Mgr de Monléon présente les congrès de la Miséricorde : Lisieux, Cracovie

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Publication des Actes du congrès de Lyon 2008

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ROME, Mardi 15 décembre 2009 (ZENIT.org) – « Miséricorde. Approches pastorales et interreligieuses » (Parole et Silence/Lethielleux) : c’est le titre du livre qui rassemble les Actes du premier congrès national français de la Miséricorde qui s’est tenu à Lyon-Valpré les 4 et 5 octobre 2008. Le congrès avait deux axes principaux, la pastorale de la Miséricorde (comment éveiller, en particulier, des familles, des jeunes, à la Miséricorde ?), et la dimension interreligieuse.

A l’occasion de la publication de ces actes, et en préparation au congrès de Lisieux (19-21 février 2010) Mgr Albert-Marie de Monléon, évêque de Meaux, revient sur ces événements nouveaux dans l’Eglise que sont les congrès internationaux et nationaux de la Miséricorde. Mgr de Monléon est coordinateur national des congrès de la Miséricorde en France.

Zenit – Mgr de Monléon, vous étiez à Łagiewniki en 2005, à Rome en 2007, à Lyon en 2008 : quels sont les grands axes qui caractérisent cette trajectoire spirituelle à la fois ancienne et pourtant si nouvelle dans l’Eglise? Quelle progression voyez-vous entre ces trois rendez-vous avec la Miséricorde ?

Mgr de Monléon – La progression que je constate c’est un approfondissement, une diffusion et un intérêt croissants pour la Miséricorde dans le monde. De très nombreux groupes, paroisses, mouvements sur tous les continents découvrent la Force et la Joie de la Miséricorde et réalisent de plus en plus que la Miséricorde est au cœur du message chrétien.

Le Congrès de Rome, du 2 au 6 avril 2008, a rassemblé des personnes venues du monde entier. Ce Congrès, parce qu’il se tenait à Rome, par la présence de nombreux cardinaux et évêques, par sa célébration à l’occasion du 3e anniversaire de la mort de Jean-Paul II, par la participation de tant de pèlerins venus de tous les continents, a permis de prendre conscience que l’attention à la Miséricorde divine était déjà largement répandue et s’inscrivait au cœur de l’Église universelle. La Miséricorde « est sortie » du cadre simplement dévotionnel où l’on risque parfois de la cantonner. La réflexion, les enseignements de Jean-Paul II et de Benoît XVI, les nombreuses interventions, articles et ouvrages sur la Miséricorde manifestent l’ampleur de la portée théologique, ecclésiologique et pastorale de la Miséricorde.

Zenit – Votre intervention à Lyon – que l’on peut lire in extenso dans le livre – est centrée sur la pastorale de la miséricorde : est-ce que finalement la miséricorde n’est pas la condition de toute pastorale en même temps que sa forme « normale » ?

Mgr de Monléon – Il est indispensable d’avoir une approche pastorale élargie de la Miséricorde et réciproquement de nourrir la pastorale des apports de la réflexion sur la Miséricorde. Miséricorde et pastorale s’appellent l’une l’autre, car elles sont la manifestation, l’appropriation de la vie même de Jésus pour tout croyant. Comme l’écrivait le pape Jean-Paul II : « Le Christ est la révélation et l’incarnation de la Miséricorde du Père. » (La Mission du Christ Rédempteur, n° 12).

J’avais personnellement été interpellé par ce qu’avait souligné Jean-Paul II, en 2002, lors de son voyage apostolique en Pologne quand il disait qu’il soutenait d’une manière toute particulière les évêques qui encourageaient les efforts « pour créer et mettre en place un programme pastoral de la miséricorde : que ce programme constitue un engagement, tout d’abord dans la vie de l’Église et, comme cela est nécessaire et opportun, également dans la vie sociale et politique de la nation, de l’Europe et du monde » (Jean-Paul II, Cracovie, Parc Blonia, 18 août 2002).

Zenit – Le cardinal Barbarin a pour sa part souligné que la miséricorde est un « pont, un lieu de dialogue entre les différentes religions ». De quelle manière peut-on vivre cela en tant que catholique ?

Mgr de Monléon – Dans l’appropriation par chaque fidèle de la Miséricorde de Dieu, l’intelligence et le cœur s’ouvrent, permettant d’entrer dans une compréhension intérieure et juste des autres religions en considérant ce qu’elles peuvent avoir de meilleur c’est-à-dire le sens de la Miséricorde. De plus, pour des chrétiens, la Miséricorde Divine ouvre aussi à une attention, une bienveillance envers des personnes d’autres religions sans les enfermer dans des clichés réducteurs.

Zenit – Entre Rome et Lisieux il y aura eu la crise économique et financière mondiale dont les effets se ressentent encore. Mgr de Berranger insiste sur le lien entre « miséricorde et solidarité » : quelles leçons concrètes pour notre vie quotidienne ?

Mgr de Monléon – C’est une forme de Miséricorde que de ne pas se laisser emporter par la société de consommation, le gaspillage, le mépris de notre environnement naturel. Ce que nous pouvons aussi vivre c’est le soutien aux personnes, aujourd’hui très nombreuses, atteintes par la crise.

« Le Christ nous a indiqué les multiples voies de la miséricorde, qui ne pardonne pas seulement les péchés, mais répond également à toutes les nécessités de l’homme. Jésus s’incline sur toute forme de pauvreté humaine, matérielle et spirituelle. Son message de miséricorde continue de nous atteindre à travers le geste de ses mains tendues vers l’homme qui souffre. C’est ainsi que l’a vu et l’a annoncé aux hommes de tous les continents Soeur Faustine, qui, cachée dans son couvent de Lagiewniki, à Cracovie, a fait de son existence un chant à la miséricorde », nous a dit le pape Jean-Paul II à la Chapelle Papale pour la canonisation de la Bienheureuse Maria Faustine Kowalska, Place Saint Pierre, le dimanche 30 avril 2000.

Zenit – Une autre dimension évoquée à Lyon a été le sacrement de réconciliation : est-ce que Mgr Aumônier n’a pas donné ainsi une clef de l’année sacerdotale ? Autrement dit, l’année de prière pour et avec les prêtres ne doit-elle pas aussi être l’occasion pour les prêtres et les fidèles de redécouvrir le bonheur d’aller puiser la miséricorde « au confessionnal » ?

Mgr de Monléon – C’est dans le sacrement de la réconciliation que l’on fait le plus l’expérience de la Miséricorde de Dieu. Parce que le prêtre est le ministre privilégié de la Miséricorde nous découvrons par là un aspect très beau et déterminant de son sacerdoce. De plus, en donnant au prêtre d’exercer ce ministère de la Réconciliation on lui permet d’expérimenter lui aussi le don extraordinaire que le Christ lui a fait d’être associé à son unique Sacerdoce qui est Miséricorde.

Zenit – Cette trajectoire passera en 2010 par Lisieux, et trois jours à l’école de sainte Thérèse : pourquoi Lisieux ? Qu’en attendez-vous ?

Mgr de Monléon – Il y a plusieurs raisons convergentes à la fois pratiques et spirituelles : Lisieux, avec la Petite Thérèse, est un lieu de grâce qui attire. Le Sanctuaire a les capacités d’accueillir un grand nombre de personnes. Thérèse et sainte Faustine sont d’une particulière actualité dans le monde présent. L’une et l’autre nous enseignent l’immense confiance que l’on doit avoir en Dieu, Père de Miséricorde. On vient aussi à Lisieux pour confier les multiples soucis et souffrances qui nous environnent. Par l’intercession de Louis et Zélie Martin, de Thérèse, de Faustine, chacun peut tout remettre au Seigneur et repartir réconforté, renouvelé. On y fait l’expérience de ce que disait Benoît XVI « la miséricorde de Dieu, source d’espérance pour chaque homme et pour le monde entier » (6 avril 2008).

Zenit – Une animation sp
éciale sera prévue pour les enfants (4-13 ans), pour les adolescents (14-17 ans) et pour les jeunes (18-25), et avec la participation de « Glorious » : c’est une « première » que cette présence des enfants et des jeunes dans les congrès de la Miséricorde ?

Mgr de Monléon – Oui, effectivement. La Miséricorde comme la charité est inventive et pratique, mais surtout elle s’adresse à tous, petits et grands. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, enfant, adolescente, jeune adulte a vécu un chemin d’abandon de plus en plus radical et mûri à la Miséricorde Divine. Celle-ci peut être accueillie et comprise à tout âge. Le pape Benoît XVI ne disait-il pas aux jeunes, à Cologne, en 2006, lors des Journées Mondiales de la Jeunesse : « Ouvrez les portes de votre liberté à son amour miséricordieux ! Exposez vos joies et vos peines au Christ, le laissant illuminer de sa lumière votre intelligence et toucher de sa grâce votre cœur ! En ces jours bénis de partage et de joie, faites l’expérience libératrice de l’Eglise comme le lieu de la miséricorde et de la tendresse de Dieu envers les hommes ! C’est en elle et par elle que vous rejoindrez le Christ, qui vous attend. »

Zenit – Le rendez-vous international de 2011 (1er-5 octobre 2011) sera à nouveau à Cracovie, au sanctuaire consacré par Jean-Paul II – qui devrait alors être bienheureux, si l’on en croit les espérances du cardinal Dziwisz. Qu’est-ce qui caractérisera ce retour auprès de sainte Faustine ?

Mgr de Monléon – Je pense à ce retour comme à un approfondissement des perspectives géniales et lumineuses de Jean-Paul II qui a mis la Miséricorde au cœur de son pontificat et fait connaître, en béatifiant puis en canonisant sainte Faustine, la Miséricorde à l’Eglise et pour notre temps.

Rappelons-nous le message du pape Jean-Paul II au Parc Blonia, à Cracovie, le 15 juin 1999 : « Transmettez aux générations futures le message de la Miséricorde Divine, qui s’est complu à choisir cette ville pour se manifester au monde. Au terme du vingtième siècle, le monde semble plus que jamais avoir besoin de ce message. Apportez-le aux temps nouveaux, comme germe d’espérance et gage de salut ». (…) « Tournant le regard vers le sanctuaire de Łagiewniki, je rends grâce à Dieu d’avoir voulu choisir l’Église de Cracovie comme témoin particulier de la Miséricorde. Je vous prie, mes frères et sœurs, de porter la Miséricorde à tous ceux qui en ont besoin. Soyez apôtres de la Miséricorde Divine. Soyez-le maintenant et dans le millénaire nouveau. Que Dieu vous bénisse ».

Propos recueillis par Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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