Children praying

ZENIT - Photo HSM

Moyen-Orient : le choix de la guerre multiplie la souffrance de la population

Print Friendly, PDF & Email

« Un Moyen-Orient sans chrétiens n’est plus le Moyen-Orient, puisque les chrétiens participent avec les autres croyants à l’identité si particulière de la région », met en garde Mgr Gallagher

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Au Moyen-Orient, la communauté internationale a la responsabilité « d’agir pour prévenir de nouveaux crimes », de « promouvoir la paix, le dialogue » et « de mettre un terme au trafic d’armes » car « le choix de la guerre multiplie la souffrance de la population », souligne Mgr Gallagher.

Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les rapports avec les États, est intervenu à la Conférence internationale « Chrétiens au Moyen-Orient : quel avenir ? » (“Christians in the Middle East: What Future?”), promue par la Communauté Sant’Egidio à Bari, le 1er mai 2015.

Menaces sur le Moyen-Orient

Déplorant « les atrocités inouïes » perpétrées au Moyen-Orient contre les chrétiens et minorités, il a exprimé la « vive préoccupation » du Saint-Siège en rappelant les nombreux appels du pape ainsi que ses initiatives : rencontre au Vatican avec les nonces apostoliques en Égypte, en Terre sainte, en Jordanie, en Irak, en Iran, au Liban, en Syrie et en Turquie du 2 au 4 octobre 2014 ; consistoire ordinaire pour le Moyen-Orient, le 20 octobre 2014 ; lettre aux Chrétiens du Moyen-Orient, à Noël.

Il a mis en garde contre la disparition du Moyen-Orient lui-même et de sa tradition « de cohabitation entre les divers groupes ethniques et religieux » : « un Moyen-Orient sans ou avec peu de chrétiens n’est plus le Moyen-Orient, puisque les chrétiens participent avec les autres croyants à l’identité si particulière de la région ».

La présence chrétienne est en effet importante non seulement « pour la vie de l’Église » mais aussi « pour le développement de la société » : « ils accomplissent un rôle de premier plan au service du bien commun à travers l’éducation, le soin des malades, l’assistance sociale; ils sont artisans de paix, de réconciliation et de développement ».

« En collaboration avec les membres d’autres religions », et « sans tomber dans la tentation de chercher à se faire protéger par les autorités politiques ou militaires », ils sont appelés à « offrir une contribution irremplaçable » à leurs sociétés, a ajouté l’archevêque.

Conditions pour stopper l’exode chrétien

Mgr Gallagher a énuméré les conditions pour stopper l’exode chrétien : en premier lieu, il faut l’action de la communauté internationale pour « faire face à l’urgence humanitaire » en « alimentation, eau, logement, éducation, travail et soins médicaux » et garantir « des conditions minimes de sécurité pour les minorités ».

A long terme, il faut garantir le respect des droits humains, en particulier « la liberté religieuse et de conscience, qui inclut la liberté de changer de religion » et le droit à « vivre dans la dignité et la sécurité dans son pays ». Les chrétiens ne doivent pas être « seulement tolérés » mais « considérés comme des citoyens à part entière ».

En outre, la communauté internationale a la responsabilité « d’agir pour prévenir de nouveaux crimes », de « promouvoir la paix », « le dialogue », et « d’arrêter le trafic d’armes » car « le choix de la guerre multiplie la souffrance de la population ».

Pour promouvoir la paix dans le monde musulman, l’archevêque préconise deux axes : « affronter le phénomène du terrorisme avec des contrôles sur les enseignements dans les mosquées et écoles », en mettant « une certaine limite à diverses expressions provocatrices en Occident » ; « faire mûrir la nécessité de distinguer » religion et politique, qui doivent avoir « une autonomie réciproque », dans « la collaboration ».

Rôle de l’Église et des religions

« Toute l’Église peut s’engager en faveur des chrétiens de la région, en les soutenant par la prière et par toutes sortes d’initiatives », a poursuivi Mgr Gallagher : « Toute l’Église a la responsabilité de soutenir par tout moyen possible nos frères chrétiens qui confessent leur foi au Moyen-Orient et de les encourager à continuer à être une présence significative pour le bien de toute la société. »

Les leaders religieux juifs, chrétiens et musulmans ont aussi « un rôle indispensable pour favoriser le dialogue interreligieux et interculturel » ainsi que « l’éducation à la compréhension réciproque ». Ils sont aussi appelés à « dénoncer clairement l’instrumentalisation de la religion pour justifier la violence ».

L’archevêque a conclu en signalant une donnée nouvelle sur les chrétiens du Moyen-Orient : « à côté de la diminution des fidèles des Églises d’antique tradition, on note l’augmentation du nombre des chrétiens en recherche de travail provenant d’autres pays, surtout d’Asie ». Il a invité à « faire plus attention à cette nouvelle présence chrétienne » et à « aller à leur rencontre avec sensibilité pastorale et accueil ».

« Les Pères de l’Église disaient que le sang des martyrs est semence de nouveaux chrétiens. Je formule le vœu qu’avec l’aide du Seigneur, la souffrance de tant de nos frères porte des fruits de bien pour l’avenir des chrétiens dans la région », a-t-il conclu.  

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel