont donc plus considérés comme « clandestins ».

Mgr Luc Li a rappelé que les évêques « officiels » se voyaient dans l’obligation d’obtenir l’accord de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses pour sortir du pays, particulièrement lorsque le motif du voyage est la participation à un événement à caractère religieux. « Aucun d’entre nous ne pourra [y] aller si le gouvernement met en avant le fait qu’il n’existe pas encore de relations diplomatiques [entre le Saint-Siège et Pékin] », a souligné Mgr Luc Li. Cependant, il ajoute que, Pékin ayant dernièrement indiqué que la Chine souhaitait améliorer ses relations avec le Vatican, un espoir subsiste. Enfin, Mgr Luc Li a estimé que, des quatre évêques invités à Rome, c’était Mgr Wei Jingyi qui, du fait de son appartenance aux structures de l’Eglise « clandestine », était le moins à même d’obtenir un passeport.

Réaction des évêques : Mgr Joseph Wei Jingyi
Enfin, contacté par l’agence Ucanews le 9 septembre, Mgr Joseph Wei Jingyi, évêque de Qiqihar, s’est dit, précise EDA, « impatient » de prendre part au synode, précisant qu’il s’y préparait. Pour cet évêque âgé de 47 ans, ce serait la deuxième fois qu’il se rendrait à Rome : en juillet 2002, il était discrètement passé au Vatican et avait eu une
entrevue avec Jean-Paul II. Mgr Wei a déclaré que les quatre évêques ensemble représentaient l’Eglise de Chine et il a précisé qu’il ne se considérait pas comme représentant la seule Eglise « clandestine ».

Un prêtre du diocèse de Qiqihar a confié à l’agence Asia News que Mgr Wei Jingyi « est en train de préparer ses valises ». Mgr Joseph Wei a mis en route les démarches pour obtenir un passeport, mais nul n’est actuellement en mesure de dire s’il lui sera accordé, commente la même source. Mais les fidèles de Qiqihar prient pour que cela se fasse, et estime que cela pourrait être possible étant donné que « la situation est en train de changer en Chine ».

Réaction de l’Association patriotique
Dans l’édition du 8 septembre du Wen Wei Po, quotidien hongkongais proche de Pékin, Antoine Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique, s’est déclaré peu convaincu que le Saint-Siège ait envoyé des invitations à l’Eglise de Chine avec un réel espoir que les évêques puissent participer au synode. Il a précisé que ni l’Association patriotique ni la Conférence épiscopale n’avaient reçu une invitation du Saint-Siège, ajoutant qu’il n’avait entendu parler que de « rumeurs » d’invitation sur Internet. Il a refusé de se prononcer davantage sur l’éventuel voyage des quatre évêques à Rome. « C’est difficile de dire maintenant ce que nous ferons », a-t-il déclaré à des agences internationales ce 9 septembre.

Des observateurs de l’Eglise en Chine estiment que le Vatican a agi par contacts directs avec le gouvernement, sans passer à travers des structures encore très liées à l’idéologie passée.

A Hongkong
Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint-Esprit, rattaché au diocèse de Hongkong, a estimé que « le Vatican avait fait un choix idéal [en désignant les quatre évêques] ». « Chacun d’eux a réalisé une tâche remarquable dans les domaines de la théologie, de la formation, de la promotion des contacts entre la Chine et l’Occident, ainsi que dans l’élaboration de modèles de coopération entre le gouvernement chinois et l’Eglise. Leur venue [à Rome] serait bénéfique au progrès de la société chinoise et favoriserait la normalisation de la vie de l’Eglise en Chine », a-t-il expliqué, exprimant également l’espoir que Pékin comprenne l’enjeu du synode en termes de communication entre l’Eglise de Chine et l’Eglise universelle. Selon Anthony Lam, la question des invitations ne doit pas être mêlée à celle des relations diplomatiques entre Rome et Pékin, ce dernier dossier étant « une question au niveau national », relève la même source.

Pour Kwun Ping-hung, un non-catholique basé à Hongkong, le fait que les invitations aient été portées aux quatre évêques et non à la Conférence épiscopale, que le Saint-Siège ne reconnaît pas, sera sans doute l’obstacle sur lequel butera la venue des évêques à Rome. Pékin refusera que la Conférence épiscopale ne soit pas prise en considération et que des membres de l’Eglise « clandestine » soient mis en avant. Il interdira donc probablement les voyages à Rome, a estimé cet observateur attentif des questions liées à l’Eglise en Chine.

Enfin, soulignons que parmi les nominations pontificales au synode se trouve également l’évêque de Hong Kong, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, qui ne rencontre pas les mêmes difficultés, et également le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung, à Taiwan.

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ZENIT Staff

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