Moyen-Orient: : "Plus de guerre ni de violations des droits de l'homme !"

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Rencontre des nonces apostoliques au Vatican, communiqué final

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Face au terrorisme, les nonces du Moyen-Orient réunis à Rome réaffirment l’enseignement catholique selon lequel il est « licite d’arrêter l’agresseur injuste, toujours dans le respect du droit international », mais ils affirment en même temps qu’ « on ne peut pas confier la résolution du problème à la seule réponse militaire ».

Ils invitent à « partir des causes qui sont à l’origine et qui sont exploitées par l’idéologie fondamentaliste ».

Ils interpellent « les responsables religieux, chrétiens et musulmans », les appelant à « jouer un rôle important en collaborant pour favoriser le dialogue et l’éducation à la compréhension mutuelle, et en dénonçant clairement l’instrumentalisation de la religion pour justifier la violence ».

Ils dénoncent « le trafic d’armes » qui « se poursuit sans scrupules » et le trafic des personnes: « ce qui est plus grave encore, les personnes font elles-mêmes l’objet du commerce ».

Voici notre traduction intégrale du communiqué final de la rencontre des nonces apostoliques du Moyen-Orient avec des responsables de la curie romaine.

A.B.

Plus de guerre ni de violations des droits de l’homme !

Du 2 au 4 octobre, les représentants pontificaux présents au Moyen-Orient ont été convoqués au Vatican, sur la volonté du pape, pour réfléchir à la situation dramatique dans la région. À cette rencontre, qui avait pour thème « La présence des chrétiens au Moyen-Orient », ont participé les supérieurs de la secrétairerie d’État ainsi que ceux des dicastères de la curie romaine directement concernés par cette question, les observateurs permanents du Saint-Siège auprès des Nations-Unies à New York et à Genève et le nonce apostolique auprès de l’Union européenne.

Les participants à la réunion ont manifesté leur gratitude envers le pape pour cette initiative et pour sa présence au début des travaux. La présence des nonces de la région a permis d’avoir une connaissance de première main de la situation des chrétiens dans les différents pays, ainsi que du contexte dans lequel ils vivent. Les supérieurs des différents dicastères ont contribué à favoriser une vision d’ensemble.

En exprimant leur proximité aux patriarches, aux pasteurs et au chrétiens du Moyen-Orient et aux autres composantes religieuses et ethniques qui souffrent de la violence qui envahit toute la région, surtout en Irak et en Syrie, les participants à la réunion les ont assurés de leur prière et de celle de toute l’Église. Dans le même temps, ils ont réaffirmé la nécessité de faire tout leur possible pour aider ces personnes à répondre à leurs besoins, comme le pape l’a si souvent rappelé.

La situation de violence à laquelle il existe un risque de s’habituer, en considérant comme normal qu’elle fasse l’objet de la chronique quotidienne, doit cesser. Les participants à la réunion ont considéré l’urgence de mettre fin aux guerres actuelles qui ont déjà provoqué d’innombrables victimes. Ils ont dénoncé les violations de toutes parts des normes les plus élémentaires du droit humanitaire international, en faisant particulièrement référence aux souffrances des enfants et des femmes. Malheureusement le trafic d’armes se poursuit sans scrupules et, ce qui est plus grave encore, les personnes font elles-mêmes l’objet du commerce. Après avoir examiné les conséquences de la dramatique situation humanitaire dont souffrent, entre autre, les très nombreux déplacés et réfugiés dans d’autres pays, ils ont souligné la nécessité impérieuse que soit garantie à tous, sans discrimination, l’assistance humanitaire qui leur est due.

Les agissements de certains groupes extrémistes sont source de grave préoccupation, en particulier ceux du fameux « État islamique » dont les violences et les abus ne peuvent pas laisser indifférents. On ne peut pas se taire, et la communauté internationale ne peut pas rester sans rien faire devant le massacre de personnes en raison uniquement de leur appartenance religieuse ou ethnique, devant la décapitation et la crucifixion d’êtres humains sur les places publiques, devant l’exode de milliers de personnes, et la destruction de lieux de culte. Les participants à la rencontre ont rappelé qu’il est licite d’arrêter l’agresseur injuste, toujours dans le respect du droit international. Toutefois, on ne peut pas confier la résolution du problème à la seule réponse militaire ; celui-ci doit être abordé plus profondément à partir des causes qui sont à l’origine et qui sont exploitées par l’idéologie fondamentaliste. Les responsables religieux, chrétiens et musulmans, devraient jouer un rôle important en collaborant pour favoriser le dialogue et l’éducation à la compréhension mutuelle, et en dénonçant clairement l’instrumentalisation de la religion pour justifier la violence.

Devant le drame de tant de personnes qui ont été brutalement contraintes à laisser leurs maisons, les participants ont redit la nécessité de reconnaître le droit des chrétiens et des autres groupes ethniques et religieux à rester sur leur terre d’origine et, s’ils ont été contraints à émigrer, leur droit d’y retourner dans des conditions de sécurité appropriées, en ayant la possibilité de vivre et de travailler dans la liberté et avec des perspectives d’avenir. Dans les circonstances actuelles, cela demande tant l’engagement des gouvernements intéressés que celui de la communauté internationale. Des principes fondamentaux sont en jeu tels que la valeur de la vie, la liberté religieuse et la coexistence pacifique et harmonieuse entre les personnes et entre les peuples.

Il n’est pas possible de se résigner à penser au Moyen-Orient sans les chrétiens qui, depuis deux mille ans, y confessent le nom de Jésus. Ils veulent continuer à contribuer au bien de la société, en étant insérés comme citoyens à part entière dans la vie sociale, culturelle et religieuse des nations auxquelles ils appartiennent. Ils y jouent un rôle fondamental en tant qu’artisans de paix, de réconciliation et de développement. Il a été rappelé l’importance de l’action des fidèles laïcs dans la vie sociale et politique, et donc la nécessité de leur assurer une formation adéquate en ce qui concerne aussi la doctrine sociale de l’Église.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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