Mgr Bertone explique les nouvelles normes du droit pénal de l´Eglise

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A propos du document ‘Sacramentorum sanctitatis tutela’

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CITE DU VATICAN, Jeudi 10 janvier 2002 (ZENIT.org) – Mgr Tarcisio Bertone, Secrétaire de la congrégation pour la Doctrine de la foi, présente au micro de Radio Vatican le document ‘Sacramentorum sanctitatis tutela’, sur la protection de la sainteté des sacrements de l´Eucharistie et de la Réconciliation (cf. ZF020109). Ce document concerne le droit pénal de l´Eglise. Mgr Bertone y souligne « la sainteté de l´idéal de la mission sacerdotale » et que la « diffamation » ne peut pas faire oublier la vie « exemplaire » de la « quasi totalité » des ministres des sacrements. Il rappelle aussi que certains délits concernent tous les fidèles.

RV – Quel est le but de ce document?
Mgr Bertone – Il s´agit d´éviter , et par conséquent de condamner et de sanctionner les profanations des Saintes Espèces eucharistiques, ou bien la célébration illicite de ce sacrement, par exemple, la soi-disant « consécration » à but sacrilège d´une seule Espèce, ou des deux Espèces en dehors de la célébration du sacrement; ou bien aussi la concélébration avec des personnes, avec des ministres du culte de confessions qui n´ont pas la succession apostolique et qui ne reconnaissent pas le caractère sacramentel de l´Ordre sacré, et par conséquent celui de l´Eucharistie: il s´agit par conséquent d´une concélébration interdite, et considérée comme un délit par l´Eglise.

RV – Ce document sanctionne des comportements qui sont considérés comme des délits graves du point de vue moral et pénal et qui sont réservés à la compétence de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. A côté du sacrement de l´Eucharistie, l´Eglise veut aussi défendre la sainteté du sacrement de la Réconcilitation qui suppose une relation plus personnelle du ministre avec les fidèles…
Mgr Bertone – Ici, l´on touche le problème de l´absolution du complice d´un comportement gravement immoral: la sollicitation au péché – et non à la conversion, à la vocation à la sainteté! – dans le cadre du sacrement, et aussi la violation directe du sceau du secret sacramentel de la confession, qui est un « canon », une obligation rigoureuse dans la tradition de l´Eglise. Ces nouvelles normes qui concernent ces comportements illicites, se fondent sur une tradition de l´Eglise, et innovent sur certains points, comme sur la détermination précise des délits, parce qu´en matière de droit pénal, même dans le domaine du droit de l´Eglise, il faut être extrêmement précis, et l´interprétation est une interprétation très étroite des normes juridiques. Le document innove aussi pour ce qui concerne la prescription des délits et donc la possibilité de procès, qui est doublée par rapport à la prescription antérieure du code. Par exemple, pour ce qui concerne le comportement gravement illicite qui consiste dans l´abus d´un ministre sur un mineur de 18 ans, la prescription commence à être comptée à partir de la 18e année du jeune.

RV – Voilà donc le cadre des délits considérés comme gravissimes et des normes adoptées pour préserver la sainteté des sacrements et de la mission du ministre des sacrements. Est-ce parce que ces délits se font actuellement plus fréquents?
Mgr Bertone – Je dirais qu´il y a deux raisons. Je ne dirais pas que ces délits soient plus répandus. Certainement on a vu surgir des cas de comportements gravement illicites de la part de ministres sacrés. Mais on sait aussi que ces cas sont grossis par les moyens de communication sociale et par conséquent ils font plus scandale que par le passé (…). Mais à côté de cet aspect, le véritable motif est la révision des normes et leur mise à jour à la lumière de la promulgation des deux codes de droit canon revus par l´Eglise, celui de l´Eglise latine et celui des Eglises orientales. Dans le cadre de cette nouvelle sensibilité juridique, on a prêté attention aussi à la protection des droits des personnes parce que dans ce contexte, interviennent différents faisceaux de droits.

RV – Il y a évidemment le droit des personnes, des victimes de ces délits et de leurs familles. Ils doivent être garantis parce que les victimes, les fidèles chrétiens, ont droit aux sacrements, à la sainteté du prêtre. Et il y a le droit de la communauté chrétienne qui souffre gravement du scandale et de la diffamation alors que ces délits sont limités à l´action de certaines personnes. Mais il y a aussi le droit de la défense de l´accusé, parce que l´accusé ne perd pas sa dignité en tant que personne et continue à jouir de droits fondamentaux. Il y a aussi un droit au respect de la vie privée des personnes, en particulier des victimes et de leurs familles, c´est ce qui explique que le déroulement du procès est préservé par le secret pontifical, aussi pour ce qui concerne les accusés. Rappelons aussi la miséricorde de l´Eglise: lorsqu´une personne se convertit, se repent, et demande pardon, l´Eglise accorde le pardon au Nom du Christ. Par conséquent, il s´agit de faire respecter les droits de tous, et en même temps le devoir de la réparation. Mais qu´en est-il pour ce qui est des offenses aux Saintes Espèces, des profanations des hosties consacrées, par exemple, pour des rites sataniques?
Mgr Bertone – Hélas, ce sont des faits établis et qui attristent beaucoup l´Eglise parce que l´Eucharistie est un grand don, un grand mystère, celui de la présence de « Dieu-avec-nous », et c´est vraiment un comportement incompréhensible que la profanation, l´offense à cette présence. Là, ces nouvelles normes concernent, non seulement les ministres, mais tous les fidèles, quelle que soit la personne qui profane les Espèces eucharistiques: elle peut être poursuivie et jugée pour cette grave profanation du mystère eucharistique.

RV – Mais récemment, le scandale est venu de cas de pédophilie, qui ont aussi jeté une ombre injustifiée sur tant de prêtres…
Mgr Bertone – Exactement. Comme je le disais précédemment, hélas, il y cette diffamation, qui touche aussi la communauté chrétienne, et même le ministère sacerdotal qui est offensé par le comportement d´un petit nombre de personnes, d´un petit nombre de ministres, tandis que la quasi totalité des ministres se comporte de façon exemplaire. Il suffit de voir combien de ministres sacrés sont élevés à la gloire des autels et sont présentés comme des modèles de sainteté, surtout les éducateurs. Et il faut par conséquent réaffirmer la mission, la sainteté de l´idéal de la mission sacerdotale, de la vocation sacerdotale, confirmer les fidèles dans leur confiance en leurs prêtres, surtout les pasteurs d´âmes, les curés, les éducateurs… Je désire reconfirmer la pleine confiance dans les grandes congrégations qui ont accompli aux siècles passés et continuent d´accomplir aujourd´hui leur action éducative auprès de millions de jeunes, et ceci rend encore plus triste le comportement d´un petit nombre de ministres, d´éducateurs qui trahissent leur vocation et leur mission.

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ZENIT Staff

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