Nigeria : Les évêques condamnent les affrontements à Jos

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Des violences qui semblent être à caractère ethnique et politique

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ROME, Jeudi 21 janvier 2009 (ZENIT.org) – Les évêques de la province ecclésiastique d’Ibadan (Nigeria) condamnent sans réserve l’éruption de violence qui ensanglante, depuis le 17 janvier dernier, la ville de Jos, dans l’Etat nigérian du Plateau, provoquant un nombre encore indéterminé de victimes et l’imposition d’un couvre-feu par l’armée.

« Ces derniers mois, notre pays a dépensé une quantité énorme de temps et de ressources pour une campagne de ‘rebranding‘ » (visant à redorer l’image du pays au niveau international), écrivent les évêques dans un communiqué rapporté par Fides.

« Nous avons crié aux quatre vents pour convaincre le monde entier que nous ne sommes pas une nation terroriste. Et voila que, malheureusement, la récente crise religieuse à Jos, dans l’Etat du Plateau, vient montrer brutalement notre hypocrisie et notre inaptitude. Des extrémistes qui se disent musulmans ont agressé des chrétiens dans leurs églises et maisons, tuant et mettant le feu. En tant que nation, encore une fois, nous avons été pris de surprise et par conséquent, des vies précieuses et des biens ont été perdus ». 

« Il est triste que des évènements semblables, s’étant pourtant déjà vérifiés par le passé, n’aient pas été étudiés et affrontés de manière convaincante et que des mesures n’aient pas été prises pour les prévenir », reconnaissent les évêques. « Cette situation persistante n’est pas de bon augure pour une nation qui prétend être sur la voie du développement et de l’intégration nationale » poursuivent-ils.

Les évêques dénoncent donc « tous les coupables de cette conspiration honteuse contre une partie précise de notre nation », et demandent « aux autorités compétentes d’intervenir avec fermeté avant que les choses ne leur échappent ».

Ils exhortent aussi les responsables religieux à « parler avec courage, à dénoncer et à s’opposer à l’extrémisme religieux et le fanatisme, partout où ils se trouvent ».

Mgr Ignatius Ayau Kaigama, archevêque de Jos, a déclaré pour sa part à Fides que « les versions jusqu’ici publiées sur le déclenchement des affrontements ne sont pas correctes ».

« Ce n’est pas l’attaque et l’incendie d’une église » qui seraient à l’origine des affrontements, souligne t-il. De même doit être vérifiée une autre version rapportée par la presse selon laquelle « l’étincelle ayant provoqué les affrontements serait l’assaut au chantier d’une maison en construction appartenant à un musulman ».

Pour Mgr Kaigama, les raisons de cette violence sont davantage liées à des facteurs ethniques et politiques qu’à des facteurs religieux.

« A l’origine des heurts survenus aujourd’hui, tout comme de ceux survenus en novembre 2008, se trouve la mésentente entre les hausas, de religion musulmane et les populations autochtones, à majorité chrétienne, pour le contrôle politique de la ville », a-t-il affirmé. 

« Plusieurs circonstances méritent encore d’être éclaircies », a-t-il ajouté, citant en particulier « la participation aux affrontements d’hommes munis d’armes sophistiquées, dont on ignore la provenance ». 

Ce n’est pas la première fois que la ville de Jos est le théâtre de graves affrontements : en septembre 2001, il y a eu des désordres au cours desquels des églises et des mosquées ont été incendiées, provoquant la mort de 915 personnes ; en novembre 2008, une autre éruption de violence a coûté la vie à 400 personnes. 

Les émeutes de Jos ont lieu alors que le Nigeria traverse une crise politique due à l’absence du président Umaru Yar’Adua, hospitalisé en Arabie saoudite depuis le mois de novembre pour des problèmes cardiaques. Récemment l’opposition a organisé des manifestations pour demander plus de renseignements sur l’état de santé du président et savoir qui, effectivement, gouverne le Nigeria.

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ZENIT Staff

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