Nelson Mandela, un ouvrier de la fraternité

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Quelques repères autobiographiques (2/2)

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Dans son plaidoyer d’autodéfense au procès de Rivionia, Nelson Mandela souligna que le Congrès national africain (ANC) s’était toujours battu pour une démocratie multiraciale et avait en horreur tout acte susceptible de creuser entre les races un fossé encore plus profond que celui qui existait déjà. Il expliqua que, malgré cinquante années de lutte non violente, le peuple africain souffrait d’une législation plus répressive et d’une réduction systématique de ses droits. « L’ANC ne veut pas chasser les blancs mais se bat pour la liberté et l’autodétermination », affirma-t-il.

Au sujet des accusations selon lesquelles il aurait fait partie d’une conspiration communiste, M. Mandela répéta que la Charte des libertés ne prévoyait pas la création d’un État socialiste et que l’ANC, au cours de son histoire, n’avait jamais prêché le renversement de la structure économique du pays, et n’avait jamais non plus condamné la société capitaliste en tant que telle.

Le dirigeant expliqua avec vigueur qu’il estimait beaucoup la démocratie parlementaire. Il précisa que la Grande Charte, la Déclaration des droits de l’homme et la Constitution américaine, étaient des documents vénérés par les démocrates du monde entier. « Personnellement, dit-il, j’ai un grand respect pour les institutions politiques anglaises et pour le système juridique anglo-saxon », puis il parla de son « admiration pour le Congrès des États-Unis, la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la magistrature ».

Précisément par fidélité à ces valeurs, Nelson Mandela dénonça la discrimination raciale, revendiqua des droits politiques égaux et définit le combat de l’ANC comme une lutte pour le droit à la vie. Il conclut enfin : « J’ai consacré toute ma vie à la lutte du peuple africain. Je me suis battu contre la suprématie des blancs, de même que je me suis battu contre la suprématie des noirs. J’ai poursuivi l’idéal d’une société libre et démocratique où tout le monde vivrait ensemble en harmonie et avec l’égalité des chances. C’est un idéal pour lequel j’espère continuer de vivre, jusqu’à ce que je l’aie obtenu, mais pour lequel je suis prêt à mourir si c’est nécessaire.

Par son plaidoyer, il gagna une victoire morale et cela irrita encore plus les responsables de l’apartheid. En 1964, il fut jugé coupable de sabotage et de haute trahison et fut condamné avec ses compagnons à la peine suprême : la prison à vie à Robben Island, une île plate au milieu de l’océan, face à la ville du Cap. Même en prison, les « noirs » étaient victimes de discriminations, obligés de porter des pantalons courts, un polo, une veste en toile et des chaussures sans chaussettes, alors que leurs compagnons de prison indiens portaient des pantalons longs et des chaussettes.

Nelson Mandela avait 46 ans lorsqu’il est arrivé à Robben Island. Il disposait d’une minuscule cellule dont il pouvait parcourir la longueur en trois pas et il n’avait pas assez d’espace pour s’allonger complètement. Robben Island était le lieu le plus dur et impitoyable du système pénal de l’apartheid en Afrique du Sud. Il était permis aux prisonniers d’échanger seulement une lettre – chacune ne dépassant pas 500 mots – et de ne recevoir qu’une visite tous les six mois, et de n’avoir de relations qu’avec les membres les plus proches de leur famille. Ce qui pouvait ressembler à un message politique dans les lettres était éliminé. La visite ne durait pas plus de 30 minutes et un gardien de prison y assistait. S’il s’apercevait que le sujet était politique, la conversation était immédiatement interrompue. Il était interdit de recevoir ou de lire le journal, quel qu’il soit. Les détenus étaient soumis aux travaux forcés : tailler des pierres pour en faire du gravillon, ou creuser le calcaire toute la journée.

Il n’était pas permis de parler ni de siffler sous peine d’être puni. Nelson Mandela garda sa dignité et continua à demander le respect des droits. Il demanda le droit de s’habiller comme les autres détenus. Cela lui fut refusé pendant des années. Il demanda l’égalité des repas, car les « noirs » n’avaient pas droit au pain. Il demanda des lunettes de soleil pour le travail dans les carrières de calcaire à ciel ouvert. Il demanda des tabourets à trois pieds pour pouvoir s’asseoir dans les cellules et permettre de lire et d’étudier à ceux qui, comme lui, suivaient des cours par correspondance.

En dépit de ces conditions, Nelson Mandela écrivit : « Je suis fondamentalement optimiste et je ne sais pas si cela vient de ma nature ou de mon éducation. L’optimisme, c’est aussi de garder la tête haute et de continuer à marcher. Souvent, dans des moments d’obscurité, ma foi en l’humanité a été mise à rude épreuve, mais je ne voulais ni ne pouvais céder au désespoir, parce que ce chemin m’aurait conduit à l’échec et à la mort ».

C’est avec cet esprit que Nelson Mandela continua à chercher à étudier, se maintenant toujours dans une attitude de disponibilité. On essaya de le tuer en lui proposant de fuir, mais il parvint toujours à éviter les pièges. Il est resté en prison 27 ans, mais sa cause et ses paroles n’avaient pas été oubliées. En 1990, sur des pressions internationales, et parce que les États-Unis n’avaient pas apporté leur soutien au régime ségrégationniste, il fut libéré. En 1991, il fut élu président de l’ANC. En 1993, avec le président d’Afrique du Sud, Frederik Willem de Klerk, il reçut le prix Nobel de la paix. En 1994, lors des premières élections auxquelles les noirs purent aussi participer, il fut élu président de la République d’Afrique du Sud et chef du gouvernement. Il assuma cette charge jusqu’à fin 1998.

Le 2 mai 1994, lorsqu’il gagna les élections, Nelson Mandela prononça des paroles émues qui sont restées dans l’histoire : « Ce moment est l’un des plus importants de l’histoire de notre pays, a-t-il dit, je suis là devant vous, débordant de joie et de fierté. Je suis votre serviteur, il est temps de guérir les anciennes blessures et de construire une nouvelle Afrique du Sud ». « Que jamais plus, ajouta-t-il, cette splendide terre ne connaisse à nouveau l’oppression de l’homme par l’homme… Le soleil ne devra jamais se coucher sur cette glorieuse entreprise de l’humanité. Que la liberté puisse régner dans l’éternité. Que Dieu bénisse l’Afrique ! ».

Après avoir abandonné la charge de président en 1999, le dirigeant poursuivit son engagement et son action de soutien aux organisations pour les droits sociaux, civils et humains. Il reçut de nombreux titres honorifiques, parmi lesquels l’ « Order of Saint John », de la reine Elisabeth II et la « Presidential Medal of Freedom », de l’américain George W. Bush. Nelson Mandela est l’une des deux personnes d’origine non indienne (l’autre est Mère Teresa) à avoir obtenu le « Bharat Ratna », la reconnaissance civile indienne la plus élevée, en 1990. En 2001, il fut aussi décoré de l’Ordre du Canada, devenant le premier étranger à recevoir la citoyenneté honoraire canadienne.

Au cours de sa brève vie politique, Nelson Mandela fut l’objet d’autres attaques. Après avoir promulgué, en 1997, le « Medical Act », une loi qui permettait au gouvernement d’Afrique du Sud d’importer et de produire des médicaments pour soigner le sida, à des prix supportables, 39 entreprises pharmaceutiques multinationales lui intentèrent un procès et le traînèrent devant les tribunaux. Grâce aux protestations internationales, les multinationales pharmaceutiques décidèrent de ne pas poursuivre la bataille en justice.

La grande force de Nelson Mandela fut toujours de ne pas accepter de se battre sur des questions exclusivement politiques, mais de les déplacer sur le plan moral. Il écrit, à la fin de son autobiographie : « La l
iberté ne consiste pas simplement à briser ses chaînes, mais aussi à vivre de manière à respecter et à faire grandir la liberté des autres ».

L’histoire de cet infatigable optimiste de la liberté est admirablement racontée dans le livre autobiographique « Un long chemin vers la liberté », publié chez Fayard.

Nelson Mandela a eu 95 ans en juillet, cette année.

Traduction d’Hélène Ginabat

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Antonio Gaspari

Cascia (PG) Italia Studi universitari a Torino facoltà di Scienze Politiche. Nel 1998 Premio della Fondazione Vittoria Quarenghi con la motivazione di «Aver contribuito alla diffusione della cultura della vita». Il 16 novembre del 2006 ho ricevuto il premio internazionale “Padre Pio di Pietrelcina” per la “Indiscutibile professionalità e per la capacità discreta di fare cultura”. Il Messaggero, Il Foglio, Avvenire, Il Giornale del Popolo (Lugano), La Razon, Rai tre, Rai due, Tempi, Il Timone, Inside the Vatican, Si alla Vita, XXI Secolo Scienza e Tecnologia, Mondo e Missione, Sacerdos, Greenwatchnews. 1991 «L'imbroglio ecologico- non ci sono limiti allo sviluppo» (edizioni Vita Nuova) . 1992 «Il Buco d'ozono catastrofe o speculazione?» (edizioni Vita Nuova). 1993 «Il lato oscuro del movimento animalista» (edizioni Vita Nuova). 1998 «Los Judios, Pio XII Y la leyenda Negra» Pubblicato da Planeta in Spagna. 1999 «Nascosti in convento» (Ancora 1999). 1999 insieme a Roberto Irsuti il volume: «Troppo caldo o troppo freddo? - la favola del riscaldamento del pianeta» (21mo Secolo). 2000 “Da Malthus al razzismo verde. La vera storia del movimento per il controllo delle nascite” (21mo Secolo, Roma 2000). 2001 «Gli ebrei salvati da Pio XII» (Logos Press). 2002 ho pubblicato tre saggi nei volumi «Global Report- lo stato del pianeta tra preoccupazione etiche e miti ambientalisti» (21mo Secolo, Roma 2002). 2002 ho pubblicato un saggio nel nel Working Paper n.78 del Centro di Metodologia delle scienze sociali della LUISS (Libera Università Internazionale degli Studi Sociali Guido Carli di Roma) «Scienza e leggenda, l’informazione scientifica snobbata dai media». 2003 insieme a VittorFranco Pisano il volume “Da Seattle all’ecoterrorismo” (21mo Secolo, Roma 2003). 2004 ho pubblicato insieme a Riccardo Cascioli “Le Bugie degli Ambientalisti” (Edizioni Piemme). 2004 coautore con del libro “Emergenza demografia. Troppi? Pochi? O mal distribuiti?” (Rubbettino editore). 2004 coautore con altri del libro “Biotecnologie, i vantaggi per la salute e per l’ambiente” ((21mo Secolo, Roma 2004). 2006 insieme a Riccardo Cascioli “Le Bugie degli Ambientalisti 2” (Edizioni Piemme). 2008 insieme a Riccardo Cascioli il libro “Che tempo farà… Falsi allarmismi e menzogne sul clima (Piemme). 2008, è stata pubblicata l’edizione giapponese de “Le bugie degli ambientalisti” edizioni Yosensha. 2009. insieme a Riccardo Cascioli “I padroni del Pianeta – le bugie degli ambientalisti su incremento demografico, sviluppo globale e risorse disponibili” (Piemme). 2010 insieme a Riccardo Cascioli, è stato pubblicato il volume “2012. Catastrofismo e fine dei tempi” (Piemme). 2011 Questo volume è stato pubblicato anche in Polonia con l’imprimatur della Curia Metropolitana di Cracovia per le e3dizioni WYDAWNICTTWO SW. Stanislawa BM.

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