Mgr Sgreccia soutient le moratoire sur l’avortement

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Ce n’est pas un retour en arrière mais un pas en avant, affirme-t-il

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ROME, jeudi 10 janvier 2008 (ZENIT.org) – Le président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Elio Sgreccia, soutient la proposition de moratoire sur l’avortement lancée par un journaliste italien et appelle de ses vœux un changement d’attitude dans tous les pays où est pratiquée l’interruption volontaire de grossesse. « Cette vague en faveur du droit à la vie ne s’arrêtera pas », déclare-t-il. 

L’idée d’un moratoire sur l’avortement a été lancée par le directeur du quotidien italien « Il Foglio », Giuliano Ferrara, non catholique. L’Inde, par l’intermédiaire du cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay, ainsi que la Corée, ont déjà exprimé leur soutien à cette initiative (cf. AsiaNews.it et Zenit du 9 janvier). 

« Malgré quelques protestations et accusations de retour au passé, étant donné la soi-disant ‘intangibilité’ de la loi, cette vague en faveur du droit à la vie ne s’arrêtera pas et nous devons tout faire pour qu’elle s’affirme en Italie et dans le monde », affirme Mgr Sgreccia dans une réflexion envoyée à Zenit. 

Le président de l’Académie souligne que c’est à l’Italie que l’on doit le lancement du moratoire sur la peine de mort « parti d’une initiative laïque et catholique » et qui a « été jugé favorablement à l’Assemblée des Nations unies », ainsi que cette « nouvelle réflexion sur l’avortement ». 

« Que personne ne tue Caïn ! ». Mgr Sgreccia rappelle que « c’est avec cette parole biblique qu’est partie la première protestation victorieuse en faveur de la vie de qui se serait rendu coupable de délits même graves ». Le deuxième slogan « que le sang d’Abel ne soit plus versé », se réfère en revanche à « l’exigence du droit à la vie de tout être innocent ». 

Mgr Sgreccia est confiant. « Il s’agit avant tout d’une question de justice », explique-t-il. 

« Personne – ceci a été dit et répété par des laïcs possédant une réelle notoriété – n’a le droit de supprimer une autre personne humaine et s’il est juste de respecter la vie du coupable, que celle de l’innocent soit également, et plus encore, respectée ». 

Et il s’agit également d’une « exigence de la paix », a ajouté Mgr Sgreccia. 

« La première paix, celle qui se base sur la justice (opus iustitiae pax), est celle qui respecte la vie, arrête la main du bourreau et bloque aussi l’acte qui arrache à la vie un enfant innocent qui attend de naître ». 

« Le premier ‘non’ à la guerre est la décision de qui respecte la vie et de qui aide à respecter le droit à la vie. Il sera plus facile ensuite d’enseigner le respect de l’innocence, de la fragilité des enfants et des malades graves, il sera plus facile de respecter l’environnement qui est la maison et le patrimoine des générations futures et de tout citoyen, et de fournir une explication logique à ce respect », explique l’évêque italien. 

La troisième raison, « plus concrète encore », est celle « de l’économie et de la survie démographique de nos populations occidentales », souligne Mgr Sgreccia. 

Le premier « capital » dont l’économie a besoin, explique-t-il, est constitué par le « capital humain », comme « l’ont écrit des prix Nobel d’économie tels que Beker ». 

« L’Europe subit un déclin démographique et est à risque sur le plan économique. Nous devons remercier les immigrés qui dans une certaine mesure font ralentir ce déclin », ajoute Mgr Sgreccia. 

Le président de l’Académie pontificale pour la vie explique qu’il « manque des millions de personnes dans le secteur de la productivité, car, seulement en Italie, ces 30 dernières années », avec la loi sur l’avortement en vigueur, « près de 5 millions d’individus ont été supprimés par l’avortement ». 

Parmi les raisons justifiant cette nouvelle réflexion sur l’avortement, Mgr Sgreccia relève également « un devoir envers la science qui porte à modifier la loi, non seulement parce que celle-ci ne définit pas la viabilité du fœtus de manière adéquate, mais parce que la science confirme que l’être humain est un individu humain dès le moment de sa conception ». 

« Il y a des raisons contraignantes pour qui raisonne avec la tête, avec le cœur, avec la conscience et aussi avec l’économie », souligne-t-il. 

Reprenant l’argument des défenseurs de l’avortement – « la liberté de la femme, l’autonomie de la mère » – le président de l’Académie pontificale pour la vie répond : « Nous savons – tout le monde le sait – que pour la femme, l’avortement est une souffrance et un échec de sa maternité ». 

Mgr Sgreccia encourage à aider les femmes à « accueillir librement et de manière responsable la vie de leur enfant », pour leur bien. Car « la vraie liberté est celle qui respecte le bien de tous, adultes et enfants à naître ». 

« Par ailleurs, ajoute-t-il, supprimer la vie c’est ôter les racines de la liberté de celui qui est supprimé. C’est là le moment où la loi peut et doit encourager l’utilisation responsable de la liberté ». 

« Il ne s’agit pas d’un retour en arrière mais d’un pas en avant : de même qu’a été combattu l’esclavage, la discrimination entre blancs et noirs ou entre riches et pauvres, il faut continuer à reconnaître le droit à la vie… pour les enfants à naître et les enfants nés, les coupables et les innocents », explique-t-il. 

Mgr Sgreccia conclut en citant un discours de Jean-Paul II à l’Académie pour la vie, puis un discours de Benoît XVI. 

En 2001, Jean-Paul II affirmait : « La vie vaincra : pour nous, cela est une espérance certaine. Oui, la vie vaincra, car la vérité, le bien, la joie, le véritable progrès sont du côté de la vie. Dieu, qui aime la vie et la donne avec générosité, est du côté de la vie » (3 mars 2001). 

Et en février 2006, Benoît XVI déclarait : « L’amour de Dieu ne fait pas de différence entre celui qui vient d’être conçu et se trouve encore dans le sein de sa mère, et l’enfant, ou le jeune, ou bien encore l’homme mûr ou âgé. Il ne fait pas de différence, car en chacun d’eux il voit l’empreinte de sa propre image et ressemblance (cf. Gn 1, 26)… Cet amour infini et presque incompréhensible de Dieu pour l’homme révèle jusqu’à quel point la personne humaine est digne d’être aimée en elle-même, indépendamment de toute autre considération ».

Gisèle Plantec

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ZENIT Staff

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