Mgr Jin Luxian, évêque patriotique chinois : c´est la foi qui fait l´unité

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L´évêque explique qu´il est dans une situation délicate, « entre l´épée et le mur »

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ROME, mardi 1er mai 2001 (ZENIT.org/AVVENIRE) – Mgr Aloysius Jin Luxian, évêque « patriotique » de Shangai a accueilli le journaliste venu l´interroger avec la traditionnelle hospitalité chinoise, chez lui, dans les dépendances de la cathédrale de Saint Ignace, dans le quartier de Xujihaui.

Ami du chrétien démocrate italien Giulio Andreotti et de nombreux politiciens et hommes d´Eglise, d´autres pays, Mgr Luxian a été formé par les jésuites en Italie, dans les années 40. Il rentra dans son pays après la victoire du parti communiste chinois et fut arrêté immédiatement.

« Les autorités se demandaient pourquoi, alors que d´autres tentaient d´obtenir un visa de sortie du pays, moi je faisais l´inverse. Elles se disaient que j´avais une mission : celle de subvertir le gouvernement qui venait d´arriver au pouvoir », expliqua-t-il.

Mgr Jin Luxian passa 27 ans en prison. Il sortit en 1978 après l´arrivée au pouvoir de Deng Xiaoping. Les autorités locales le surveille de très près étant donnée la position délicate qu´il occupe dans l´Eglise « officielle ».

Q : L´Eglise de Shangai jouit-elle d´une certaine liberté ?

Mgr Aloysius Jin Luxian : Il est vrai qu´au moins ici, à Shangai, nous sommes libres de pratiquer notre foi et je dois dire que même dans les endroits les plus reculés, on respecte davantage l´Eglise que dans les années passées.

Q : Mais la Chine reste communiste ?

Mgr Aloysius Jin Luxian : Absolument!

Q : On dirait qu´ici à Shangai il ne reste pas grand chose du communisme…

Mgr Aloysius Jin Luxian : Il s´agit d´un marxisme à la chinoise. Le libre marché existe. Je sais que c´est une contradiction de parler de libre marché dans un pays communiste. Nous avons un système communiste sans démocratie, tout comme à Singapour ils ont un système capitaliste sans démocratie.

Q : Parlez-nous de vos relations avec le Saint-Siège sur le plan théologique et sur le plan politique.

Mgr Aloysius Jin Luxian : Dans la foi et la morale, nous sommes rigoureusement fidèles aux directives du pape. Sur le plan politique, l´absence de relations diplomatiques entre le Vatican et la Chine nous pose de graves difficultés. Il est évident que l´Eglise chinoise ne peut pas soutenir Taiwan comme le fait en revanche officiellement le Saint-Siège.

Q : Que faudrait-il faire pour arriver à une pleine communion avec le pape ?

Mgr Aloysius Jin Luxian : La foi. Nous prions pour le pape pendant les messes, nous recevons régulièrement ses encycliques et ses lettres apostoliques, les livres édités par l´Eglise. Il y a également aujourd´hui la télévision et le courrier électronique qui nous permettent de garder un contact quotidien avec le Vatican.

Q : L´an dernier le Cardinal Etchegaray est venu à Shangai. Quelles ont été les conséquences de sa visite ?

Mgr Aloysius Jin Luxian : Le Card. Etchegaray, une personne avec un grand charisme, est arrivé à un moment difficile. Les relations entre Pékin et le Saint-Siège étaient extrêmement tendues à cause de la canonisation des martyrs chinois. J´ai eu une conversation privée très amicale avec le cardinal, mais autour de nous le climat était très tendu.

Q : Le Vatican a affirmé que le problème lié à la date de canonisation des martyrs n´avait pas été voulu.

Mgr Aloysius Jin Luxian : Tout ça est passé maintenant. Nous devons penser à l´avenir. Nous sommes entre l´épée et le mur. Si nous adoptons une position conciliatrice avec les autorités, nous sommes considérés « Eglise patriotique » et par conséquent éloignés de la ligne du pape; inversement, s´il y a des problèmes entre Pékin et le Vatican, le gouvernement restreint notre liberté.

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ZENIT Staff

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