Noël, manifestation de Dieu dans l'Enfant de la crèche

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Homélie de Benoît XVI pour la messe de la nuit de Noël

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ROME, dimanche 25 décembre 2011 (ZENIT.org) – « Noël est une épiphanie – la manifestation de Dieu et de sa grande lumière dans un enfant qui est né pour nous », a expliqué Benoît XVI dans son homélie pour la messe de la nuit de Noël , à Saint-Pierre de Rome au soir du 24 décembre (cf. « Documents », pour le texte intégral en français).

« Noël est une épiphanie – la manifestation de Dieu et de sa grande lumière dans un enfant qui est né pour nous. Né dans l’étable de Bethléem, non pas dans les palais des rois », explique Benoît XVI qui s’inspire de l’expérience de saint François d’Assise en disant: « Quand, en 1223, François d’Assise célébra Noël à Greccio avec un bœuf et un âne et une mangeoire pleine de foin, une nouvelle dimension du mystère de Noël a été rendue visible. François d’Assise a appelé Noël « la fête des fêtes » – plus que toutes les autres solennités – et il l’a célébré avec « une prévenance indicible ». Avec une profonde dévotion, il embrassait les images du petit enfant et balbutiait des paroles de tendresse à la manière des enfants, nous raconte Thomas de Celano ».

Noël et Pâques

Benoît XVI souligne le rapport entre Noël et Pâques, sous un autre angle que mercredi dernier à l’audience générale (cf. Zenit du 21 décembre 2011). « Pour l’Église antique, a rappelé le pape, la fête des fêtes était Pâques : dans la résurrection, le Christ avait ouvert les portes de la mort et il avait ainsi changé radicalement le monde : il avait créé en Dieu même une place pour l’homme. Eh bien, François n’a pas changé, il n’a pas voulu changer cette hiérarchie objective des fêtes, toute la structure de la foi centrée sur le mystère pascal. Toutefois, par lui et par sa façon de croire, quelque chose de nouveau s’est produit : François a découvert avec une profondeur toute nouvelle l’humanité de Jésus ».

« La résurrection suppose l’incarnation », explique le pape : « Dans l’enfant dans l’étable de Bethléem, on peut, pour ainsi dire, toucher Dieu et le caresser. Ainsi, l’année liturgique a reçu un second centre dans une fête qui est, avant tout, une fête du cœur. »

Mais le pape précise immédiatement : « Tout ceci n’a rien d’un sentimentalisme ». Il explique : « François aimait Jésus, le petit enfant, parce que, dans ce fait d’être enfant, l’humilité de Dieu se rendait évidente. Dieu est devenu pauvre. Son Fils est né dans la pauvreté d’une étable. Dans l’enfant Jésus, Dieu s’est fait dépendant, ayant besoin de l’amour de personnes humaines, en condition de demander leur – notre – amour ».

Le mystère de l’humilité

Le pape admet que la façon actuelle de vivre Noël cache souvent aux antipodes de ce message: « Aujourd’hui Noël est devenu une fête commerciale, dont les scintillements éblouissants cachent le mystère de l’humilité de Dieu, et celle-ci nous invite à l’humilité et à la simplicité. Prions le Seigneur de nous aider à traverser du regard les façades étincelantes de ce temps pour trouver derrière elles l’enfant dans l’étable de Bethléem, pour découvrir ainsi la vraie joie et la vraie lumière. »

Le pape prend une autre image : celle de la porte de la basilique de la Nativité à Bethléem : « Le portail, qui un temps était haut de cinq mètres et demi et à travers lequel les empereurs et les califes entraient dans l’édifice, a été en grande partie muré. Est demeurée seulement une ouverture basse d’un mètre et demi. L’intention était probablement de mieux protéger l’église contre d’éventuels assauts, mais surtout d’éviter qu’on entre à cheval dans la maison de Dieu. Celui qui désire entrer dans le lieu de la naissance de Jésus, doit se baisser. Il me semble qu’en cela se manifeste une vérité plus profonde, par laquelle nous voulons nous laisser toucher en cette sainte Nuit : si nous voulons trouver le Dieu apparu comme un enfant, alors nous devons descendre du cheval de notre raison « libérale ». Nous devons déposer nos fausses certitudes, notre orgueil intellectuel, qui nous empêche de percevoir la proximité de Dieu. »

Le pape invite à « suivre le chemin intérieur de saint François – le chemin vers cette extrême simplicité extérieure et intérieure qui rend le cœur capable de voir » : « Nous devons nous baisser, aller spirituellement, pour ainsi dire, à pied, pour pouvoir entrer à travers le portail de la foi et rencontrer le Dieu qui est différent de nos préjugés et de nos opinions : le Dieu qui se cache dans l’humilité d’un enfant qui vient de naître. Célébrons ainsi la liturgie de cette sainte Nuit et renonçons à nous fixer sur ce qui est matériel, mesurable et touchable. Laissons-nous simplifier par ce Dieu qui se manifeste au cœur devenu simple. »

La bonté de Dieu

« Prions en ce moment avant tout, invite le pape, pour que tous ceux qui doivent vivre Noël dans la pauvreté, dans la souffrance, dans la condition de migrants, afin que leur apparaisse un rayon de la bonté de Dieu ; afin que les touche, ainsi que nous, cette bonté que Dieu, par la naissance de son Fils dans l’étable, a voulu porter dans le monde ».

Parmi ces peuples, certainement la Corée, visiblement présente lors de la procession d’offrandes, avec ces petits enfants en habits de fête traditionnels, et lors de la prière universelle, car la troisième intention était en coréen et demandait que « l’humanité puisse se constituer en peuple des peuples, lié par des liens d’estime, de solidarité, de justice et de paix ».

En français, l’assemblée a demandé : « Père saint, que par le mystère de Noël, en contemplant ton Fils fait homme pour nous, nous puissions trouver la paix, la joie, et la force de l’Esprit Saint pour accomplir fidèlement notre mission ».

Au terme de la célébration, Benoît XVI a porté l’effigie de l’Enfant Jésus présent jusqu’ici au pied de l’autel, jusque dans l’immense crèche de la basilique, entre les statues de Marie et de Joseph.

Et à sa suite, les fidèles du monde entier sont venus s’agenouiller et se prendre joyeusement en photo auprès de cette merveille du génie italien inspiré par saint François d’Assise, où toute la création est célébrée : les constellations, l’eau, les arbres, les bergers, autour de la Sainte Famille, mais aussi les brebis, le boeuf et l’âne et quelque canard joyeux.

Dehors, la foule s’est à nouveau retrouvée autour de la grotte construite place Saint-Pierre, auprès de l’arbre immense venu d’Ukraine, s’attardant à chanter dans la nuit, tandis que la fenêtre du pape aussi restait éclairée. Et un cor des Alpes a fait entendre sa voix profonde en l’honneur de la Nativité.

ASB

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ZENIT Staff

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