Migration et solidarité dans la foi

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Droits et devoirs

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Le cardinal Veglio indique deux exigences de la « civilisation » lorsque l’on parle de migrations : « La dignité de chaque personne exige protection, dans le droit fil de celle due aux droits fondamentaux de l’homme. La même chose doit être dite pour les devoirs, que tous doivent assumer pour garantir la sécurité, le développement et la paix réciproque ».

Le cardinal Antonio Maria Veglio, président du Conseil pontifical de la pastorale pour les migrants et les personnes ne déplacement, a présenté cette allocution ce 29 janvier, lors d’un symposium sur « Migration et solidarité dans la foi », organisé au siège romain de la Communauté de Sant’Egidio.

La rencontre est promue par l’ambassade de Roumanie près le Saint-Siège et elle a été l’occasion de remettre au cardinal Veglio  les insignes Commandeur de l’Ordre national « Etoile de Roumanie ».

Migration et solidarité dans la foi

S.Em. Card. Antonio Maria Vegliò, Président

Conseil pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement

Monsieur l’Ambassadeur,

Cher Président de la Communauté de Sant’Egidio,

Excellences, chers hôtes, mesdames et messieurs,

C’est avec plaisir que j’ai accueilli l’invitation à participer à ce symposium, centré sur le thème « Migration et solidarité dans la foi » et durant lequel, avec gratitude, je serai heureux de recevoir  « L’Etoile de la Roumanie », la distinction de votre Ordre national. Je tiens à vous exprimer dès à présent les sentiments de joie que suscite ce geste que le gouvernement de Roumanie, à travers ma personne, adresse au Saint-Siège, et qui confirme, en particulier, son grand respect  pour le Saint-Père.

Aujourd’hui nous avons tous conscience de vivre dans un monde d’une part toujours globalisé et, de l’autre, profondément marqué par les diversités culturelles, sociales, économiques, politiques et religieuses, comme nous le montrent, chaque jour, des faits divers qui soulèvent des interrogations sur le phénomène complexe des migrations.

Il est certain que ce phénomène ne saurait être vu d’un simple point de vue statistique et socio-économique. D’abord parce que les migrations sont en effet une réalité qui touche des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et des personnes âgées. Hélas, il n’est pas rare de voir qu’ « à la place d’un pèlerinage animée par la confiance, par la foi et par l’espérance – écrit le Saint-Père Benoît XVI dans son Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié de cette année – migrer devient alors un « calvaire » pour survivre, où des hommes et des femmes apparaissent davantage comme des victimes que comme des acteurs et des responsables de leur aventure migratoire. Ainsi, alors que certains migrants atteignent une bonne position et vivent de façon digne, en s’intégrant correctement dans le milieu d’accueil, beaucoup d’autres vivent dans des conditions de marginalité et, parfois, d’exploitation et de privation de leurs droits humains fondamentaux, ou encore adoptent des comportements nuisibles à la société au sein de laquelle ils vivent ».

La Roumanie, ces dernières décennies, a été elle aussi confrontée à bien des problèmes migratoires. Depuis 1989 surtout, le pays vit un dépeuplement progressif, résultat de l’effet combiné entre un bas niveau de natalité et un taux d’émigration élevé. Par ailleurs, au lendemain du premier janvier 2007, avec l’entrée du pays dans l’union européenne, beaucoup de travailleurs roumains ont commencé à frapper aux portes du marché européen, souvent comme main-d’œuvre peu qualifiée et à bas coût. On estime ainsi qu’environ trois millions de roumains travaillent à l’étranger, notamment en Espagne, en Italie, en Irlande et en Allemagne.

Et puis à côté des déplacements en règle, il y a les vagues d’immigrations irrégulières. Et même si la Roumanie a adopté des contre-mesures efficaces pour endiguer ces vagues, le phénomène reste une préoccupation dans la mesure, surtout, où y sont favorisés la prolifération et le développement des réseaux terroristes et du crime organisé transnational, le flux continu des réfugiés et le trafic de drogue, la violation des règles en vigueur et l’augmentation des crimes spécifiques de frontière, au détriment surtout des personnes les plus vulnérables.

Dans ce cadre complexe, la dignité de chaque personne exige protection, dans le droit fil de celle due aux droits fondamentaux de l’homme. La même chose doit être dite pour les devoirs, que tous doivent assumer pour garantir la sécurité, le développement et la paix réciproque. Afin de mener à bien ce parcours de civilisation, il est de plus en plus nécessaire que les politiques d’expatriation et d’accueil soient reformulées et s’accompagnent de plans de solidarité concordés, de manière à ce que le phénomène soit géré dans un esprit aussi de prévention. En effet, l’analyse de l’histoire des migrations montre qu’un accueil progressif et ordonné, respectueux mais pas naïf, fait émerger d’un côté le sens humanitaire de la solidarité et de l’hospitalité, de l’autre il augmente le potentiel de la production dans le domaine économique, enrichit les échanges sociaux et prépare un terrain fécond pour une correcte intégration.

Les migrants sont donc une ressource, s’il existe bien entendu une bonne gestion de tous les aspects d’un accueil correct pour eux, permettant surtout de combattre le plus efficacement possible le travail des organisations criminelles qui font du trafic et de la contrebande d’être humains.

Tous ceux qui ont la charge de gouverner, ceux-là spécialement, sont appelés à agir en faisant des projets, pour déterminer et réaliser des modèles d’intégration et de cohésion, en agrégeant toutes les forces sociales, culturelles, éducatives, institutionnelles et ecclésiales qui en ont les compétences.

Les migrations actuelles poussent donc l’humanité entière et, en particulier, les communautés chrétiennes, vers une vision et un engagement toujours plus universels : de tout temps et partout, un sain pluralisme élargit le cadre de la solidarité et du sens fraternel, s’enracinant dans la conscience que « la principale ressource de l’homme … c’est l’homme lui-même », comme  écrit le Bienheureux Jean Paul II dans l’encyclique Centesimus annus (n. 32).

Merci, Monsieur l’Ambassadeur. Qu’à travers vous, mes plus sincères salutations parviennent aux Autorités de Roumanie et à tout le peuple roumain, aux personnes qui vivent dans leur patrie et à celles qui vivent à l’étranger, et leur soient transmis tous mes sentiments de franche sympathie et de gratitude pour la distinction que j’ai aujourd’hui l’honneur de recevoir. Merci.

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Antonio Maria Veglio

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