« Mon sang est la vraie boisson » : Homélie du dimanche 20 août, par le p. Cantalamessa

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ROME, Vendredi 18 août 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

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Evangile de Jésus Christ selon saint Jean 6, 51-59

Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi. Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Voilà ce que Jésus a dit, dans son enseignement à la synagogue de Capharnaüm.

© AELF

Mon sang est la vraie boisson

« Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui ».

Dans ce passage de l’évangile nous poursuivons la lecture du chapitre six de Jean. L’élément nouveau est que Jésus ajoute le discours sur le vin au discours sur le pain, il ajoute l’image de la boisson à celle de la nourriture, le don de son sang à celui de sa chair. Le symbolisme eucharistique atteint son sommet et parvient à son accomplissement.

Pour comprendre l’Eucharistie il est essentiel de partir des signes choisis par Jésus. Le pain est signe de nourriture, de communion entre ceux qui le mangent ensemble ; à travers le pain, tout le travail humain parvient sur l’autel et est sanctifié. Nous nous posons la même question en ce qui concerne le sang. Que signifie et qu’évoque pour nous le mot sang ? Il évoque en premier lieu toute la souffrance présente dans le monde. Si donc à travers le signe du pain, tout le travail humain parvient sur l’autel, à travers le signe du vin, c’est toute la souffrance humaine qui y parvient ; elle y parvient pour être sanctifiée et recevoir un sens et une espérance de rachat grâce au sang de l’Agneau immaculé, auquel il est uni comme les gouttes d’eau mélangées au vin dans le calice.

Mais pourquoi Jésus a-t-il choisi le vin pour désigner son sang ? Seulement en raison de la similitude de couleur ? Que représente le vin pour les hommes ? Il représente la joie, la fête ; il ne représente pas tant ce qui est utile (comme le pain) que ce qui est agréable. Il n’est pas fait seulement pour boire mais pour trinquer. Jésus multiplie les pains pour le besoin des personnes mais à Cana il multiplie le vin pour la joie des convives. L’Ecriture parle du « vin qui réjouit le coeur de l’homme (…) et le pain qui fortifie le coeur de l’homme » (Ps 103 [104], 15).

Si Jésus avait choisi, pour l’Eucharistie, le pain et l’eau, il n’aurait indiqué que la sanctification de la souffrance (« pain et eau » sont en effet synonymes de jeûne, d’austérité et de pénitence). En choisissant le pain et le vin il a également voulu indiquer la sanctification de la joie. Ce serait tellement beau si nous apprenions à vivre également les joies de la vie, de manière eucharistique, c’est-à-dire en rendant grâce à Dieu. La présence et le regard de Dieu ne voilent pas nos vraies joies, au contraire ils les intensifient.

Mais le vin, outre la joie, évoque également un problème grave. Dans la deuxième lecture nous écoutons cette mise en garde de l’Apôtre : « Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche. Laissez-vous plutôt remplir par l’Esprit Saint ». Il suggère de combattre l’ivresse du vin par « la sobre ivresse de l’Esprit », une ivresse par une autre.

Il existe aujourd’hui de nombreuses initiatives de désintoxication pour les personnes souffrant de problèmes d’alcoolisme. Elles tentent de mettre à profit tous les moyens proposés par la science ou la psychologie. On ne peut que les encourager et les soutenir. Celui qui croit ne devrait pas cependant négliger les moyens spirituels, qui sont la prière, les sacrements et la parole de Dieu. Dans l’ouvrage Récits d’un pèlerin russe, on peut lire cette histoire vraie. Un soldat esclave de l’alcool et menacé de licenciement se rend auprès d’un saint moine et lui demande ce qu’il devrait faire pour vaincre son vice. Celui-ci lui recommande de lire chaque soir, avant de se coucher, un chapitre de l’évangile. Il se procure un évangile et commence à le faire consciencieusement. Cependant, au bout d’un certain temps, il se rend à nouveau auprès du moine, et désolé, lui dit : « Père, je suis trop ignorant et je ne comprends rien à ce que je lis ! Donnez-moi autre chose à faire ». Il lui répond : « Continue seulement à lire. Toi, tu ne comprends pas mais les démons comprennent et tremblent ». Il obéit et fut libéré de son vice. Pourquoi ne pas essayer ?

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ZENIT Staff

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