Ne restons pas étrangers à la douleur des autres

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Le pape François explique ce que veut dire faire miséricorde

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Attention, avertit le pape François, « à ne pas rester étrangers à la douleur des autres ». Il ajoute que faire miséricorde c’est « donner son cœur aux miséreux », à l’exemple de Jésus, sans « paternalisme ».

Le pape a lancé un appel à ne pas rester sans agir devant la souffrance, en recevant, ce samedi matin, 14 juin, place Saint-Pierre, des dizaines de milliers de bénévoles de la Confédération nationale des « Miséricordes » d’Italie, une association catholique engagée dans la protection civile, les services sociaux.

« Nous courons le risque, a averti le pape, de n’être souvent que des spectateurs très informés et désincarnés de ces réalités, ou de faire de beaux discours qui se concluent par des solutions verbales et un désengagement par rapport aux problèmes réels ».

« J’entends souvent des gens me dire: « Saint-Père, quel scandale, quel scandale! » Mais que font ces gens contre ce scandale de la pauvreté ? Il faut des actions, pas des paroles », a exhorté le pape.

Les Miséricordes fêtent le 28e anniversaire de leur rencontre avec Jean-Paul II. Fédérées à partir de 1899, elles sont la plus ancienne forme au monde de bénévolat organisé. Des membres des « Fratres », l’Association italienne des donneurs de sang, s’étaient joints à elles à l’occasion de leur 11e Journée mondiale.

Voici notre traduction intégrale de l’original en italien.

A.B.

Allocution du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

J’adresse mes salutations à vous tous qui faites partie des Miséricordes d’Italie et des groupes Fratres, mais également à vos familles et aux personnes assistées qui ont pu s’unir à votre pèlerinage. Je salue Mgr Franco Agostinelli, évêque de Prato et votre Co-recteur général, qui est aussi le Président national de votre Confédération, M. Roberto Trucchi, en les remerciant des paroles qu’ils ont prononcées pour introduire cette rencontre. A tous, j’exprime mon appréciation pour le grand travail que vous faites pour les personnes qui souffrent.

Les « Miséricordes », vieille expression du laïcat catholique et bien enracinées dans le territoire italien, s’efforcent de témoigner l’Evangile de la charité parmi les malades, les personnes âgées, les handicapés, les immigrés et les pauvres. Tout votre service prend son sens et sa forme de ce mot « miséricorde », mot latin dont le sens étymologique est «  miseriscordare, « donner son cœur aux miséreux », ceux qui ont besoin, ceux qui souffrent.

C’est ce que Jésus a fait: il a ouvert en grand son cœur à la misère de l’homme. L’Evangile abonde d’épisodes qui présentent la miséricorde de Jésus, la gratuité de son amour pour les souffrants et les faibles. Les récits évangéliques nous montrent avec quelle proximité, bonté, tendresse Jésus approchaient les personnes souffrantes et les consolait, leur apportait du réconfort et souvent les guérissait. A l’exemple de notre Maître, nous aussi nous sommes appelés à faire preuve de proximité, à partager la condition des personnes que nous rencontrons. Il faut que nos paroles, nos gestes, nos attitudes expriment la solidarité, la volonté de ne pas rester étrangers à la souffrance des autres, et cela avec chaleur et fraternellement, sans tomber dans aucune forme de paternalisme.

Nous disposons de tant d’informations et statistiques sur les pauvres et sur les tribulations humaines. Il y a le risque d’être des spectateurs très informés et désincarnés de ces réalités, ou bien de tenir des beaux discours qui se terminent par des solutions verbales et un désengagement par rapport aux problèmes concrets. Trop de paroles, trop de paroles, mais on ne fait rien! Cela est un risque. Pas le vôtre, vous travaillez, vous travaillez bien, bien! Mais le risque est réel … Quand j’entends certaines conversations entre des personnes qui connaissent les statistiques: « Quelles barbaries, Père! Quelles barbaries, quelles barbaries ! » « Mais toi, que fais-tu pour ces barbaries ? » Rien, je parle! Ça ne résout rien! Des paroles, on en a beaucoup entendues! Ce qu’il faut c’est travailler, un travail comme le vôtre, le témoignage chrétien, aller auprès des souffrants, s’approcher comme Jésus a fait. Imitons Jésus: Il sillonne les routes et n’a rien planifié, ni les pauvres, ni les invalides, qu’Il croise sur son chemin; mais au premier qu’il rencontre  il s’arrête, devenant une présence qui porte secours. Signe de la proximité de Dieu qui est bonté, providence et amour.

L’activité de vos associations s’inspire des sept œuvres de miséricorde corporelle, que j’ai plaisir à rappeler, car les entendre encore une fois fera du bien : donner à manger aux affamés ; donner ò boire aux assoiffés ; habiller les personnes nues ; héberger les pèlerins ; rendre visite aux malades, aux détenus ; enterrer les morts. Je vous encourage à continuer avec joie votre action et la façonner sur celle du Christ, en laissant tous les souffrants vous rencontrer  et compter sur vous dans les moments de besoin.

Chers frères et sœurs, merci ! Merci encore à vous tous pour ce que vous faites. Merci! Que les « Misericordes » et les groupes « Fratres » continuent à être des lieux d’accueil et de gratuité, dans le signe d’un amour miséricordieux authentique pour chaque personne. Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge Marie vous protège! Merci !

(Bénédiction)

Et s’il vous plaît n’oubliez pas de prier pour moi. J’en ai besoin moi aussi! Merci!

(c) Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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