Nigeria: L´évêque, agent de l´harmonie entre chrétiens et musulmans

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Le « terrorisme d´Etat »? Lorsque la liberté de religion est bafouée

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CITE DU VATICAN, Mercredi 10 octobre 2001 (ZENIT.org) – « L´évêque en tant qu´agent de l´harmonie entre chrétiens et musulmans », c´était le thème de l´intervention au synode (en anglais), le 9 octobre au matin, de Mgr John Onaiyekan, archevêque d´Abuja, et président de la conférence des évêques catholiques du Nigeria. L´archevêque dénonçait le « terrorisme d´Etat » des Nations où la liberté de religion, droit humain fondamental, est bafouée.

Mgr Onaiyekan voulait attirer l´attention du synode sur « les défis du dialogue et de la collaboration avec le peuple de foi islamique », ceci à partir de l´expérience des évêques de son pays (cf. Instrumentum Laboris, 30, 129, 135).

Dans le monde, comme en Afrique
Il rappelait: « Les évêques d´Afrique réunis en synode avec le pape en 1994 ont affirmé qu´en Afrique l´Islam est un partenaire du dialogue difficile mais nécessaire ». « Je crois que c´est vrai aussi, disait-il, pour l´Eglise universelle comme des événements fracassants l´ont souligné, puissamment et tragiquement. L´Islam retient maintenant toute l´attention du monde ».

Le travail du dicastère romain
« Au niveau de l´Eglise mondiale, continuait l´archevêque, on a prêté attention au monde de l´Islam de façon appréciable. Le Saint-Père a donné la direction dans ce domaine de façon puissante et efficace, spécialement au cours de ses visites pastorales dans de nombreuses régions du monde. Le dicastère romain pour le dialogue interreligieux [présidé par le cardinal Francis Arinze, lui même Nigerian, ndlr], a fait un travail merveilleux pour la promotion du dialogue entre Chrétiens et Musulmans. Cependant, ces mouvements au plus haut niveau ont besoin d´être complétés, équilibrés et confirmés par des actions appropriées au niveau local ».

L´Islam est partout
Il constatait: « Je crois qu´il n´y a que très peu d´évêques dans cette salle qui puissent dire qu´il n´y a pas de présence islamique du tout dans sa juridiction. Il y a seulement des différences de degré de présence. Dans certaines Nations, cette présence est majoritaire et dominante ».

Causes économiques et sociales du terrorisme
« Nous avons vu ces dernières semaines, continuait l´archevêque d´Abuja, que les puissances mondiales peuvent déployer une alliance militaire et diplomatique contre le terrorisme mondial. Certains pères du synode ont déjà mis en garde contre le fait que ces efforts seraient réduits à rien – ou pire encore – s´ils ne s´accompagnaient pas d´un engagement similaire et d´une volonté politique d´affronter les causes économiques et sociales du terrorisme. Mais il faut aller au-delà de l´économique ».

Violations des droits de l´homme
« En dépit de vigoureux démentis et de double-discours diplomatiques, imposés par le « politiquement correct » du moment, nous devons reconnaître qu´il y a en effet une dimension religieuse au fléau du terrorisme, même aberrante et malavisée. Ces nations, qui ont continué de faire de l´intolérance religieuse et du fanatisme la base de la politique de l´Etat, sont en effet de féconds terreaux pour le type de terrorisme qui a frappé le monde le 11 septembre. Et cela ne s´applique pas seulement aux Talibans d´Afghanistan, mais aussi à de nombreuses Nations qui ont joui et jouissent encore de « respectabilité politique » dans ce qu´on appelle la « communauté internationale ». Lorsqu´une Nation refuse à certains de ses citoyens le droit humain fondamental à la liberté de religion, et à l´égalité devant la loi, n´est-elle pas coupable de terrorisme d´Etat? C´est le cas au Soudan. Ce synode peut-il rassembler son courage et proclamer la vérité, que le reste du monde semble avoir peur d´admettre? Combien de temps encore le monde continuera-t-il de permettre à certains régimes de poursuivre ces grossières violations des droits de l´homme, au nom de la religion? »

Le Nigeria, cas positif
« Le Nigeria présente une situation privilégiée pour le dialogue et la collaboration entre Chrétiens et Musulmans sur la base du respect mutuel. Notre population – environ 120 millions d´habitants – est presque également répartie entre Chrétiens et Musulmans. La plupart du temps, nous vivons en paix et dans l´harmonie les uns avec les autres, en affrontant ensemble les défis de la construction d´une Nation libre, juste et prospère ».

Pourtant, les occasions de friction et de conflit existent, même « violentes » et « sanglantes », reconnaît l´archevêque nigérian. « Il est regrettable, notait l´archevêque, que ce n´est qu´alors que les media du monde, avec leur prédilection pour les mauvaises nouvelles, montrent de l´intérêt pour notre pays ».

Mgr Onaiyekan voit deux raisons principales à ces conflits:
– les activités des fanatiques, parfois des deux côtés,
– les manipulations des politiciens qui usent de la religion pour des fins égoïstes, comme par exemple, dit l´archevêque d´Abuja, la tentative d´imposer la sharia comme loi d´Etat.

Il préconise les trois réponses suivantes:
– l´approfondissement de la foi des chrétiens, pour en faire de solides témoins en même temps que des personnes respectueuses des autres,
– la poursuite du dialogue et de la collaboration avec la vaste majorité des hommes et des femmes musulmans prêts à vivre en paix avec tous.
– en vue du bien commun, résister et condamner l´injustice, même, et spécialement lorsqu´elle blasphème en invoquant le nom de Dieu.

« Au Nigeria concluait l´archevêque, en dépit de tout, nous pouvons encore proposer notre nation comme un modèle de communauté harmonieuse de chrétiens et de musulmans, à imiter de par le monde. In-sha-Allahu. Deo Volente. Amen ».

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ZENIT Staff

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